Aucun changement dans la position palestinienne sur le “droit au retour”
- Le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré suite à une récente interview à la télévision israélienne que ses propos sur la question du « droit au retour » ont été mal interprétés et a une nouvelle fois il a réitéré que le retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers est un « droit sacré ».
- Les divergences entre Israël et les Palestiniens sur la question des réfugiés demeurent profondes et sans issue. Pour les Palestiniens, il s’agit d’une question taboue qui ne peut être posée. La solution du problème consiste à « une solution juste et convenue basée sur la Résolution 194 ».
- L’Autorité palestinienne aussi bien que le gouvernement du Hamas à Gaza continuent à cultiver dans la société palestinienne l’idée du retour des réfugiés. De ce fait, ils empêchent toute possibilité de réinstaller les réfugiés hors des camps, et ainsi ils maintiennent la présence active de l’UNRA.
- Selon les dirigeants palestiniens la perpétuité “du droit au retour” justifie la lutte armée même après la création d’un Etat palestinien. Pour les Palestiniens, le problème des réfugiés est un atout avec lequel ils peuvent maintenir leur confrontation avec Israël.
- Les réactions très sévères des Palestiniens aux déclarations d’Abbas sur ce sujet indiquent une incapacité de présenter une position de compromis sur la question des réfugiés.
Abbas avait déclaré dans cette fameuse interview qu’il est natif de la ville israélienne Safed, et qu’il désire rendre visite sans pour autant y vivre. Il a précisé: « pour moi, la Palestine concerne les frontières de 67 avec Jérusalem Est. Je suis un réfugié, j’habite à Ramallah, la Cisjordanie et Gaza sont la Palestine, le reste c’est Israël.”
Le Hamas s’est empressé de l’accuser de violation de principes de base, et divers personnalités palestiniennes ont déclaré qu’il a renoncé en effet à leur “droit au retour”.
24 heures après la diffusion de l’interview, l’agence de nouvelles palestinienne Wafa a publié un rectificatif et Abbas s’est plaint contre les médias, en particulier contre Al Jazeera qui avaient mis une partie de ses propos hors de leur contexte. Sur la question du droit au retour Abbas a clarifié à nouveau sa position :
“Depuis 1988 le Conseil National Palestinien a reconnu les Résolutions 242 et 338. Cette reconnaissance a été réitérée plusieurs fois dans l’initiative de paix arabe. Mes propos sur Safed n’étaient qu’une position personnelle et ils n’indiquent pas une renonciation à notre “droit au retour”. Toutes les résolutions arabes et islamiques internationales définit qu’une solution juste et approuvée doit être trouvée au problème des réfugiés basée sur la résolution 194 des Nations Unies, avec le terme « approuvée » signifiant avec l’accord de la partie israélienne.
Du point de vue palestinien « justice » signifie appliquer les droits des réfugiés palestiniens conformément à toutes les résolutions des institutions internationales, surtout la résolution 194, qui selon eux sanctifie le droit des réfugiés au retour et à l’indemnité.
Cette formule n’exprime pas une certaine disposition pour un compromis palestinien possible sur le droit au retour.
L’engagement de réaliser le “droit au retour” est ancré dans « la loi du droit au retour des réfugiés palestiniens » que le Conseil législatif palestinien a ratifiée en 2008. La loi décrète entre autres:
*Le droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers et leurs propriétés et le versement d’indemnités pour dédommager leur souffrance. Ce droit fondamental est sacré et naturel sur le plan personnel, et il est appliqué à un groupe civil, ou politique, et hérité de père en fils et ne pourra jamais être annulé. Il est interdit de réinstaller les réfugiés palestiniens ou de les déraciner de leur camp comme alternative au droit pour le retour. Celui qui agit en contradiction des instructions de la loi serait considéré comme commettant un grave crime de trahison et serait sujet par toutes les punitions possibles.
Dans ce contexte, l’effort diplomatique palestinien mené par Abbas et notamment l’adhésion aux Nations-Unies pour la reconnaissance d’un Etat palestinien basé sur les frontières d’avant juin 1967 a pour objectif de gagner une validité légale et obtenir un retrait complet de l’Eta juif de toute la Cisjordanie, inclus Jérusalem Est, mais sans que les Palestiniens ne seraient obligés d’accepter en revanche le moindre compromis sur la question des réfugiés.
En conclusion, le problème des réfugiés demeure le cœur du conflit israélo palestinien. Pour les Palestiniens il s’agit d’un “joker”, une carte maîtresse avec laquelle ils pourront maintenir le conflit avec Israël même après la création d’un Etat palestinien. En clair, le but final serait de gagner la bataille démographique et ainsi installer à long terme une seule et unique Palestine de la rivière du Jourdain à la mer Méditerranée.