B’Tselem est-il vraiment crédible ?

wikipedia-alan-bakerB’Tselem (le “Centre d’information israélien pour les droits de l’Homme dans les territoires occupés”) est-il vraiment crédible ?

La dépendance de son financement, ses sources d’information, souvent en provenance d’organisations politiques partisanes, ne mettent-elles pas en cause sa réputation et sa crédibilité ?

Comment cette ONG qui prétend agir sur des questions humanitaires et défendre les droits de l’Homme, peut-elle servir de référence aux yeux des médias occidentaux ? Ce sont là des questions légitimes et sensibles que nous devrions soulever.

Dans une région explosive comme le Moyen-Orient, et sur la question du conflit israélo-palestinien en particulier, toute organisation humanitaire crédible devrait suivre les questions humanitaires avec honnêteté, précision, impartialité, et de façon fiable.

Cette manière d’agir est valable pour tous les sujets, quel que soit le thème de la recherche : les droits de l’Homme dans les territoires administrés par Israël, les droits humanitaires à l’intérieur du pays, les droits de l’Homme dans les territoires contrôlés par le Hamas dans la bande de Gaza ou par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. C’est ainsi que devrait fonctionner le mécanisme des ONG comme de chaque groupe, centre ou organisation qui a pour objectif de sauvegarder les droits humanitaires à travers le monde.

Il est évident que la mission n’est pas une partie de plaisir, mais elle doit être appliquée à la lettre selon les devoirs et les valeurs d’une organisation humanitaire. Il est notamment très difficile d’agir dans des situations de conflit armé permanent, avec des tensions politiques et sociales quotidiennes, où les émotions et les sentiments à l’égard d’un incident tragique passionnent parfois follement les esprits et peuvent ainsi influencer ou modifier complètement les décisions prises et les résultats d’une enquête. Il y a également des préjugés établis sur un agenda politique bien précis.

Aucun de ces aspects ne devrait toutefois entraver un travail honnête et impartial ; justice doit être rendue dans la transparence, au grand jour. De même, toute organisation humanitaire financée par des sources d’ordre politique, ne souhaitera mettre en question son indépendance opérationnelle et la crédibilité de ses rapports.

Ceci est particulièrement pertinent en ce qui concerne le fonctionnement de B’Tselem, qui se définit comme « le Centre d’information israélien pour les droits de l’Homme dans les territoires occupés ».

Sur son site Internet, B’Tselem se targue d’avoir gagné « une réputation internationale de principale source d’information fiable sur les droits de l’Homme dans les territoires occupés », et que ses rapports sont reconnus « pour leur précision et leur exactitude ». Il ajoute que toutes ses informations sont préalablement vérifiées à la loupe, après des travaux de recherche approfondis sur le terrain. B’Tselem assure encore que « les résultats de ses enquêtes sont soigneusement recoupés par des documents pertinents, des sources officielles et  gouvernementales et des informations émanant d’autres sources…»

B’Tselem affirme enfin qu’il est financé grâce à  « la contribution de fondations en Europe et en Amérique du Nord, par tous ceux  qui soutiennent l’activité des droits de l’Homme dans le monde, et par des particuliers en Israël et à l’étranger.»

De toute évidence, une surveillance réelle des mesures prises par les autorités israéliennes est parfaitement légitime et même nécessaire, dans les circonstances actuelles, même en supposant que cela soit effectué de bonne foi et de manière impartiale, sur la base de critères objectifs internationaux et selon les normes acceptées et appliquées à tous les Etats.

Toutefois, la dépendance de B’Tselem – tant pour son financement que pour ses sources d’information – à l’égard d’organisations partisanes clairement politisées et  manifestement anti-israéliennes sape sa crédibilité et sa réputation internationale. Par exemple, son soutien au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) prouve qu’il s’associe à des organisations politiques et à des campagnes anti-israéliennes.

Dans l’une des dernières publications de B’Tselem intitulée Israël en Cisjordanie : 47 ans après, le texte multiplie les erreurs, notamment sur le plan du Droit international. Ses points de vue partisans et sa critique politique déplacée sapent à l’évidence toute la prétendue fiabilité de B’Tselem.

Le texte est aussi très ambigu : d’une part, B’Tselem reconnaît que l’« occupation » est un terme juridique décrivant le statut d’un territoire saisi suite à un conflit armé. Bien que ce territoire ne soit pas une partie souveraine de l’occupant, on attendra donc un accord diplomatique qui déterminera le statut final dudit territoire. Mais d’autre part, B’Tselem fait des jugements de valeur sans fondement et de manière irresponsable. Il juge apparemment la Cisjordanie, et en particulier la zone C, comme partie du territoire souverain d’Israël, précisant que « l’un des objectifs de la politique du gouvernement israélien est de “chasser” les Palestiniens de la Zone C  pour faciliter une future annexion par Israël. »

En outre, B’Tselem indique sans aucun fondement que la situation de l’occupation qui existe depuis 47 ans est « le résultat des objectifs à long terme de l’annexion » et, en tant que telle, il attribue à Israël l’entière responsabilité de la poursuite de l’occupation.

