Bethléem après l’échec d’Oslo: la terreur déferle sans la présence de Tsahal

Bethléem n’est située à quelques centaines de mètres seulement de la limite municipale sud de Jérusalem. La population totale du district de Bethléem s’élève à environ 200 000 personnes dont 30000 sont des habitants de la ville.

Les chrétiens qui furent toujours majoritaires ne représentent aujourd’hui que 20% de la population. La majorité des chrétiens de Cisjordanie et de la bande de Gaza avaient fui des persécutions systématiques des islamistes. Une grande partie a émigré vers différents pays d’Amérique latine.

Le nom de Bethléem-Ephrata figure de nombreuses fois dans les textes bibliques. C’est le lieu où Rachel (seconde femme de Jacob-Israël) meurt et le lieu de naissance et de couronnement du Roi David.

Pour les chrétiens, la ville est considérée comme le lieu de naissance de Jésus de Nazareth. L’église de la Nativité est depuis un lieu de pèlerinage, particulièrement à Noël. Elle n’a jamais été un lieu saint pour les musulmans.

Selon la Résolution 181 du 29 novembre 1947 des Nations-Unies, qui avait mis fin au Mandat britannique et appelé au partage de la Palestine entre Arabes et Juifs, Bethléem faisait partie avec Jérusalem d’un corpus separatum sous un régime international spécial administré par les Nations-Unies.

Les Arabes refusèrent le plan de partage et lancèrent une guerre pour tuer dans l’œuf l’Etat juif qui venait de naître. Durant les combats, la Légion arabe prit le contrôle de Bethléem et les Jordaniens annexèrent la ville avec toute la Cisjordanie. En juin 1967, lors de la guerre des Six Jours, la ville fut conquise par Tsahal. Une requête de notables locaux pour l’annexer à Jérusalem fut rejetée par le ministre de la Défense de l’époque, Moshe Dayan. Soulignons que toute la région de Bethléem était sous contrôle israélien notamment sur le plan urbain, touristique, et bien entendu, sécuritaire.

Lors de la signature en 1995 de l’Accord intérimaire sur la Cisjordanie et la bande de Gaza dans le cadre des Accords d’Oslo, Bethléem était avec cinq autres villes (Jéricho, Djénine, Tulkarem, Naplouse et Kalkilya) transmise aux Palestiniens. Désormais, ils disposent d’une pleine autorité, civile et sécuritaire.

La veille de Noël 1995, Bethléem acclame Arafat. Deux jours plus tôt, Tsahal a évacué la zone (Photo du Pool BAITEL/DEAN/Gamma-Rapho via Getty Images)

Il est à souligner que Bethléem était la dernière sur la liste des villes restituées, car jusqu’au dernier moment, avant la passation du pouvoir aux Palestiniens, le maire chrétien de Bethléem, Elias Freij, tentait toujours de convaincre le Premier ministre, Yitzhak Rabin, de ne pas céder la ville à Yasser Arafat. Freij avait exprimé sa profonde préoccupation pour le sort des communautés chrétiennes de la ville et ses fortes inquiétudes concernant la nature du régime de l’Autorité Palestinienne.

Le Premier ministre Rabin avait accepté de reporter le transfert de l’administration de la ville, à condition de recevoir une demande commune de tous les dirigeants des communautés chrétiennes de Bethléem, ce que Freij n’a malheureusement pas eu dans le délai imposé par les Accords d’Oslo.

Le 21 décembre 1995, Bethléem a été officiellement remis au général palestinien, Hajj Ismail. Trois jours plus tard, le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, vint à Bethléem et participa aux festivités de Noël comme un triomphateur.

Durant la Seconde Intifada commanditée et déclenchée en septembre 2000 par Yasser Arafat, Jérusalem fut le théâtre de nombreuses attaques terroristes en provenance de la région de Bethléem. Des centaines d’Israéliens furent tués ou blessés et les forces de sécurité israéliennes se trouvaient dans l’obligation d’entrer dans la ville pour rétablir l’ordre et la sécurité.

Soulignons que l’accès au tombeau de Rachel, situé à l’entrée de la Ville sainte était dangereux car des tireurs d’élite palestiniens étaient en permanence installés sur les toits des maisons et tiraient sur des soldats et des visiteurs juifs. Le calme était revenu lorsque les services de sécurité israéliens ont pris le contrôle de toute la zone.

Le Shin Beit israélien avait aussi déjoué de nombreux attentats-suicides prévus à Jérusalem. Des mortiers ont été découverts et un laboratoire de de fabrication de roquettes destinées à être lancées sur Jérusalem a été démantelé. En 2014, les services de sécurité israéliens ont également déjoué un complot pour assassiner le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Avigdor Lieberman.

