Etre Israélien et vivre en Palestine ?
Depuis que l’infatigable John Kerry s’accroche à un règlement durable avec les Palestiniens, la passion en Israël l’emporte sur la raison, les débats s’animent, les divergences s’approfondissent, et la coalition risque de tomber.
Tandis que l’Autorité palestinienne menace d’une nouvelle Intifada et préfère obtenir de la communauté internationale un Etat sur un plateau d’argent, ici, à Jérusalem, on se creuse les méninges pour garantir à la fois la création d’un Etat palestinien et une sécurité absolue pour l’Etat juif.
Depuis les Accords d’Oslo signés entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat en septembre 1993, nombreuses ont été les formules pour garantir la coexistence entre les deux peuples, mais à ce jour aucune ne fut appliquée à la lettre ; les différents accords ont tous été voués à l’échec. Les raisons sont multiples car le conflit est complexe et les Palestiniens refusent tout compromis. Ils exigent le retrait d’Israël de tous les Territoires, le retour des réfugiés de leur diaspora et Jérusalem comme capitale. Trois exigences auxquelles la majorité écrasante des Israéliens s’oppose très justement.
L’avenir des résidents israéliens en Judée et Samarie demeure sans doute l’un des points essentiels de discorde. Quelle serait la meilleure solution pour les 650 000 Israéliens vivant au-delà des lignes d’armistice de 1949 ? Pour Netanyahou, il est impensable de les déraciner de leurs foyers, comme l’a fait Ariel Sharon maladroitement et sans pitié. Si les Palestiniens acceptent le principe de la coexistence et d’une paix viable dans un Etat démilitarisé, pourquoi ne pas maintenir le statu quo ? Les trois grands blocs d’implantation (Ariel, Goush Etzion, Maalé Adoumim) seront toujours en territoire israélien (3% seulement de la Cisjordanie). Tandis que les autres implantations isolées, notamment celles installées dans la vallée du Jourdain, seront sous souveraineté palestinienne. La logique est simple : en Israël vivent plus d’un million d’Arabes israéliens qui préfèrent vivre en minorité dans l’Etat juif. Pourquoi donc les Juifs israéliens n’ont-ils pas le droit de vivre dans leur propre patrie, soit dans la partie Est d’Eretz Israël, dans les villes et villages de leurs ancêtres ? Bien évidement, il existe de nombreuses questions sécuritaires et administratives à régler, mais pourquoi ne pas étudier sérieusement cette formule pour connaître les intentions réelles de nos voisins ?
Depuis que Netanyahou a lancé ce ballon d’essai, les réactions fusent de partout. Les Palestiniens y sont évidement opposés et préfèrent comme leur dirigeant Mahmoud Abbas que leur futur Etat soit Judenrein – sans Juifs. En Israël, à droite comme à gauche, les avis sont partagés, plusieurs observateurs pensent qu’il s’agit d’une idée utopique et non-réalisable. Que faire ? Pour l’instant, personne n’a de meilleure solution.
Enfin, soyons clairs : les Palestiniens obtiendront un Etat si les Israéliens le souhaitent vraiment. Tant que la méfiance réciproque demeure et que les menaces sont omniprésentes, l’Etat palestinien ne verra pas le jour, en dépit des efforts de Kerry et du diktat des Européens !
Freddy Eytan