Discours du Premier ministre Benjamin Nétanyahou à l’ONU
Assemblée générale de l’ONU – 22 septembre 2023
Traduction et adaptation en français-Freddy Eytan
Mesdames et messieurs,
Il y a plus de trois millénaires, Moïse, notre grand prophète biblique a déclaré que le destin du peuple hébreu serait déterminé par un choix crucial, entre la bénédiction ou la malédiction. Comment sortir de ce dilemme qui nous poursuit au fil des siècles.
Aujourd’hui, nous devrions choisir entre la bénédiction d’une paix historique, fondée sur une vie prospère et un ferme espoir ou être condamnés à subir la malédiction des horreurs de la guerre, des vagues de terrorisme et sombrer dans le désespoir.
Il y a cinq ans, devant cette honorable tribune, j’avais lancé un avertissement concernant la malédiction du régime tyrannique de Téhéran. Les ayatollahs ont choisi de porter malheur à leur propre peuple, à la région et au monde entier. Toutefois, je m’étais aussi exprimé ainsi sur la bénédiction qui se profilait déjà à l’horizon.
Je cite : « La menace commune de l’Iran a, plus que jamais, rapproché Israël à de nombreux États arabes – une formidable amitié sans précédent dans les annales du conflit. Puis j’ai précisé : et le jour bientôt viendra où Israël élargira le cercle de la paix avec nos voisins au-delà de l’Égypte et de la Jordanie »
Je me suis entretenu avec d’innombrables dirigeants arabes et lors de ces entretiens, je leur ai dit que nous avons de nombreux intérêts en commun. Que je suis convaincu que cela pourra faciliter la paix dans toute la région.
Nombreux étaient sceptiques à l’époque. Mon optimisme n’était pour eux qu’un vœu pieux. Un pessimisme basé sur un quart de siècle de bonnes intentions et de processus de paix à chaque fois brisé, saboté. Les négociations aboutissaient toujours à un échec. Pourquoi ? Parce que ces intentions étaient fondées sur une idée erronée, l’idée selon laquelle il fallait d’abord parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens, sans quoi, aucun État arabe ne pourrait normaliser ses relations avec Israël.
Cela fait longtemps que je tente de faire la paix avec les Palestiniens. Néanmoins, je suis également convaincu que nous ne devons pas donner aux Palestiniens un droit de veto sur les nouveaux traités de paix susceptibles d’être conclus entre Israël et les États arabes.
Les Palestiniens pourraient tirer de grands bénéfices d’une paix globale. Ils doivent faire partie de ce processus. Je pense que faire la paix avec un plus grand nombre d’États arabes renforcera les perspectives d’une paix entre Israël et les Palestiniens.
Les Palestiniens représentent 2 % seulement du monde arabe. Tant qu’ils seront convaincus que les 98 autres pour cent sont en guerre contre Israël, ils continueront à penser qu’ils pourront avec le monde arabe étouffer et détruire l’État juif.
Ainsi, quand les Palestiniens verront que la majorité des pays arabes s’est réconcilié avec l’État juif, alors ils finiront, eux aussi, par abandonner ce fantasme, cette folie de détruire Israël et ainsi ils pourront s’engager dans la voie de la paix, une paix pérenne, authentique, avec Israël.
Pendant des années, mon approche de la paix a été rejetée par ceux que l’on appelle les « experts » – eh bien, ils avaient tort.
Dans le cadre de leur stratégie, nous n’avons pas conclu un seul accord en un quart de siècle.
Mais en 2020, avec l’approche que je prônais, nous avons tenté quelque chose de différent et très rapidement, nous avons accompli des avancées remarquables. Nous avons conclu quatre traités de paix en collaboration avec les États-Unis. Quatre accords de paix en quatre mois avec quatre États arabes : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
Les Accords d’Abraham représente un vrai tournant historique. Nous constatons en effet toutes les bénédictions qui découlent de ces accords. Le commerce et les investissements sont en plein essor. Nos nations coopèrent dans tous les secteurs et domaines : commerce, énergie, eau, agriculture, médecine, climat etc…
Près d’un million d’Israéliens ont visité les Émirats arabes unis au cours de ces trois dernières années. Cela ne s’est jamais produit durant plusieurs décennies. Ils peuvent survoler la péninsule arabique pour se rendre vers des diverses destinations : en Inde, en Extrême-Orient, ou en Australie.