Au cours des 15 années qui ont précédé les accords d’Oslo, 270 Israéliens ont été assassinés par des Palestiniens. Au cours des 15 années qui ont suivi ces accords, près de 1 500 Israéliens ont été tués.

Lorsque le Shin Beit et Tsahal se trouvaient physiquement sur les lieux, la fréquence des attaques terroristes avait diminué et de multiples attaques furent déjouées et de nombreuses vies furent sauvées.

Lorsqu’Israël s’était appuyé sur l’Autorité palestinienne, les attaques terroristes avaient augmenté considérablement. Des Palestiniens avaient de nombreuses fois ouvert le feu avec des mitrailleuses lourdes, à partir de Beit Jalla, (banlieue de Bethléem) vers Guilo (quartier de Jérusalem) situé à proximité.

Bethléem, qui avait une majorité chrétienne absolue, a donc changé de mains et de visages et les chrétiens sont minoritaires au sein de la ville où naquit le Christ.

Vingt-cinq ans après la signature des accords d’Oslo, l’échec sécuritaire est criant. Ces jours-ci, certains seulement, principalement les initiateurs des Accords peuvent se féliciter du bilan. Avant de procéder à un examen approfondi de la totalité des villes sous contrôle palestinien, nous examinons dans cette étude en priorité les conséquences des Accords d’Oslo sur la ville : Bethléem.

Le bilan est désastreux. La passation de pouvoir à Bethléem a été vouée à un cuisant échec. Les résultats de notre enquête démontrent facilement les dangers d’un transfert de territoire aux autorités de sécurité palestiniennes, principalement dans les domaines du Renseignement et des opérations « coup de poing » sur le terrain pour contrecarrer toute attaque terroriste.

Dans les premières années qui ont suivi les Accords, Israël a tenté de confier la sécurité du district de Bethléem aux mains de l’Autorité palestinienne. La déception et la frustration furent flagrantes. Chaque fois que les forces israéliennes quittaient la ville, le nombre d’attaques terroristes à Jérusalem en provenance de Bethléem augmentait. À chaque retour de Tsahal, le nombre d’attaques avait considérablement diminué.

Le tombeau de Rachel a été attaqué de nombreuses fois (ici en 2002, photo Amos ben Gershon, GPO)

Voici quelques exemples parmi tant d’autres qui illustrent cette indifférence et l’absence d’action palestinienne.

En novembre 2014, Israël avait donc déjoué une tentative d’assassinat du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Avigdor Liberman.

La cellule qui planifia le meurtre était dirigée par Ibrahim Salim Mahmoud Zir, militant du Hamas âgé de 37 ans, habitant la banlieue de Bethléem. Les membres de la cellule terroriste avaient choisi de poignarder Libermann à un carrefour de Goush Etzion (place choisie plusieurs fois par les auteurs d’attentats). Fort heureusement, le Shin Beit a réussi a déjouer l’attaque et a arrêter à temps les auteurs. C’est bien la liberté d’action opérationnelle des services israéliens dans la région qui avait facilité leur arrestation. Les informations des services de renseignement ont également conduit à l’arrestation de deux femmes palestiniennes qui envisageaient de commettre un attentat suicide simultané en Israël.

En novembre 2014, Le Shin Beit, avec l’aide de l’armée israélienne, avait découvert une cellule terroriste du Hamas, dont les membres avaient été formés par son bureau en Turquie. Au cours des enquêtes, une trentaine de militants furent arrêtés. Des munitions et du matériel servant à la fabrication d’explosifs ont été confisqués. Les membres de la cellule avaient planifié des attaques contre des Israéliens, des attentats à la bombe, des bouteilles incendiaires, des enlèvements, ainsi que des attentats contre le stade de football Teddy et la ligne du tramway de Jérusalem. La piste a conduit à un habitant du district de Bethléem. Interrogé par le Shin Beit il a dénoncé certains membres de la cellule du Hamas.

Depuis, de nombreuses cellules terroristes ont été découvertes dans la région de Bethléem.

La proximité de Bethléem avec Jérusalem facilite la tâche des organisations terroristes utilisant le district comme base d’opérations et tremplin pour des actions terroristes dans la capitale israélienne. Les camps de réfugiés qui s’y trouvent servent aussi de bastions pour le Hamas et le Jihad islamique.

Au cours de la deuxième Intifada, déclenchée en septembre 2000, le tombeau de Rachel fut également exposé à des tirs hostiles et au terrorisme. Des batailles avec des terroristes ont eu lieu sur la place près de la station-service de la tombe de Rachel, et autour du camp de réfugiés d’Azza, situé près de l’hôtel Paradis à l’entrée de Bethléem. Soulignons que des membres du Tanzim (La jeunesse du Fatah au sein de l’Autorité palestinienne) avaient pris part aux combats contre les soldats de Tsahal. Ils ont tué deux soldats.

