Biden-Bennet- rencontre cruciale à la Maison Blanche
Naftali Bennet, 49 ans, Premier ministre de l’Etat d’Israël, a bien du mal à diriger un gouvernement hétéroclite. Voilà déjà 10 semaines qu’il maintient le cap, malgré la pandémie, les turbulences et les menaces, conscient que chaque maladresse ou erreur d’évaluation, pourra précipiter la chute de son gouvernement et peut-être même la fin de sa carrière politique.
A Washington, Bennet sera reçu à bras ouverts et avec tous les égards. On lui accordera toute l’attention possible pour le ménager au maximum.
Familier des Etats-Unis depuis la tendre jeunesse, la conduite de Bennet, ses idées politiques et économiques sont d’ailleurs prises chez les « yankees ».
Bien entendu, en visitant pour la première fois la Maison Blanche, chaque geste, chaque mot prononcé, devra être réfléchi, mesuré, empreint d’une extrême prudence.
Bennet, chef de fil du noyau dur de la droite israélienne, maintiendra-t-il les positions antérieures ? Son intransigeance à l’égard des Palestiniens. Son refus catégorique de leur offrir un Etat indépendant. Une position qui est d’ailleurs opposée à celle de nombreux ministres de la coalition. Lapid avait même clarifié qu’il est favorable à la formule des deux Etats…Il œuvra dans ce sens le jour où Bennet lui cédera la place…
Dans ce contexte, la rencontre avec le président Joe Biden est sans doute cruciale, une épreuve difficile comme une gageure. Va-t-il tenir le pari ? Pourrait-il convaincre le président américain des bonnes intentions de l’Etat Juif ? Sa juste cause sur les dossiers brûlants, les menaces de l’Iran, l’escalade dans la bande de Gaza et les provocations du Hezbollah.
Su tous ces dossiers, Bennet prétend avoir une stratégie cohérente et dynamique, et qu’elle sera toujours appliquer en coordination étroite avec les Américains. Dans l’espoir que celle-ci ne sera pas dépendante de décisions prises en contradiction avec les intérêts israéliens.
La visite de Bennet à Washington se déroule au moment où le président Biden est fortement critiqué suite au départ humiliant des troupes américaines de Kaboul. Sa popularité est au plus bas également en Europe. On lui reproche de nombreuses défaillances en politique étrangère. Va-t-il rectifier le tir ? Améliorer son image et les directives de la diplomatie.
Certains conseillers lui proposeront de redorer le blason en focalisant l’attention de l’opinion internationale sur le processus de paix avec les Palestiniens. Profitera-t-il de l’aubaine ? Biden n’a pas abandonné le dossier et croit sincèrement à la formule de deux Etats pour deux peuples. Toutefois, conscient des échecs précédents et la position de Bennet, il amorcera le dialogue prudemment et n’imposera pas un diktat pour ne pas créer une nouvelle crise gouvernementale en Israël.
Sur le dossier iranien, il semble que Biden sera très attentif aux préoccupations israéliennes et sera favorable à une coordination étroite pour éviter, à tous prix, que les Ayatollahs se dotent de l’arme nucléaire.
Pour l’heure, l’option militaire est à exclure tout en affirmant, comme de coutume : « toutes les options sont sur la table » …
Concernant l’ouverture d’un consulat américain à Jérusalem qui servira essentiellement les Palestiniens, il semble que Biden ne cédera pas aux pressions israéliennes. Certes, il ne peut modifier toutes les décisions prises par Donald Trump et ne pourra, non plus, transférer l’Ambassade à Tel-Aviv… L’inquiétude demeure avec le renforcement de l’aile gauche du parti démocrate au sein du Congrès.
La politique de Biden au Moyen-Orient sera semblable à celle d’Obama. Toutefois, contrairement à l’époque Nétanyahou, il y aura moins de malentendus et des condamnations pour pouvoir préserver la coalition Bennet-Lapid et éviter par tous les moyens le retour de Bibi…
Les bonnes relations stratégiques avec Washington se poursuivront donc dans un intérêt commun et les Etats-Unis, sans autre alternative, resteront notre meilleur ami et fidèle allié.
Souhaitons plein succès au voyage du Premier ministre. Sa réussite sera aussi la nôtre. Elle aura un impact considérable sur l’avenir du Moyen-Orient.