Bagatelles pour un massacre
Bagatelles pour un massacre1
Faut-il rappeler ce que fut le 7 octobre 2023 ? D’abord une guerre non déclarée, comme un Pearl Harbour qui fit entrer les Etats-Unis réticents dans la Seconde Guerre mondiale avec son cortège aussi de morts civils, et les Alliés d’affirmer (les Allemands suivant Hitler comme un seul homme avec enthousiasme) qu’il n’y avait pas d’Allemand innocent. Et cette attaque surprise du Hamas fut d’une barbarie aveugle, stupéfiante, inimaginable, à l’image des razzias musulmanes d’autrefois : tortures physiques et psychologiques, y compris de vieillards et d’enfants, viols d’une brutalité innommable d’hommes et de femmes, massacres indistincts y compris de nombreux militants de la paix habitant dans ces kibboutzim et dans une rave de pacifistes, des prises d’otages avec aussi des nourrissons et des vieillards. Et encore, le pillage et d’autres enlèvements par des civils accourus de Gaza. Enfin, les kidnappés exposés, dont des femmes dénudées, dans les rues gazaouies où la liesse populaire est à son comble.
Une centaine d’otages a pu être libérée après négociations à un prix lourd dont une trêve permettant au Hamas de se réorganiser avant de rompre subitement tout accord d’échange. Des cadavres de kidnappés assassinés sont découverts petit à petit dans la bande de Gaza par les militaires israéliens… Combien survivent encore ?
De telles scènes avaient eu lieu autrefois en France, avec les massacres notamment des populations de Carcassonne (721) et de Bordeaux (731), avec ses cortèges d’exactions et d’asservissement par ces maitres de la traite des esclaves. Puis aussi, par la flotte de Barberousse (1543) après son escale à Marseille, le siège et le pillage de Nice, puis à Toulon les extorsions, brutalités, la transformation d’églises en mosquées, l’enlèvement de trois cent enfants et de religieuses2. Mais qui se soucie encore d’Histoire en France ? Rappelons-nous encore des mêmes exactions commises par Daech en Orient : massacres, incinérations d’êtres vivants, asservissements, notamment de femmes Yézidies violées et revendues …
Début octobre, en Occident, il y eut d’abord la stupéfaction et l’émotion : 1200 morts et 240 otages ! L’émotion et l’indignation, au nom d’un humanisme universel, sont des pensées purement occidentales. L’indignation, cette réaction tellement inutile quand elle n’est pas suivie d’effet, est comme une indifférence cachée. Pourtant, ce fut une belle surprise que ce tollé, et pour la première fois, les chancelleries concédaient à Israël le droit de se défendre. Mais devant l’horreur, il ne s’agit plus seulement de défendre des citoyens, mais aussi les valeurs d’humanité de la civilisation, de faire barrage à la barbarie, de se battre pour la liberté.
Mais bien sûr, rapidement, dès la réaction militaire d’Israël à cette guerre imposée, les antisémites obsessionnels, les nostalgiques du nazisme et la gauche tendance Doriot et Laval, se sont unis aux Islamistes les plus virulents pour soutenir le Hamas.
En dehors de condamner Israël, que soutiennent-ils ? Ils soutiennent la volonté d’imposer un califat totalitaire et sa sharia avec sa guerre de conquête de la planète, l’impossible liberté de penser et de s’exprimer, son épouvantable statut de réification des femmes, la mise à mort des homosexuels, l’asservissement ou la mort pour les athées, apostats et païens, sa discrimination légale entre Musulmans et non-musulmans, cet apartheid (statut de dhimni) renforcé de mesures fiscales (djizîa) , vise l’humiliation des autres monothéistes chrétiens, zoroastriens et juifs. La mort en permanence appelée publiquement sur les Juifs. La réalité de la pensée des Frères Musulmans, dont sont issus Daech et le Hamas, dans sa volonté de rétablir le Califat, est aussi la haine des nationalismes, tous les nationalismes, même le nationalisme palestinien qui ne leur est qu’un alibi à la guerre. N’existe pour eux, seulement la Ouma, la communauté des croyants musulmans.
Et il y a les braves gens européens, certes, indignés des massacres, des démembrements d’êtres vivants, des éventrements de femmes enceintes, des enlèvements ; ce sont ceux qui ne se demandent pas pourquoi il y a trente six hôpitaux à Gaza pour une population inférieure à celle de la Seine Saint Denis. Eux, ne veulent tout simplement pas de la guerre. Que feraient-ils s’ils avaient subi une telle attaque ? Juste, ils ne veulent pas entendre parler de la guerre et ses dégâts, ils ne se demandent pas quel est la place de la guerre dans un combat pour la Liberté. Ils disent vouloir la paix. Qui ne veut pas la paix si ce ne sont les terroristes ?