Le tombeau de Rachel fut attaqué des centaines de fois et les autorités israéliennes ont dû prendre des mesures sécuritaires draconiennes et fortifier le lieu saint.

Des véhicules blindés conduisaient des visiteurs et des fidèles juifs à l’entrée et se précipitaient à l’intérieur pour éviter les tirs de tireurs d’élite.

Aujourd’hui, les touristes et fidèles visitent le tombeau de Rachel avec des restrictions minimales. Des véhicules privés et des bus entrent dans l’enceinte, déposent les fidèles et les ramènent fréquemment au carrefour de Gilo. Les tireurs d’élite ont été chassés et rares sont les incidents. Une haute muraille construite autour de l’enceinte bloque les cocktails Molotov lancés parfois sur la tombe.

Selon des experts du Centre d’information sur le Renseignement et le Terrorisme, il ressort clairement que les attentats-suicides à la bombe en provenance de la région de Bethléem ont eu lieu alors que le contrôle de sécurité de cette ville était confié à des Palestiniens. Il n’y a eu aucun attentat-suicide à la bombe quand l’armée avec le Shin Beit étaient sur le terrain.

Un bâtiment de Bethléem incendié lors d’un attentat (photo Arab Press)

Voici les principaux attentats perpétrés par des terroristes habitant dans la région de Bethléem :

5 décembre 2001 : Daoud Ali Ahmed Saad se fait exploser au coin de la rue King David, à quelques mètres de l’hôtel Hilton-Mamilla de Jérusalem. Cinq personnes sont grièvement blessées.

Yasser Said Moussa, habitant la banlieue de Bethléem, se fait également exploser dans une voiture piégée à côté d’un barrage routier sur la route reliant Maalé Adoumim à Jérusalem. Un policier est tué et deux autres sont blessés.

Le 22 février 2002 : un kamikaze palestinien, Muhammad Tawfiq Muhammad Dar, tente de se faire exploser dans un supermarché d’Efrat. Cet attentat déjoué à la dernière minute était planifié par une base du Fatah-Tanzim située à Bethléem.

2 mars 2002 : Muhammad Ahmed Abdel-Rahman Derameh, se fait exploser à côté d’un groupe de fidèles qui quittaient une synagogue dans le quartier de Beit Israel à Jérusalem. Dix personnes sont tuées et 46 blessées. Le 27 mai 2002, Ahmed Moughrabi et Mahmoud Sarahna, responsables de la base opérationnelle Fatah-Tanzim dans le camp de réfugiés de Daheisha, près de Bethléem sont arrêtés après avoir avoué leur responsabilité à l’attaque.

Quelques jours plus tard, le 7 mars 2002, un kamikaze du village de Jabel Mukaber, tente de se faire exploser dans le café Kafit, rue Emek Refaim à Jérusalem. Une base du Hamas à Bethléem, composée de six étudiants du collège Abu Dis, était à l’origine de la tentative d’attentat et avait envoyé le kamikaze à Jérusalem.

10 jours après, le 17 mars 2002, le kamikaze Akram Ishak Abdullah Nabatiti se fait exploser, 25 personnes sont blessées au carrefour de French Hill à Jérusalem.  Cette attaque terroriste a été perpétrée par le réseau opérationnel du Jihad islamique à Bethléem, dirigé par Mohamed Tamari.

Le 29 mars 2002, Mohammed Latfi al-Akhras, un kamikaze du camp de réfugiés Daheisha dans le district de Bethléem, se fait exploser au supermarché principal du quartier de Kiryat Yovel à Jérusalem. Deux personnes sont tuées et 22 blessées.

Le 31 mars 2002, un mineur de 16 ans se fait exploser près du dispensaire du Magen David Adom à Efrat. Six personnes sont blessées. La bombe qu’il portait sur le dos a été préparée par deux des principaux militants du Fatah à Bethléem – Riyad al-Amour et Ibrahim Ebiat – qui ont planifié et dirigé cet attentat.

1er avril 2002 : Mohammed Hassin Issa se fait exploser à proximité d’un barrage routier de la police situé dans la rue Shivtei Israel à Jérusalem, tuant un policier. Le terroriste appartenait à la cellule du Fatah-Tanzim, dont les membres ont été arrêtés. La cellule a procédé à des dizaines de tirs et des explosifs dans la région de Bethléem et de Jérusalem.

Pendant une période de trois mois (du 20 août 2002 au 11 novembre 2002), Israël rend à nouveau la responsabilité de la sécurité à l’Autorité palestinienne. Le 21 novembre, Nael Azmi Moussa, un habitant de Doura (qui avait déménagé à Bethléem plusieurs mois auparavant), se fait exploser dans un bus Egged, dans la rue Mexico à Jérusalem. Onze Israéliens sont tués et 45 blessés. Le Hamas de Bethléem était responsable de l’attaque.

