Comment neutraliser la bombe atomique iranienne avec l’Arabie saoudite?

Freddy Eytan

Le grave incident à la frontière égyptienne prouve que la haine islamiste contre les Juifs et Israël est omniprésente au sein des pays arabo-musulmans. La paix entre les peuples demeure froide et fragile malgré les accords de paix et les intérêts géopolitiques. Devant une Amérique insouciante, l’Iran joue un rôle majeur dans la déstabilisation des régimes du Moyen-Orient. Dans ce contexte explosif, le gouvernement israélien devra réviser ses objectifs stratégiques.

Certes, le président Biden, 80 ans, est un ami fidèle de l’Etat d’Israël mais il semble être dépassé par les derniers événements internationaux. Préoccupé par sa réélection, il néglige particulièrement les ambitions hégémoniques de l’Iran et ses menaces de détruire l’Etat juif. Rusés, tricheurs et manipulateurs, les ayatollahs se moquent éperdument des conventions internationales. Plus de 250 milliards de dollars ont été déjà investis uniquement dans le projet nucléaire iranien et tout indique, malgré tous les démentis, que l’Iran enrichie de l’uranium à des fins militaires et s’achemine vers la fabrication de sa première bombe.  

Depuis la révolution islamique de 1979 à ce jour, Israël considère l’Iran comme son ennemi numéro un, tandis que l’Occident laisse faire et tombe à chaque fois dans le piège. En dépit des accords signés, et malgré toutes les sanctions imposées, les ayatollahs offrent des cadeaux empoisonnés et poursuivent leur politique belliqueuse. Le but final demeure le même : sauvegarder le régime et transformer le Moyen-Orient en un empire islamique chiite.

Biden, Mohammed bin Salman

(Bandar Aljaloud/Saudi Royal Palace)

Devant une capitulation morale de l’Occident et de l’administration Biden, en particulier, Israël est renfermé dans un grand dilemme et se pose la même question sempiternelle : « comment devoir agir contre les menaces de l’Iran ?

Ces jours-ci, des consultations   diplomatiques sont entamées dans les capitales européennes et à Washington, une campagne d’information médiatique tente aussi d’épargner les puissances occidentales de faire des concessions supplémentaires et céder aux folles caprices de Téhéran.

Israël s’oppose farouchement à une remise en vigueur de l’accord signé le 14 juillet 2015 à Vienne. Cependant, malgré les assurances de l’Amérique et de l’Europe de « protéger » Israël, de garantir sa sécurité, et de renforcer les inspections des sites par l’AIEA, il semble que le président Biden préfère suivre la politique d’Obama, tout en séparant l’accord sur le nucléaire des activités terroristes des Gardiens de la Révolution et de ne pas sanctionner l’Iran pour son soutien à la Russie dans la guerre en Ukraine. Sur ce point, les positions française et britannique sont plus sévères.

Centrifuges in Natanz

(Atomic Energy Organization of Iran)

Le chef du Mossad, David Barnéa, avait clairement critiqué l’attitude de l’administration Biden en affirmant que « les États-Unis se précipitent dans un accord qui est, en fin de compte fondé sur des mensonges ».

Contrairement à l’administration Trump, le président Biden refuse de déclarer clairement et par avance que l’option militaire contre l’Iran est toujours envisageable, et qu’elle est mise sur la table des opérations de l’état-major.

Le refroidissement des relations avec Washington complique la situation. Stupéfiant que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, reporte sine die une visite prévue à Jérusalem en préférant aller à Ryad. Le jeu enfantin de Biden, la rancune persistante, et son refus d’inviter, sans conditions préalables, le Premier ministre Nétanyahou à la Maison Blanche, pour justement discuter de ces graves problèmes, renforcent encore plus le chantage des ayatollahs. De ce fait, ils peuvent se permette avec leurs milices, de provoquer l’escalade dans notre région, notamment à la frontière israélo-libanaise.

Le Premier ministre Netanyahu avertit les Nations Unies du danger que l'Iran atteigne des niveaux d'enrichissement nucléaire de 90 %, 2012

Le Premier ministre Netanyahu avertit les Nations Unies du danger que l’Iran atteigne des niveaux d’enrichissement nucléaire de 90 %, 2012. (Photo ONU/J Carrier)

Ces dernières années, l’Amérique emploie un double langage. Elle permet à l’Iran de développer des missiles balistiques, de violer quotidiennement tous les droits humanitaires, et elle n’exige plus un contrôle efficace de l’AIEA sur les sites suspects.  

Le retrait apparent des engagements américains inquiète beaucoup Israël mais aussi les alliés fidèles des Etats-Unis comme les Emirats du golfe persique et surtout l’Arabie Saoudite. Sans inspection efficace sur le terrain, les ayatollahs pourront enrichir sans contrainte une grande quantité d’uranium, puis agir librement dans un Moyen-Orient sans parapluie américain. Contre la prolifération nucléaire, le temps est un facteur crucial car il est impossible et dangereux d’attaquer une centrale atomique opérationnelle. La centrale nucléaire irakienne made in France, et le site atomique syrien de fabrication nord-coréenne ont été détruits par Tsahal pour justement éviter un désastre radioactif dans toute la région.

L’Arabie saoudite vient de reprendre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Les Américains et les Français y voient un pas significatif pour relancer le dialogue sur un nouvel accord nucléaire. Déçu de la politique de Biden, l’ambitieux prince héritier, Mohammed Ben Salman, a préféré la Chine comme intermédiaire dans son conflit avec l’Iran. Il souhaite lui aussi d’acquérir une centrale nucléaire à des « fins pacifiques ». L’Amérique et Israël s’y opposent fortement car cela encouragera la prolifération et précipitera toute la région dans une instabilité permanente. Toutefois, Salman n’a pas non plus obtenu de nouvelles armes sophistiquées pour assurer la sécurité de son territoire. En revanche, il pense qu’Israël possède toutes les capacités pour pouvoir lui apporter des gages sécuritaires.

En vérité, Biden serait prêt à satisfaire une grande partie des demandes saoudiennes à condition de les lier à la normalisation avec Israël dans un contexte plus large et dans le cadre de la signature d’un nouveau traité sur le nucléaire avec l’Iran. La réussite de ce deal pourra modifier la donne géopolitique actuel en faveur des Etats-Unis mais il contient de nombreux risques. Israël ne peut accepter un diktat américano-saoudien qui lierait directement une solution rapide et non responsable du problème palestinien. Une nouvelle aventure à l’instar des Accords d’Oslo est à exclure par la coalition de droite d’autant plus que Mahmoud Abbas ne maitrise plus la rue palestinienne, et les leaders du Hamas rejettent tout processus de paix.

Soulignons que les relations diplomatiques avec les pays du Golfe et le Maroc n’ont pas été conditionnées par la reprise des pourparlers avec les Palestiniens ni par un retrait des Territoires. Aujourd’hui, elles sont toujours au beau fixe et bénéfiques pour toutes les parties.

La normalisation avec Ryad est très importante sur tous les plans et domaines mais notre propre sécurité passe avant tout, elle est prioritaire. L’expérience du passé ne peut nous laisser indifférents et les vagues promesses de certains leaders étrangers ne sont guère tenues.

Dans l’attente, des exercices opérationnels sur tous les fronts sont simulés au sein de l’état-major de Tsahal. 40 milliards de shekels supplémentaires sont alloués pour tous les préparatifs de guerre. Israël devra redoubler de vigilance et ne compter que sur lui-même, se préparer à toutes les options pour que les ayatollahs d’Iran ne pourront jamais se doter de l’arme nucléaire.