Les Accords d’Abraham ont aussi contribué un autre changement spectaculaire. Ils ont rapproché les Juifs et les Musulmans.
Nous pouvons le constater dans les fréquents mariages juifs à Dubaï ; dans la consécration d’un rouleau de la Torah dans une synagogue de Bahreïn ; chez les touristes qui viennent en masse au musée du Judaïsme marocain à Casablanca. Nous le constatons dans les cours d’étude sur la Shoah suivis par des élèves arabes aux Émirats arabes unis. Nul le doute, les Accords d’Abraham ont réussi à créer une nouvelle lueur de paix.
Dans ce contexte, je pense que nous sommes à l’aube d’une percée, une avancée qui sera encore plus spectaculaire : un accord de paix historique avec l’Arabie saoudite.
Cette paix pourra mettre un terme au conflit entre les Arabes et les Israéliens. Elle encouragera d’autres États arabes à normaliser leurs relations avec Israël. Elle renforcera aussi les perspectives de paix avec les Palestiniens. Elle encouragera une réconciliation encore plus grande entre le judaïsme et l’islam, entre Jérusalem et la Mecque, entre les descendants d’Isaac et les descendants d’Ismaël.
Ces changements seront des bénédictions extraordinaires.
Il y a deux semaines, nous avons assisté à une autre bénédiction : Lors de la conférence du G20, le président Biden, le Premier ministre indien Modi et des dirigeants européens et arabes ont annoncé un projet visionnaire, titanique : un corridor qui s’étendra de la péninsule arabique à Israël. Il connectera l’Inde à l’Europe par des liens maritimes, des liaisons ferroviaires, des oléoducs, des câbles optiques.
Ce corridor fera disparaître les goulots d’étranglement et diminuera de manière considérable les coûts des produits, des communications et de l’énergie pour plus de deux milliards de personnes.
Un changement historique pour mon pays ! Vous voyez sur cette carte, la terre d’Israël est située dans un carrefour entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Pendant des siècles, mon pays a été envahi par des empires qui le traversaient dans le cadre de leurs campagnes de pillages et de conquêtes. Mais aujourd’hui, alors que nous abattons les murs de l’hostilité et de la haine, Israël peut devenir un pont de paix et de prospérité entre tous les continents.
La paix entre Israël et l’Arabie saoudite va véritablement créer un nouveau Moyen-Orient. (Nétanyahou explique devant une carte l’ampleur de la transformation depuis 1948, l’année de l’établissement d’Israël.)
Il y a quelques années, je me suis tenu ici, à cette tribune, avec un marqueur rouge pour souligner une grande malédiction, celle d’un Iran nucléarisé. Mais aujourd’hui, j’ai repris ce marqueur pour souligner, cette fois, la formidable bénédiction, celle d’un Moyen-Orient nouveau et prospère avec Israël, l’Arabie saoudite et nos autres voisins arabes.
C’est un changement extraordinaire dans le temps et dans l’espace, un changement monumental, un tournant fantastique dans l’Histoire.
Et avec l’élargissement du cercle de la paix, je pense qu’une voie réelle vers une paix authentique avec les Palestiniens peut enfin être possible. Toutefois, et il faut le dire avec force : La paix ne peut se réaliser que si elle est sincère et se base sur la vérité. Elle ne peut se baser sur des mensonges. Elle ne peut être fondée sur le dénigrement sans relâche du peuple juif.
Le leader palestinien Mahmoud Abbas doit cesser de propager des théories de complot antisémites, des théories horribles, sur le peuple juif et sur l’État juif. Il a encore récemment déclaré qu’Hitler n’était pas un antisémite. C’est évidemment insensé, mais c’est bien ce qu’il a dit.
L’Autorité palestinienne doit cesser de glorifier les terroristes. Elle doit mettre un terme à sa politique macabre de payer des tueurs à gages, d’offrir des salaires à chaque auteur d’attentat et à sa famille dont l’objectif odieux est de tuer des Juifs. C’est scandaleux. Il faut y mettre un terme définitif pour que la paix puisse l’emporter.
Il faut rejeter la bête immonde à chaque fois qui lève la tête. Combattre sans relâche l’antisémitisme partout, à gauche ou à droite, dans les campus des universités ou dans les couloirs des Nations-Unies.
Pour que la paix l’emporte, les Palestiniens doivent cesser d’alimenter la haine anti-juive et ils doivent enfin se réconcilier avec l’État juif. Pour réaffirmer non seulement l’existence de l’État juif mais aussi du droit des Juifs à avoir un État bien à eux dans leur foyer historique, la Terre d’Israël.
