Calmer le jeu ! La patrie est en danger

Freddy Eytan

Une caricature parue ces jours-ci dans le quotidien Israël Hayom illustre parfaitement ce que pensent vraiment nos ennemis et nos détracteurs. On y voit un scientiste iranien dans un site nucléaire dire à son collègue, tout en observant à la télé les manifestations dans les rues de Tel-Aviv : « si cela continue on n’aura pas besoin de la bombe… »

En effet, nos ennemis se frottent les mains, dansent de joie et sont en pleine euphorie devant « l’agonie de l’Etat sioniste. » 

Les manifestations contre la réforme judiciaire sont légitimes et prouvent que la démocratie israélienne est toujours vivace. Le gouvernement élu récemment au scrutin universel a aussi le droit d’appliquer des réformes selon son programme électoral.

Cependant, les deux parties campent dans leurs positions intransigeantes et refusent, pour l’heure, tout compromis. Jusqu’à quand ?

Le mal est déjà fait. La violence verbale l’emporte. La société israélienne est déchirée. On a franchi des lignes rouges car pour la première fois depuis la renaissance d’Israël la politisation touche les secteurs stratégiques, les plus sensibles de l’Etat : Tsahal, le Mossad, le Shin Beit et la police. Des officiers et des soldats, des anciens agents et espions, des pilotes de chasse menacent de ne plus être opérationnels. Certains hommes d’affaires menacent de retirer leur argent des banques et appellent à boycotter les investissements étrangers.

Israël - manifestation géante à Tel Aviv pour protester contre le plan de réforme judiciaire

(i24News/capture d’écran)

Une folie qui ne porte pas de nom dans un pays en guerre permanente et où les menaces sont existentielles. Pourquoi bon Dieu allons-nous détruire, par nos propres mains, le seul et unique Etat du peuple juif ? Après deux millénaires d’exil, de pogroms et la Shoah ? N’a-t-il pas été construit avec des sueurs, des larmes et du sang. Que dirons-nous à nos petits enfants ?       

Tous sont responsables car comment ignorer cette situation explosive ? Au-delà des dégâts intérieurs, c’est aussi l’image d’Israël à l’étranger qui est en jeu. Israël est de plus en plus isolé dans l’arène internationale. Nous perdons des amis chers également au sein des communautés juives. Croyons-nous vraiment que nos détracteurs font la distinction entre un gouvernement de droite ou de gauche ? Entre un Juif ou un Israélien ? Pourquoi donc apporter de l’eau au moulin, dénoncer à l’étranger le gouvernement, moucharder devant les chancelleries pour qu’elles exercent des pressions et interviennent dans notre débat interne.  Sommes-nous des enfants ? Nous ne sommes pas capables de régler nous-mêmes nos problèmes ? Comment allons-nous expliquer qu’Israël est le seul Etat démocratique de la région ? Qu’il ne pratique pas l’Apartheid ni aucune autre discrimination ?  Que Tsahal applique à la lettre des consignes strictes pour éviter la mort d’innocents ? Comment pourrions-nous obtenir gain de cause à l’ONU et dans toutes les instances internationales ? Comment obtenir un soutien de nos amis et alliés et particulièrement des Etats-Unis. Garantir une diplomatie crédible et une campagne d’information efficace.

Pour éviter l’escalade sur tous les plans et domaines, il est temps de calmer tous les esprits. Arrêter les insultes réciproques et éviter que des députés et ministres prononcent des paroles irresponsables et insensés. « La parole est d’argent mais le silence est d’or » disent très justement nos Sages. 

Les querelles familiales mêmes les plus vives trouvent toujours une solution dans un esprit bon enfant. Il existe un consensus général pour appliquer des réformes, les divergences ne sont pas si profondes, il est possible avec une volonté réciproque et un dialogue sincère d’aboutir à un compromis.     

Au moment où nous célébrons dans la joie fraternelle et le rire la fête de Pourim, il existe une seule issue pour sortir de cette grave crise : accepter sans délai la médiation du Président Herzog. Calmons immédiatement le jeu car la patrie est vraiment en danger.