Code de conduite dans la jungle du Moyen-Orient

Freddy Eytan

Dans l’Histoire contemporaine de la diplomatie deux notions servaient de base dans la vision de l’ordre international : détente et Realpolitik.  

Toutefois, sans l’application d’un code de conduite, le rapprochement entre l’Est et l’Ouest pendant la guerre froide devenait quasiment impossible.  

En 1969, Henry Kissinger a voulu mettre un terme à la sanglante guerre du Viêtnam. Il a mis en œuvre une nouvelle vision de l’ordre international en amenant l’Union soviétique et la Chine à devenir des partenaires et non des ennemis. 

Pour briser le boycottage de la Chine de Mao, Kissinger se rendit secrètement à Pékin et jeta les bases pour la visite historique de Nixon en Chine. Parallèlement, il entama un rapprochement avec l’Union Soviétique et entreprit des négociations sur la limitation des missiles balistiques aboutissant enfin à la signature du Traité Salt1.

Cependant, Moscou avait voulu étendre ses opérations militaires dans le Tiers monde ; en Angola, dans la corne de l’Afrique et dans le sud Est de l’Asie. Comment donc appliquer un dégel entre les deux Superpuissances ? Kissinger proposa un code de conduite. 

 

Henry Kissinger

Henry Kissinger

 Selon lui, si Moscou agissait selon ce code de conduite, Washington pourrait examiner au fur à mesure ses intentions réelles au rythme des progrès accomplis et ainsi la Détente entre les deux superpuissances serait établie.

Pourra-t-on appliquer au Proche-Orient l’idée du code de conduite élaboré par Kissinger ?

Aujourd’hui, la donne géopolitique a changé avec les nouvelles technologies. Le monde n’est plus bipolaire, la Chine est devenue une superpuissance incontournable, et les puissances régionales dictent l’ordre du jour international avec les diverses organisations terroristes.

Différemment de l’époque Kissinger, l’Etat d’Israël entretient de bonnes relations avec Pékin et Moscou.

Traités Salt sur la limitation des armements stratégiques

Traités Salt sur la limitation des armements stratégiques

Dans ce contexte, nous pouvons donc formuler un ensemble de règles avec les Palestiniens. Lors des négociations de paix en 1996 nous avons adopté en effet un code de conduite élaboré par le Directeur général du Ministère des Affaires étrangères, Eytan Bentsour, et le conseiller diplomatique du Premier ministre Dore Gold, actuellement président du JCPA-CAPE. Pourquoi ne pas relancer le code de conduite et même l’élargir pour l’Iran, le Liban et la Syrie.

Nous pouvons ainsi savoir en temps réel si l’Autorité palestinienne et le Hamas violent leurs engagements. Nous pourrions également suivre des questions particulières telles que l’incitation à la haine et à la violence, le soutien aux organisations terroristes et leur hébergement, le contact avec des institutions internationales pour entreprendre des initiatives anti- israéliennes telles que les plaintes à la Cour Pénale de Justice.

Pour pouvoir établir un code de conduite au Moyen-Orient, il est impératif d’obtenir un soutien inconditionnel de Washington qui servirait d’arbitre entre les parties.

Certes, ce ne sera pas une partie de plaisir car dans la jungle du Moyen-Orient, les dirigeants ne répondent pas aux normes internationales minimales, et leur politique accélère un processus négatif risquant toujours de déclencher un nouveau conflit armé.

De ce fait, et pour maitriser leur comportement et imposer des sanctions, plus que jamais le code de conduite est nécessaire. Suite à la dernière opération militaire à Gaza, et en raison des menaces permanentes de l’Iran et ses milices de détruire l’Etat Juif, de robustes règles devraient être établies avec le Hamas et le Hezbollah.

Pour pouvoir dissuader les Etats voyous et les organisations terroristes, il est donc important d’établir des critères à un code de conduite acceptable et soigneusement planifié, nous pourrions ainsi suivre de près l’évolution des évènements. Il pourrait servir d’outil efficace pour distinguer entre les différents dirigeants, entre ceux qui obéissent à ses principes et tous les autres qui l’ignorent.

Dans ce contexte, les “bons” seront autorisés à bénéficier du commerce international, d’une aide humanitaire et du transfert technologique.

Dans la jungle du Moyen-Orient, seul le plus fort est roi.