Le peuple d’Israël aspire à une paix réelle, viable. J’aspire moi-même à cette paix.
Quand j’étais jeune soldat, mes camarades et moi-même, alors que nous servions dans les rangs des forces spéciales de commandos nous étions confrontés à des dangers mortels sur de nombreux fronts, sur de nombreux champs de bataille. De l’eau tiède du Canal de Suez jusqu’aux versants glacés du mont Hermon, des rives du Jourdain jusqu’au tarmac de l’aéroport de Beyrouth.
Ces expériences et tant d’autres m’ont enseigné le prix de la guerre.
Un camarade soldat a été tué près de moi. Un autre est mort dans mes bras. J’ai enterré mon frère aîné Yoni.
Tous ceux qui ont personnellement subi la malédiction de la guerre sont les plus aptes à apprécier la bénédiction de la paix. Il y a de nombreux obstacles sur la voie de la paix. Il y a de nombreuses haies à franchir sur cette noble voie qui mène à la paix.
Je suis pleinement déterminé à faire tout mon possible pour pouvoir franchir ces obstacles, pour créer un meilleur avenir pour Israël et pour tous les peuples de la région.
Il y a deux jours, j’ai discuté de cette vision de la paix avec le président Biden. Nous partageons le même optimisme concernant ce qui pourra être accompli. Et j’apprécie profondément, de mon côté, sa promesse de se saisir de cette opportunité historique.
Les États-Unis d’Amérique sont indispensables dans cet effort noble de la paix.
Tout comme nous avions réalisé les Accords d’Abraham sous le leadership du président Trump, je suis convaincu que nous pouvons faire la paix avec l’Arabie saoudite sous le leadership du président Biden.
En travaillant ensemble avec le leadership du prince héritier Mohammed Ben Salmane, nous pouvons façonner un meilleur avenir pour nos peuples, un avenir marqué par de grandes bénédictions.
Toutefois, mesdames et messieurs, sachez qu’il y a une ombre dans le tableau que je viens de vous brosser : les fanatiques ayatollahs d’Iran feront tout ce qui est en leur pouvoir pour saboter cette paix historique. L’Iran dépense des milliards pour armer ses groupes et milices terroristes. L’Iran continue à étendre le champ des activités terroristes au Moyen-Orient, en Europe, en Asie, en Amérique du sud et même en Amérique du nord. Les Iraniens ont même tenté d’assassiner le secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique. Ils ont même tenté d’assassiner le Conseiller à la sécurité nationale des États-Unis d’Amérique.
L’Iran continue à menacer les voies internationales de transport maritime, à enlever des ressortissants étrangers en exigeant des rançons et surtout à marchander et à faire chanter avec le nucléaire. Au cours de l’année passée, les pasdarans ont tué des centaines de courageux citoyens iraniens, et ils ont arrêté des milliers de personnes.
Les programmes de drone et de missiles balistiques de l’Iran menacent Israël et nos voisins arabes. Et les drones iraniens continuent de semer la terreur et la destruction au sein de la population innocente de l’Ukraine.
Pourtant, les agressions du régime suscitent largement l’indifférence au sein de la communauté internationale.
Il y a huit ans, les puissances occidentales avaient promis que si l’Iran violait l’accord sur le projet nucléaire, les sanctions seraient remises en place.
Eh bien, l’Iran viole l’accord sur le nucléaire. Mais les sanctions n’ont pas été imposées. Cette politique doit changer pour stopper les folles ambitions nucléaires de l’Iran.
Les sanctions doivent être remises en place et mettre l’Iran au pied du mur pour qu’il sache qu’il sera confronté à une menace militaire crédible. Tant que je serai Premier ministre d’Israël, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme atomique.
De la même manière, nous devons soutenir tous les hommes et les femmes en Iran, tous ceux qui méprisent ce régime et qui aspirent à la liberté, tous ceux qui descendent courageusement dans les rues de Téhéran et d’autres villes en affrontant la mort.
Ce sont les Iraniens et non leurs oppresseurs qui sont de réels partenaires pour un avenir meilleur.
Mesdames et messieurs,
Que notre avenir s’avère être une bénédiction ou une malédiction dépendra également de la façon dont nous allons gérer la nouvelle révolution inimaginable des temps modernes, celle de l’intelligence artificielle.
