Bombe ou bombardement?
La question est sans doute simpliste, mais depuis 1996 la menace de la bombe iranienne demeure une préoccupation majeure de l’Etat juif et une priorité stratégique et diplomatique de première importance. Certes, la menace est contre tout le monde occidental mais Israël est visé en premier chef et se trouve déjà dans le collimateur sanguinaire des ayatollahs. Jamais dans l’Histoire contemporaine un membre à part entière des Nations-Unies a menacé d’éradiquer de la carte un Etat membre. Il est aussi absurde que l’Iran n’a pas été puni à ce jour et n’a pas été automatiquement exclu de cette organisation dont le but originel est “d’œuvrer pour la paix dans le monde”. Ce pays chiite menace quotidiennement la paix dans notre région et tente de déstabiliser les régimes à travers la planète.
Sans notre détermination et notre persévérance il est peu probable que les chancelleries et le Conseil de sécurité auraient pris des sanctions contre l’Iran. Ils ont été impuissants de condamner le Hezbollah après l’assassinat de Rafic Hariri et ses attaques terroristes contre des objectifs juifs et israéliens, et ils sont toujours dans le désarroi total devant les massacres quotidiens en Syrie.
Depuis 2009, Netanyahou a réussi à mettre le dossier iranien en priorité de l’agenda diplomatique international. Des sévères sanctions ont été prises et notamment un embargo sur le pétrole. Mais pour les ayatollahs rien au monde ne pourra arrêter le programme nucléaire et ainsi ils poursuivent avec arrogance et de plus belle leur projet atomique en se fichant éperdument des résolutions internationales.
Le compte à rebours donc approche à pas de course olympique, et seule une décision fatale devrait trancher sur l’immense dilemme: laisser faire Téhéran et vivre avec un Iran nucléarisé ou intervenir aussitôt que possible avant qu’il ne soit trop tard.
La décision n’a pas été encore prise car elle est complexe et énormément difficile à résoudre et les décideurs israéliens agissent avec responsabilité et prudence. Et pourtant, nous assistons à un festival médiatique orchestré dans les coulisses par l’administration Obama. En raison de la campagne électorale et la position très ferme et pro Netanyahou du candidat républicain, Mitt Romney, des fuites fusent de partout dans la presse américaine et israélienne évoquant les risques apocalyptiques et en insistant sur la sagesse du président Obama par rapport à la « légèreté » du candidat conservateur.
Des ministres et des conseillers américains défilent à Jérusalem pour rassurer l’Etat juif, tandis que des anciens responsables à la défense israélienne partent pour Washington pour dire que le tandem Netanyahou- Barak est “messianique et irresponsable”. Des journalistes appellent le chef d’état-major à ne pas obéir aux consignes du chef du gouvernement et de refuser le jour J d’attaquer l’Iran! L’un d’eux, un “spécialiste des questions militaires” ose proposer au chef d’état-major un texte en publiant une lettre de démission à la une du Haaretz. Des professeurs d’université, dont un ancien doyen de la Faculté de droit, osent publier un pétition avec un appel grotesque et insensé aux pilotes de chasse israéliens: “le jour J ne décollez pas! Éteignez les moteurs et refusez d’attaquer les cibles nucléaires iraniennes!!!” Qu’est-ce que c’est que toute cette mascarade ? Cette hypocrisie ? Et toute cette arrogance verbale et prétentieuse?
Nous avons connu dans le passé des divergences entre les responsables politiques et militaires sur des sujets sensibles. En mai 2000, Shaoul Mofaz, alors chef d’état-major, s’était opposé farouchement au retrait de Tsahal du Liban décidé par Ehoud Barak, mais Mofaz n’a pas démissionné et a exécuté. En aout 2005, lors du désengagement de la bande de Gaza, Moshé Bougy Ayalon, a remis lui sa démission au Premier ministre Ariel Sharon pensant que la décision unilatérale est mauvaise pour la sécurité d’Israel. Aujourd’hui, le chef de l’état-major, Benny Gantz, ne s’est pas encore prononcé et voilà que la presse lui impute des déclarations soit disant faites contre Netanyahou et Barak. Insensé et irresponsable !
Le cas du bombardement d’Osirak en juin 1981 est un exemple éloquent. Menahem Begin a pris la décision de lancer un raid contrairement aux avis d’Ezer Weizman, ancien ministre de la Défense, et des chefs du Mossad et des renseignements militaires et surtout contre l’opinion de Shimon Pérès qui lui avait promis un soutien de François Mitterrand qui venait d’être élu Président de la République. A l’époque, tous ont critiqué et condamné Begin et ce n’est que dix ans plus tard, au moment du déclenchement de la première guerre du Golfe que sa décision légitime a été approuvée et applaudie.
Aujourd’hui, l’affaire a pris une dimension très grave, voire absurde. Jamais des questions opérationnelles ont été discutées et débattues sur la place publique! Pour des raisons purement politiques, une campagne de dénigrement est lancée par des correspondants militaires et des éditorialistes. Le journal Yediot Aharonot connu pour ses positions anti-Netanyahou dans tous les domaines a transformé ce dossier en cheval de bataille, sans avouer sa détresse commercial et sa compétition face au journal progouvernemental et gratuit Israël Hayom. Seul un naïf pourrait croire que cette campagne est vraiment sincère et pour l’intérêt exclusif du pays.
Dans un Etat démocratique la presse est libre et a le droit et le devoir de critiquer le gouvernement mais dans une démocratie la presse doit avant tout respecter le verdict du peuple. Un journaliste ou un observateur a le privilège d’écrire tout ce qu’il lui passe par la tête sans prendre aucune responsabilité contrairement aux décideurs politiques. Dans le dossier iranien cela dépasse l’entendement. Jamais un dossier sensible a été ainsi politisé avec une telle ampleur et avec tant de grossièreté malveillante. Comme si la bombe iranienne ne concernait qu’une partie seulement de la population israélienne et qu’à Jérusalem siègaient des hommes belliqueux qui s’amusent à manipuler des armes comme leurs propres jouets et se moquent éperdument des vies humaines.
La question iranienne est existentielle pour Israël et nous sommes convaincus que ce gouvernement élu au suffrage universel prendra en compte toutes les conséquences et les retombés dont une concertation préliminaire avec les Etats-Unis avant de prendre une quelconque décision. Nous pouvons aussi compter sur Tsahal et son état-major pour pouvoir apporter devant les décideurs gouvernementaux une réponse adéquate et réalisable pour contrecarrer définitivement le projet belliqueux et désastreux des ayatollahs. Le temps presse, l’Etat juif est souverain et responsable de sa propre destinée.