Du 7 juillet 2003 à la fin de février 2004, Israël transfère encore une fois le contrôle de la sécurité dans la région à l’Autorité palestinienne. L’infrastructure terroriste à Bethléem a mené diverses attaques terroristes durant cette période dont une attaque d’un bus à Jérusalem par un kamikaze, Mohammed Issa Khalil, du district de Bethléem. Dans l’explosion de la « bombe humaine » huit personnes sont tuées et 60 blessées.

Bethléem n’est qu’un exemple. Ce grave problème existe également dans plusieurs autres districts de la Cisjordanie.

Les attaques terroristes contrées ces dernières années grâce à la liberté d’opération de l’armée israélienne dans les villes et les zones transférées aux Palestiniens comprennent des dizaines d’enlèvements, des centaines de tirs et de mises en place d’explosifs, des dizaines d’attentats-suicides et des centaines de grenades et de cocktails Molotov qui devraient être lancés contre des soldats et civils israéliens. Des centaines d’ateliers et de préparations pour la fabrication d’armes ont été découverts grâce à un contrôle strict des réseaux sociaux, de nombreux coups de poignards et attaques de voitures bélier ont également été évités.

Soulignons toutefois que depuis septembre 2000 au 31 décembre 2005, les diverses organisations terroristes palestiniennes ont mené 25 700 attaques. Au cours de touts ces attentats 1 084 civils israéliens ont été tués. Les attentats terroristes comprenaient 147 attentats-suicides, commis par 156 hommes et 8 femmes. Environ 450 autres attentats-suicides ont été déjoués par les forces de sécurité israéliennes alors qu’elles en étaient encore à diverses étapes de planification.

La plupart des attentats-suicides à la bombe de Bethléem visaient des civils. Le Centre d’information sur le renseignement et le terrorisme a estimé que cela concordait avec le modus operandi de la terreur palestinienne dans d’autres districts. Le but est de tuer le plus grand nombre possible de civils, sans distinction. Sur les 147 attaques suicides mentionnées ci-dessus, 107 (soit 75% de ces attaques) visaient des cibles civiles. Seules 40 attaques (environ 25%) ont été dirigées contre des cibles militaires ou sécuritaires.

Soulignons que les civils visés ont été atteint, pour la plupart, par des attentats-suicides où les victimes furent les plus nombreuses :

Des attentats contre des bus urbains et interurbains, et des stations d’arrêts d’autobus, tels que l’attentat à la bombe contre la ligne 2 à Jérusalem (23 morts), l’attentat à la bombe à Guilo, Jérusalem (19 morts), l’attaque de la ligne 14 à Jérusalem (17 morts), l’attentat à la bombe d’un bus près de Megiddo (17 morts), l’attaque de la ligne 16 à Haïfa (15 morts) et l’attentat contre l’autobus de la ligne 37 à Haïfa (15 morts).

Il y a eu durant toute cette période des attentats perpétrés aussi contre des lieux de divertissement, des restaurants, cafés, centres commerciaux, et discothèques :

L’attaque dans l’hôtel Park à Netanya (29 morts), contre la discothèque Dolphinarium à Tel Aviv (22 morts), l’attentat au restaurant Maxim à Haïfa (21 morts), attentat contre une salle de jeu à Rishon Letzion (16 morts), du restaurant Matza à Haïfa (15 morts) et du restaurant Sbarro à Jérusalem (15 morts).

Ajoutons à cette longue liste de tués et blessés par des terroristes palestiniens des attentats perpétrés dans les grandes villes israéliennes, les marchés, les centres piétonniers et les rues principales dont l’attaque contre l’ancienne gare routière de Tel-Aviv (11 morts) et celle de la rue piétonnière Ben Yéhouda à Jérusalem (23 morts).

Devant ce bilan meurtrier nous constatons en conclusion que seuls les services israéliens et Tsahal peuvent garantir la sécurité des citoyens israéliens partout dans le pays. 25 ans après les Accords d’Oslo, il est toujours impossible de remettre exclusivement et aveuglement la charge sécuritaire aux autorités palestiniennes.

Nadav Shragai

 


Pour citer cet article :

Nadav Shragai, « Bethléem après l’échec d’Oslo: la terreur déferle sans la présence de Tsahal », Le CAPE de Jérusalem, publié le 24 octobre 2018 : https://jcpa-lecape.org/bethleem-apres-lechec-doslo-la-terreur-deferle-sans-la-presence-de-tsahal/

Illustration : Un terroriste palestinien devant l’église de la Nativité à Bethléem (photo AFP/Awad Awad)

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