La révolution de l’intelligence artificielle progresse à la vitesse de l’éclair. Il a fallu des siècles pour que l’Humanité s’adapte à la révolution agricole.
Il a fallu des décennies pour que l’Humanité s’adapte à la révolution industrielle.
Les périls sont grands et ils sont devant nous : le bouleversement de la démocratie, la manipulation des esprits, la destruction des emplois, la prolifération du crime et le piratage de tous les systèmes qui facilitent la vie moderne. Et plus perturbant encore, l’éruption potentielle de guerre motivées par l’IA qui pourraient atteindre une échelle inimaginable.
Derrière cela, il y a peut-être une menace plus grande encore, qui appartenait jusqu’à présent au domaine de la science-fiction : que des machines dorénavant autonomes puissent, à terme, contrôler les humains, inversant le rapport de force.
Les grandes nations du monde, même si elles sont en concurrence les unes contre les autres, doivent s’attaquer à ces dangers. Nous devons le faire rapidement et nous devons le faire ensemble. Nous devons garantir que la promesse de l’utopie de l’intelligence artificielle ne se transformera pas en une dystopie de l’IA.
Nous avons tant à gagner. Imaginez la bénédiction que serait de déchiffrer – enfin – les codes génétiques, ce qui permettrait de la vie humaine de plusieurs décennies et de réduire de manière spectaculaire les ravages du vieillissement. Imaginez des soins de santé taillés sur mesure selon la génétique des individus et une médecine qui saurait prédire une maladie bien avant qu’elle ne se développe.
Imaginez des robots qui aideraient à prendre en charge les personnes âgées.
Imaginez la fin des embouteillages avec des véhicules autonomes terrestres, souterrains ou aériens.
Imaginez une éducation personnalisée susceptible d’exploiter le potentiel individuel de chaque être humain pendant toute sa vie.
Imaginez un monde où les énergies propres et où les ressources naturelles seraient illimitées pour toutes les nations.
Imaginez une agriculture de précision, des usines automatisées qui proposeraient des produits alimentaires et des biens en abondance, mettant un terme au calvaire de la faim et répondant pleinement aux besoins.
Je suis bien conscient que tout cela ressemble à une chanson de John Lennon – (Imagine des Beatles) mais cela pourrait bien arriver. Imaginez que nous pourrions mettre un terme au manque – ce qui a échappé à l’Humanité tout au cours de son Histoire. Tout cela est à notre portée. Plus encore, avec l’intelligence artificielle, nous pouvons explorer les cieux de manière inédite et élargir l’Humanité au-delà de notre planète bleue.
Pour le meilleur ou pour le pire, les avancées de l’intelligence artificielle seront pilotées par une poignée de nations. Et mon pays, Israël, fait partie de ces nations.
Tout comme la révolution technologique israélienne a apporté au monde des innovations à couper le souffle, j’ai la certitude que l’intelligence artificielle développée par Israël aidera, une fois encore, toute l’Humanité.
J’appelle les dirigeants du monde à s’unir pour façonner ces grands changements qui s’annoncent et à le faire de manière responsable et éthique.
Notre objectif doit permettre à l’intelligence artificielle d’apportera plus de liberté et non la restreindre, qu’elle empêchera les guerres au lieu de les déclencher, et qu’elle garantira une vie plus longue, une meilleure santé ; une vie plus productive, une vie pacifique pour les individus. C’est à notre portée. Alors que nous exploiterons toute la puissance de l’intelligence artificielle, gardons toujours à l’esprit la valeur irremplaçable de l’intuition et de la sagesse humaines. Chérissons et préservons la capacité à l’empathie de l’être humain, qu’aucune machine ne saura remplacer.
Il y a des milliers d’années, Moïse avait présenté aux enfants d’Israël un choix éternel, universel : « choisir entre la bénédiction et la malédiction ». Puissions-nous faire un choix sage. Mobilisons avec courage et détermination pour éloigner la malédiction d’un Iran nucléaire et pour faire reculer son fanatisme et ses agressions.
Faisons émerger les bénédictions d’un Moyen-Orient qui transformera des terres autrefois déchirées par les conflits et le chaos en champs de prospérité et de paix.
Repoussons ensemble les dangers de l’intelligence artificielle en combinant les forces de l’intelligence de l’être humain et de la machine pour ouvrir la voie à un avenir brillant dans notre monde, celui d’aujourd’hui et pour les générations à venir.