Enfin, il y a les pacifistes inconditionnels qui condamnent évidemment les bombardements sans rappeler ceux (non précédés de messages recommandant l’évacuation) de Dresde et Berlin, ceux de Bosnie, ceux de Raqqa et Mossoul qui firent tant de victimes civiles. Comment lutter contre un ennemi sanguinaire et lâche quand il se mêle étroitement à la population civile ? Comment ne pas faire la distinction entre les civils intentionnellement visés et ceux qui étaient malheureusement ou intentionnellement présents ? Que cache la mise en équivalence des morts ?
En réalité, ce n’est pas la paix à laquelle ils aspirent, ce à quoi ils aspirent, c’est au silence des armes pour, au mieux, leur confort moral. La paix implique une liberté pour chacun des belligérants et pour chacun, la sensation d’un gagnant-gagnant, la naissance d’un respect et d’une confiance mutuelle. Cet appel insistant à un cessez-le-feu est, in fine, un appel à une guerre prochaine, c’est favoriser un groupe qualifié de terroriste à se réarmer pour une prochaine attaque et à de prochains massacres de civils. Il y a déjà eu quatre guerres avec le Hamas toujours sauvé par un cessez-le-feu et à chaque fois avec des attaques de plus en plus violentes.
Il est vrai que les Nations Unies, l’Europe, et même les Etats-Unis, voire Israël, financent ce groupe avec des alibis toujours humanitaires tout en sachant assez bien où va l’argent des contribuables. L’aide serait bienvenue, évidemment, si elle servait son intention déclarée mais chacun sait que c’est un fake !
Pire, une lame de fond se lève, poussée par les Islamistes agitant les wokes, ces éveillés aux yeux fermés sur la réalité et sur l’Histoire qu’ils veulent revisiter, c’est-à-dire réécrire… C’est ce qu’il se passe dans les prestigieuses universités américaines où certains appellent ouvertement au massacre des Juifs ! Incroyable ! Un cataclysme pour ce pays et une inquiétude sur les capacités à gouverner des élites futures. Et c’est à peine mieux en Europe où l’antisémitisme explose aussi. Sans réaction ferme et déterminée des autorités, l’avenir de ces pays est plus que sombre, ils sombreront. Ce sera l’œuvre de certains intellectuels, politiques, journalistes.
Tous se refusent à voir la haine et son enseignement à Gaza et dans les écoles de l’Autorité Palestinienne, enseignement soutenu par l’UNWRA. Et les dons internationaux pour les écoles et camps de vacances gazaouis, financent la formation à la guerre dès le plus jeune âge. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir alerté.
Alors les institutions faillissent :
- l’UNICEF appelle aux secours pour tous les enfants du monde mais pas ceux qui sont massacrés en Israël et d’où ils ont été enlevés, nourrissons compris. Ce ne sont pas des enfants, ni des nourrissons, ce sont des Juifs.
- La Croix Rouge qui dit intervenir partout où il y a de la souffrance, ne veut d’abord pas répondre aux demandes de visite et d’assistance médicale aux otages ; elle se contentera, après l’intervention dans les négociations du président américain, de faire le taxi à la frontière pour les otages libérés et drogués. Et, cerise sur le gâteau, elle nomme pour nouveau directeur général, un ancien directeur sulfureux de l’UNWRA. Ce ne sont pas des otages, ce sont des Juifs.
- les ONG humanitaires médicales françaises, qui œuvrent depuis longtemps sur place et connaissent toutes les arcanes du pouvoir à Gaza, nient contre toute évidence la présence d’hommes en armes dans les hôpitaux, accusent faussement Israël du bombardement d’un hôpital gazaoui, relaient, sans vérification, les chiffres du Hamas (les grands journaux internationaux les suivront…). Elles ne cessent de craindre pour leurs équipes infiltrées d’affidés du Hamas (équipes indemnes finalement) et ne cessent de craindre aussi pour la seule population gazaouie. Personne ne note qu’après deux mois de guerre, les missiles tirés de Gaza, souvent de sanctuaires humanitaires, continuent de pleuvoir sur la population civile israélienne. Ces associations n’ont pas condamné les massacres du 7 octobre, les massacrés n’étaient pas des massacrés, ils étaient des Juifs.
- les associations féministes, jamais en retard d’une indignation, sauf peut-être dans l’affaire Mila, ne se sont pas levées pour les femmes et les enfants israéliens violés, et se sont même opposées à leur mention de victimes, ce n’étaient pas des femmes, c’étaient des Juives, ce n’étaient pas des enfants, c’étaient des Juifs.
On croirait lire du Céline ! Et on voit bien ce que cela signifie. Pourtant, nombreux dans la population, ne s’en laissent pas conter. Il manque en Occident des résistants face aux pensées totalitaires, pourtant ces pensées y ont ravagé les pays par le passé. On attend les résistants authentiques.
Richard Rossin – Ancien Secrétaire Général de MSF et co-fondateur de Médecins du Monde, Ancien Délégué Général du Collectif Urgence Darfour, Ancien Vice-Président de l’Académie Européenne de Géopolitique. Membre du JCPA-CAPE de Jérusalem