Combattre le terrorisme sans pitié ni panique
Les attentats meurtriers de ces derniers jours sont très graves et ne peuvent nous laisser indifférents mais rien ne sert de paniquer et donc il faut raison garder. Le terrorisme a pour but justement de semer la panique et la psychose.
Toutefois, notre peuple devrait préserver sa force tranquille et sa résilience. Depuis la nuit des temps, il a subi les pires épreuves de l’humanité, dont l’esclavage et la Shoah, mais grâce à sa foi, sa détermination, et sa persévérance, il a surmonté toutes les catastrophes et relevé les défis en recréant un Etat souverain, fort et indépendant.
Bien entendu, le gouvernement et Tsahal ne peuvent passer à l’ordre du jour sans réagir fermement et prendre des mesures draconiennes pour stopper l’hémorragie causée par le terrorisme palestinien. Une série de mesures ont été déjà appliquées sur le terrain et d’autres sont en cours. Tous les auteurs des attentats sont tôt ou tard arrêtés, punis, ou éliminés.
Cependant, on constate qu’après chaque attentat ou événement grave, chacun ici se transforme soudain en stratège ou en Général en apportant toutes sortes de conseils et remèdes sur la marche à suivre, sans toujours connaître les dossiers et la réalité sur le terrain. Les correspondants militaires bavardent trop et les journalistes politiques savent toujours prédire les pas à suivre. Les membres du gouvernement se précipitent vers les micros sans rien dire de concret, ils devraient plutôt s’occuper de leur propre ministère. En ce qui concerne l’opposition, solidarité oblige. La parole est d’argent mais le silence est d’or, au moment où des soldats se battent avec acharnement.
La cacophonie dans les débats télévisés et radiophoniques dépasse souvent l’entendement. Ce casse-tête permanent est bien inutile et nos ennemis profitent du charivari pour s’instruire et agir.
Le gouvernement devrait donner des consignes et appliquer une stratégie claire avec des objectifs précis. Les manifestations, la colère et la rage des citoyens sont légitimes et compréhensibles mais ce ne sont pas eux qui feront justice ou dicteront au gouvernement les mesures à prendre. Tsahal a le devoir d’assurer la sécurité des citoyens résidant dans les villages de Judée et Samarie ; comme la Police a la responsabilité de garantir l’ordre et la sécurité quotidienne à Tel-Aviv, Haïfa, Beershéva et partout ailleurs dans le pays.
Le Premier ministre et ministre de la Défense Benjamin Nétanyahou (photo Haïm Zach, GPO)
Il n’existe aucune zone différente ou interdite, ni à l’intérieur de la « ligne verte » et ni à « l’extérieur ». L’argument de dire que certaines zones sont des « Territoires sous occupation » ne justifie pas d’attaquer des Juifs. Il s’agit d’un prétexte politique qui figure dans l’esprit de nos ennemis ou de nos détracteurs, ainsi que dans les articles et les reportages de la presse européenne et parfois même israélienne.
Certains osent même justifier des actes terroristes abominables car pour eux il s’agit d’un combat légitime contre des « colons juifs » et leurs « colonies ».
Des propos bien entendu discriminatoires et antisémites contre tous les Juifs qui ont choisi de vivre avec leurs familles au-delà de la « ligne verte ». Pourquoi un Juif n’aurait-il pas le droit d’acheter légalement des terres privées ou une maison et de s’installer dans les territoires de ses ancêtres ? Pourquoi deux poids deux mesures ? Pourquoi chacun peut-il le faire ailleurs ? A Londres, à Paris, à Marrakech ou même en Nouvelle-Calédonie occupée par la France depuis 1853, et à Chypre dont une partie de l’île est occupée par la Turquie depuis 1974.
Voilà plus d’un siècle que nous combattons le fléau du terrorisme palestinien et chaque jour nous déjouons des intentions d’attentats et arrêtons chaque nuit des commanditaires, auteurs et suspects. Grâce aux informations précieuses du Shin Bet de nombreuses attaques terroristes ont été déjouées. Durant cette année 2018 qui s’achève, 2700 suspects, en majorité membres du Hamas, ont été arrêtés et des centaines d’attaques avortées.
Le Hamas est fortement piégé car Tsahal et le Shin Bet suivent de près et minutieusement tous ses mouvements. L’organisation islamiste a perdu sa bataille contre les forces de Tsahal et elle ne réussit pas à briser le siège et sa quarantaine depuis déjà plus de 12 ans. Pour renforcer son influence et son prestige au sein du peuple palestinien, le Hamas souhaite transférer la lutte armée vers la Cisjordanie.
A Hébron ou à Naplouse, des cellules terroristes sont depuis longtemps à ses ordres. Le but est d’enflammer les Territoires et de renverser Mahmoud Abbas pour prendre le pouvoir également à Gaza. Les violents affrontements entre militants du Hamas avec la police palestinienne, et la campagne que mène le Fatah sont des premiers signes d’une véritable guerre de succession qui s’annonce avec éclat juste après le départ du vieux chef palestinien.
Pour l’heure, les derniers attentats meurtriers ne présentent pas une nouvelle vague terroriste comme nous l’avons connue en septembre 2000, lors de la Seconde Intifada. Les actes sont perpétrés surtout dans le secteur de Benjamin et dans la région de Ramallah, par une seule cellule terroriste. Ils ne se propagent pas encore à Jérusalem et surtout à Hébron, bastion des extrémistes, du Fatah, du Djihad et du Hamas.
Les Européens, particulièrement la France, commencent à saisir l’ampleur du fléau du terrorisme, et le danger occulte des Islamistes sur leur propre territoire. Le récent attentat à Strasbourg prouve leur désarroi et impuissance.
Pour nous, il s’agit d’un long et pénible combat qui n’a pas d’issue rapide ni de solution magique. Une force militaire et un bon service de Renseignement pourront réduire considérablement les attentats. La démolition de maisons des auteurs, leur expulsion à l’étranger, et des arrestations administratives peuvent aussi dissuader de commettre des actes, mais ne suffisent pas pour éradiquer complètement le fléau. Le problème est surtout politique et dépend des leaders palestiniens qui encouragent et manipulent leur population.
Ils devraient changer leur idéologie et leur narratif antisioniste et antisémite.
Freddy Eytan
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Pour citer cet article
Freddy Eytan, « Combattre le terrorisme sans pitié ni panique », Le CAPE de Jérusalem, publié le 16 décembre 2018: http://jcpa-lecape.org/combattre-le-terrorisme-sans-pitie-ni-panique/