Des Islamistes pour «sauver» Jérusalem
La détérioration de la situation sécuritaire à Jérusalem est indissociablement liée aux turbulences qui frappent le Moyen-Orient, mais surtout à la bataille que mènent les Frères musulmans et les djihadistes pour « sauver » l’esplanade des Mosquées [le mont du Temple]. La stratégie de la confrérie vise à fédérer tous les mouvements islamiques de la région autour de l’idée d’un grand califat musulman avec la mosquée Al-Aqsa en son cœur.
Lors de la dernière opération israélienne à Gaza, la confrérie islamique a incité les musulmans européens à manifester dans les rues pour imposer l’Islam sur le continent chrétien. Aujourd’hui, les Islamistes utilisent la campagne « Sauver Jérusalem » pour mobiliser les millions de musulmans vivant en Europe.
Le chef du Bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, a appelé le peuple palestinien et toutes les nations musulmanes à « défendre Jérusalem et al-Aqsa contre les crimes de l’occupant sioniste ».
Le premier appel pour libérer al-Aqsa a été lancé pour la première fois par le chef spirituel des Frères musulmans, Sheikh Yousouf al-Qaradawi, installé à Doha. Il a lancé cet appel en février 2011, immédiatement après le départ du président Moubarak, et suite aux gigantesques manifestations place Tahir au Caire. Par la suite, il publia un ouvrage intitulé Jérusalem : Le devoir de chaque musulman.
Cheikh Qaradawi a appelé à « inonder » Jérusalem de pèlerins afin de préserver son caractère musulman et à contrer la « judaïsation de la ville sainte ». Toutefois, il pense que la visite touristique de Jérusalem est interdite aux musulmans tant que la ville sera sous occupation israélienne, et il précise : « Jérusalem ne doit être libéré que par la force ».
L’un des représentants du mouvement islamique en Israël, Sheikh Raed Salah, a déclaré que « Jérusalem sera la capitale du califat islamique qui verra le jour prochainement. »
En observant les sites internet du Hamas et de la confrérie musulmane, nous constatons que depuis le départ de Mohamed Morsi du pouvoir, et la répression des Frères musulmans en Egypte, les appels se multiplient pour semer la discorde à Jérusalem.
Le Qatar joue un rôle significatif et finance les différents groupes terroristes tels que « l’Armée d’al-Aqsa » pour justement focaliser l’attention de l’opinion internationale sur Jérusalem. D’ailleurs, la chaîne qatarie al-Jazzera agit dans ce sens.
Le fait que Khaled Mechaal vive au Qatar aide bien entendu les Qataris à réaliser leur objectif sur la question palestinienne et à mobiliser les masses arabes pour manifester dans les rues des capitales européennes.
La focalisation médiatique sur Jérusalem a permis d’exercer des pressions sur les dirigeants du monde arabe et en particulier sur le roi hachémite de Jordanie, Gardien des lieux saints, selon le traité de paix signé avec Israël en 1994.
Le fait que l’Autorité palestinienne ait rejoint la dernière campagne du Hamas a obligé le roi Abdallah à fustiger la politique israélienne sur la question de Jérusalem. Soulignons que le roi hachémite se trouve lui-même en détresse suite à la guerre civile en Syrie et l’émergence de l’organisation de l’Etat islamique.
Durant les deux précédentes Intifada, le Fatah avait pris soin d’écarter Jérusalem du conflit et ne pas transformer la « Révolte populaire » en une guerre de religion.
Aujourd’hui, la situation est bien différente : à Gaza et en Cisjordanie règne un calme relative tandis que des émeutes éclatent quotidiennement à Jérusalem. La raison principale tient à la faiblesse du Fatah et à la montée en puissance des mouvements islamistes tels que le Hamas et le mouvement international Hizb ut-Tahrir, qui prône un califat.
Cette faiblesse du Fatah et de Mahmoud Abbas risque, avec les fonds qataris, d’augmenter l’influence des mouvements djihadistes en Cisjordanie, et en particulier à Ramallah.
Pinhas Inbari