Des observateurs étrangers sur le Mont du Temple

wikipedia-ben-david_expertLe 16 octobre 2015, l’ambassadeur de France aux Nations Unies François Delattre a déposé un projet de texte devant le Conseil de sécurité de l’ONU appelant à installer des observateurs internationaux sur le Mont du Temple de Jérusalem.

Une source bien informée a déclaré au Figaro : « Il s’agit de mettre en place des observateurs indépendants capables d’identifier d’éventuelles violations du statu quo. » (1)

Le Premier ministre Benjamin Nétanyahou a fermement rejeté cette nouvelle incursion diplomatique française. Lors du Conseil des ministres hebdomadaire réuni le 18 octobre dernier, Nétanyahou a déclaré : « Il est étonnant que dans le projet français aucune mention ne figure sur l’incitation palestinienne à la haine, ni sur la dernière vague du terrorisme palestinien qui déferle dans le pays, et pourtant, malgré tout, la France ose appeler à l’internationalisation du Mont du Temple. »

Et Nétanyahou de préciser : « Nous avons déjà vu comment les Lieux saints du Moyen-Orient sont traités. Comment des extrémistes musulmans détruisent des mosquées, des sites chrétiens, des sites du patrimoine universel et des sites juifs. »(2)

Justement, cette semaine encore, nous avons vu comment des Palestiniens ont incendié et détruit le Tombeau de Joseph à Naplouse.

Soulignons que durant la période d’avant la guerre des Six Jours, de 1949 à 1967, tous les observateurs des Nations-Unies chargés de superviser les Lieux saints juifs de Jérusalem ont honteusement échoué dans leurs missions. Comment la France peut-elle gommer ce sombre passé ? Cet échec cuisant n’a-t-il pas servi d’avertissement à cette nouvelle initiative ?

Les observateurs de l’ONU ont totalement échoué dans leur mission

La trêve imposée par les Nations-Unies juste après la Guerre d’Indépendance d’Israël fut garantie par une mission de maintien de la paix (l’ONUST). Elle a été officiellement créée par la résolution 50 du Conseil sécurité de l’ONU le 29 mai 1948.

Le 11 Août 1949, la Résolution 73 de l’ONU a exigé que l’ONUST soit responsable de « l’observation et du maintien du cessez-le-feu et l’armistice. »

Dans l’Accord d’armistice, signé entre la Jordanie et Israël le 3 avril 1949,(3) nous pouvons lire sur la « reprise du fonctionnement normal des institutions culturelles et humanitaires sur le mont Scopus et le libre accès à celui-ci ; le libre accès aux Lieux saints et aux institutions culturelles et l’utilisation du cimetière sur le mont des Oliviers… »

L’ONUST a totalement échoué dans sa mission, et ce durant plus de 19 ans.(4)

Soulignons surtout les points suivants :

  • Les institutions culturelles et humanitaires sur le Mont Scopus – Université hébraïque et de l’hôpital Hadassah – ont été fermées.
  • Il n’y avait pas d’accès aux Lieux saints juifs, et en particulier au Mur des Lamentations (Mur Occidental). De vieilles synagogues du quartier juif furent rasées.
  • Le cimetière juif était non seulement interdit aux Juifs, mais il fut sauvagement profané. Ses pierres tombales ont été utilisées comme pavés.(5)
  • De nombreuses routes et un hôtel ont été construits au sommet et sur d’anciennes tombes.(6)

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Tombes juives profanées sur le Mont des Oliviers

Rappelons que l’ONUST maintient toujours son siège à Jérusalem, bien qu’elle ne joue aucun rôle d’observateur en Israël. Certaines de ses fonctions ont évolué : les observateurs militaires de l’ONUST sont « aujourd’hui attachés à la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement sur les hauteurs du Golan (FNUOD), la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), les forces de paix.»

La Présence internationale temporaire à Hébron (TIPH) est une mission d’observation internationale créée en 1997 pour offrir aux Palestiniens d’Hébron « un sentiment de sécurité. » Cette mission comprend 180 membres venus de Norvège, d’Italie, du Danemark, de Suède, de Suisse et de Turquie.

Nous constatons aujourd’hui encore que les observateurs de l’ONUST comme ceux du TIPH n’ont aucune utilité sur le terrain.

Dans ce contexte, et à la lumière de l’expérience du passé, il est clair que cette nouvelle initiative française est bien incongrue, déplacée dans le temps et dans l’espace.

Lenny Ben David

* * *

Notes

(1) Le Figaro« Jérusalem: la France réclame des Observateurs sur l’esplanade des lieux saints », le 16 octobre 2015.

(2) Ha’aretz« Netanyahou: Israël rejette le projet français sur le Mont du Temple », 18 Octobre 2015.

(3) Accord d’armistice israélo-jordanien, 3 avril 1949.

(4) « Profanation des Lieux saints», Jérusalem Post, le 16 novembre 1961. Ce jour là, la ministre des Affaires étrangères, Golda Meir, déclare à la Knesset que le gouvernement a des informations précises concernant la profanation de la tombe de Rachel et le cimetière du Mont des Oliviers. Elle avait lancé un appel pressant à l’ONU pour que la Jordanie honore le paragraphe 8 de l’Accord d’armistice prévoyant l’accès aux Lieux saints juifs.

Voir aussi Nadav Shragai, « la Tombe de Rachel, un Lieu saint juif, qui n’a jamais été une mosquée »,  JCPA- CAPE, 8 novembre 2010.

(5) Nadav Shragai, «Le Mont des Oliviers à Jérusalem», 28 juillet 2009, JCPA-CAPE.

(6) Mark Tessler, Une histoire du conflit israélo-palestinien, Université Indiana, 1994. John Oesterricher, un pasteur chrétien souligne dans cet ouvrage : « au cours de la domination jordanienne, 34 des 35 synagogues de la Vieille Ville ont été dynamitées. Certaines ont été transformées en écuries, d’autres en poulaillers. Plusieurs milliers de pierres tombales ont été prises du cimetière du mont des Oliviers pour servir à la construction et comme pavés. »

 


Pour citer cet article :

Lenny Ben David, « Des observateurs étrangers sur le Mont du Temple », Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/des-observateurs-etrangers-sur-le-mont-du-temple/