Claude Lanzmann – l’immortel fils d’Israël. Freddy Eytan – Témoignage
La nouvelle du décès de Claude Lanzmann est tombée brutalement au moment où une nouvelle polémique est déclenchée concernant le rôle des Polonais durant la Guerre, et suite à la publication d’un communiqué commun qui minimiserait la responsabilité de nombreux Polonais qui avaient coopéré volontairement avec les nazis.
Le nom de Claude Lanzmann est certes lié à la diffusion mondiale de son film magistral Shoah. Un titre qu’on lui avait proposé pour expliquer l’inexplicable.
Toutefois, il est important de rappeler que Lanzmann était avant tout un intellectuel de gauche qui changea complètement de cap.
Il avait reconnu, comme Sartre et Montand, bien en retard, les crimes de Staline et le Goulag. Mais surtout, il avait compris que la cause de l’Etat juif est bien juste, et sur certains points, indiscutable, contrairement à ceux qui la critiquent en permanence, et pourtant n’avaient jamais visité ce pays.
Tous ceux, aujourd’hui encore, qui comparent Israël a un Etat colonialiste, bastion de l’impérialisme américain. Frustrés par la guerre d’Algérie, en ignorant totalement la complexe réalité israélienne.
Ainsi, en 1972, au moment où Israel célébrait son vingt-cinquième anniversaire, à l’ambassade d’Israel à Paris, j’étais témoin des discussions interminables avec Claude Lanzmann, alors qu’il nous proposa de faire un film documentaire original qui présenterait le vrai visage de l’Etat d’Israel.
Il faut dire que Lanzmann était un négociateur féroce et déterminé. Il refusait de couper certaines séquences et la longueur du film. La discussion avec lui n’était pas toujours une partie de plaisir surtout en raison de son caractère parfois impulsif. Quelques mois plus tard Pourquoi Israël était diffusé en salle… Durant plus de trois heures ce film atypique répondit crûment et sans ambages aux accusations de tous ces intellectuels de gauche qui présentaient Israël comme un fait colonial.
Tsahal, un film événement de Claude Lanzmann, sorti en 1994
Un an plus tard, juste après la terrible Guerre de Kippour, je l’accompagnai avec des mamans de familles de soldats israéliens, prisonniers et disparus, au domicile de Simone de Beauvoir. Elle avait, avec lui, discrètement œuvré pour leur libération rapide.
C’est dans cet esprit de compréhension tardive à la cause de l’Etat juif, qu’on avait également invité, en présence marquée de Lanzmann, Jean-Paul Sartre à l’ambassade d’Israël, pour lui remettre le diplôme de Docteur Honoris causa, au nom de l’Université hébraique.
C’est justement sur le même principe de raconter l’Histoire crûment et de rapporter des images vraies sur le terrain que Lanzmann diffusa, en 1994, son film sur Tsahal. Là aussi, pour prouver aux ignorants, aux charlatans et à nos détracteurs, le caractère unique de cette armée du peuple, et ses valeurs sur le combat défensif d’un Etat assiégé.
Par ses films, Lanzmann a voulu prouver aux négationnistes, que nier le passé est nier la vérité. L’Histoire de ce peuple trimillénaire et sa contribution à l’Humanité entière ne peuvent donc être oubliée ou gommée.
Par ses activités et ses œuvres, Claude Lanzmann symbolise sans doute l’immortel fils d’Israël et la pérennité de son peuple.
Freddy Eytan
Pour citer cet article :
Freddy Eytan, « Claude Lanzmann – l’immortel fils d’Israël. Freddy Eytan- Témoignage », Le CAPE de Jérusalem, publié le 6 juillet 2018 : http://jcpa-lecape.org/claude-lanzmann-limmortel-fils-disrael-freddy-eytan-temoignage/