Comment B’Tselem peut-il dans ce contexte se targuer d’être fiable et exact ? Ses conclusions découlent-elles d’un travail de recherche sur le terrain basé sur des  documents irréfutables ? Il est bien curieux de savoir sur quelle base s’appuie B’Tselem pour tirer ses conclusions et affirmer que la stratégie politique et les objectifs d’Israël sont l’annexion pure et simple des Territoires ? A-t-il déjà gommé les Accords d’Oslo ?

Soulignons que les Accords d’Oslo ont été approuvés par l’ONU et validés par les dirigeants de l’Égypte, de la Jordanie, des Etats-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et de la Norvège. Ils ont établi un cadre politico-juridique nouveau et unique pour les Palestiniens et Israël. Ce cadre a en effet remplacé, ce que B’Tselem décrit comme “Occupation“, par un régime sui generis applicable pour réaliser un accord sur le statut permanent.

Ce cadre a obligé les parties à négocier entre elles pour déterminer le statut final des Territoires et octroyer la souveraineté et les pouvoirs des partis respectifs. Toutes les questions figurant dans ce cadre sont toujours à l’ordre du jour, notamment l’avenir de Jérusalem, les frontières, les réfugiés, les implantations…

Comment donc attribuer à Israël l’entière responsabilité de la non-réalisation de l’accord sur le statut permanent sans aucune base empirique ? N’y a-t-il pas là une conclusion rapide et tout à fait partiale trahissant des considérations politiques claires ?

Pourquoi B’Tselem ignore-t-il le refus persistant de la direction palestinienne de revenir à la table des négociations avec Israël ? Pourquoi les leaders palestiniens cherchent-ils une initiative simpliste et irréaliste, celle d’une intervention internationale de l’ONU et des instances et organismes internationaux, si ce n’est pour imposer leur diktat et faire pression sur l’Etat juif ?

B’Tselem trompe également son monde en prétendant que le processus de négociation est juridiquement limité dans le temps. C’est faux ! Cet argument  n’a absolument aucun fondement juridique.

Ainsi, un rapport officiel publié en 2012 par le Conseiller juridique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur une réunion d’experts juridiques et humanitaires concernant l’occupation et les autres formes d’administration d’un territoire étranger, et précisément sur le thème de l'”occupation prolongée ” stipule : «… les participants ont convenu que le droit international humanitaire n’a pas fixé de limites dans le temps.  Il a donc été reconnu que rien en Droit international humanitaire ne peut empêcher les puissances occupantes de se lancer dans une occupation à long terme. L’occupation continuera à fournir le cadre juridique applicable dans ces circonstances. »

Malheureusement, il semble que les sources non fiables et les faux renseignements sont désormais devenus le modus operandi de B’Tselem.

Lors de la dernière opération de l’été 2014 à Gaza, la conseillère juridique de NGO Monitor Anne Herzberg, affirmait : « Les revendications de B’Tselem concernant le Droit international sont marquées par des omissions et des distorsions. Il échoue notamment à préciser que dans le cadre des lois de la guerre, la présence de civils ne rend pas les objectifs militaires à l’abri d’une attaque…  B’Tselem a déjà eu à présenter des informations erronées sur les victimes civiles dans les attaques contre de présumées “familles bombardées à leur domicile”. Des études indépendantes ont identifié au moins 14 combattants présents dans de tels incidents, que B’Tselem avait faussement présentés comme des civils innocents. »

En se présentant comme un groupe fiable pour la « surveillance des droits de l’Homme », tout en acceptant dans le même temps  le financement des gouvernements et des fondations clairement partisanes et anti-israéliennes, B’Tselem trompe l’opinion internationale et fait fi de sa propre mission.

En conclusion, si B’Tselem cherche vraiment à recouvrir une certaine crédibilité, il devrait revoir son comportement, ses méthodes de travail ainsi que ses sources de financement.

C’est seulement après ce changement de cap qu’il pourra enfin se présenter devant la communauté internationale les mains propres.

Alan Baker


Pour citer cet article :

Alan Baker, «B’Tselem est-il vraiment crédible ? », Le CAPE de Jérusalem : https://jcpa-lecape.org/btselem-est-il-vraiment-credible/