Clinton ou Trump : le casse tête du dilemme américain
Le sprint de la course à la Maison Blanche touche à sa fin. Hillary Clinton et Donald Trump s’arrachent les voix flottantes. Les scandales se succèdent et se poursuivent avec leurs rebondissements et leurs coups de théâtre.
A quelques jours des élections, le pronostic reste hasardeux bien que les sondages donnent toujours un léger avantage à Madame Clinton.
Les centaines de milliers d’e-mails retrouvés dans la messagerie du serveur privé de la candidate démocrate, comme les propos racistes et choquants du candidat républicain, posent des questions graves sur l’avenir des Etats-Unis et sur les capacités de ces deux candidats à diriger les affaires du monde durant les quatre prochaines années. Pourront-ils soulever le poids de l’Histoire et le fardeau de l’Avenir ?
Pour juguler les crises économiques, lutter contre le terrorisme aveugle et le fanatisme islamique au-delà des frontières, sortir du bourbier irakien et syrien, combattre Daesh, et faire face à l’étendard chiite ? Pour redonner espoir aux populations africaines affamées et meurtries, pour régler le problème palestinien et de nombreux conflits locaux, le nouveau chef de la Maison Blanche sera-t-il capable d’affronter toutes les menaces et relever tous les défis? Nous pouvons bien en douter !
Les scandales de la campagne ont plongé les Américains dans le désarroi, dans le dégoût, et l’indifférence. Jamais l’Amérique n’est tombée aussi bas dans une campagne électorale.
Des élections sur un air de défiance
Certes, les Américains comme d’ailleurs les Français, boudent les questions de politique étrangère. La faillite de la désastreuse politique d’Obama au Moyen-Orient n’a pas provoqué de débat sérieux et elle n’influencera pas les résultats du 8 novembre prochain. Toutefois, comment ne pas être stupéfait par l’Etat spectacle, par ce grand show hollywoodien et artificiel de la campagne, par les messages creux de sens, par le manque d’idées nouvelles, par la décadence des mœurs ?
Où a disparu le fameux « défi américain » ? Que deviennent les valeurs de la formidable et exemplaire démocratie que nous avons connue ? Comment les Russes, les Chinois, les Japonais, les Européens, et les Israéliens, pourront-ils demain respecter le prochain président des Etats-Unis ? N’y a-t-il pas déjà un air de défiance ?
Les Juifs américains avaient voté dans leur grande majorité pour Barack Obama. Il incarnait le renouveau, le changement, l’espérance et la promesse d’une Amérique nouvelle. Plus généreuse, plus unifiée, plus égalitaire et plus forte. L’ancien pays de l’esclavage, du racisme et du Ku Klux Klan avait permis à un afro-américain d’entrer triomphalement à la Maison Blanche. Il y a quelques décennies, cette victoire aurait été impossible, inimaginable. La démocratie américaine a prouvé, comme celle d’Israël, que les chances d’arriver au pouvoir sont données, sans exception, à tout le monde, et les limites pour y accéder sont tracées dans le ciel… cependant, le lauréat du Prix Nobel de la Paix a bien déçu !
Aujourd’hui, une grande partie des Américains ne sont pas satisfaits de leur candidat et l’absentéisme jouera sans doute un rôle crucial sur le résultat du vote. Certes, Hillary Clinton pourra devenir la première femme présidente des Etats-Unis, et Donald Trump, le premier homme d’affaires non conformiste à la Maison Blanche ? Et puis après, au lendemain de leur élection, pourront-ils diriger notre planète ?
Jérusalem et Washington
En ce qui nous concerne directement, il existait toujours entre Israël et les Etats-Unis des malentendus, des frictions parfois graves, comme l’embargo sur les armes imposé par Washington depuis la création de l’Etat juif jusqu’aux années 1960, avec l’autre embargo du Général de Gaulle. Cependant, nos relations n’ont jamais abouti à la rupture ou au divorce car les intérêts politiques, diplomatiques, et stratégiques entre Jérusalem et Washington sont réciproques. Les Américains savent qu’un affaiblissement de l’Etat juif agira contre les intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Nul n’en doute, les relations amicales et stratégiques entre Washington et Jérusalem demeureront solides, quel que soit le gagnant, Trump ou Clinton.
Le gouvernement Nétanyahou devrait se préparer dès à présent à définir une nouvelle stratégie diplomatique. Jérusalem devrait être capable de lancer un processus de paix clair et fiable et mettre en garde la prochaine administration américaine contre une Pax Americana imposée et vouée à l’échec, comme l’a tenté et semble toujours le faire Barack Obama jusqu’au 20 janvier prochain.
Enfin, un journaliste ou un observateur peut se tromper dans ses analyses et ses prédictions, mais un président des Etats-Unis n’a pas le droit à l’erreur, ni à la naïveté romantique de pouvoir changer le monde. Chaque erreur, chaque faute de sa part, c’est le monde entier qui en subit les conséquences.
Freddy Eytan
Pour citer cet article :
Freddy Eytan, « Clinton ou Trump : le casse tête du dilemme américain », Le CAPE de Jérusalem: http://jcpa-lecape.org/clinton-trump-dilemme-americain/