Arrêtons ensemble la course de l’Iran vers une hégémonie régionale

 Dans le conflit israélo-arabe l’élément religieux est nouveau. Il s’est greffé  par le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah, des mouvements basés sur la religion. Lorsque l’on parle et on agit pour et au nom de Dieu, le compromis n’existe guère.

• L’Iran est une nation formée de commerçants, et son système financier à besoin du contact permanent avec le monde extérieur. Cela est sans doute un levier pour pouvoir imposer des sanctions au sujet de ses plans nucléaires et faire réfléchir Téhéran sur la marche à suivre. L’Europe peut sans doute renforcer les sanctions mais le volume des échanges commerciaux avec l’Iran demeure important.

• En réalité, tout dépendra de la position des Etats-Unis, de son pouvoir et de son rôle dans ce monde du 21ème siècle. Je crois que l’Amérique possède les moyens nécessaires pour pouvoir se réinventer économiquement et rétablir sa puissance mais nous constatons que l’Iran avance ses pions contrairement à nos souhaits vis-à-vis de Washington.

•  Israël fait partie du camp que l’Amérique a conduit pendant ces dernières décennies en termes de valeurs universelles, mode de vie, et démocratie. Il est important que ce camp ne perde pas de son pouvoir, et c’est la raison qu’une Amérique forte est dans l’intérêt très clair d’Israël, indépendamment du fait que les démocrates ou les républicains soient au pouvoir.

En comparant la puissance des Etats-Unis et celui Al Qaïda, nul ne le doute que les Américains sont les plus forts. L’armée israélienne est aussi plus forte que le Hezbollah et le Hamas. Toutefois, les guerres que nous avons déclenchées contre le Hezbollah en 2006 et le Hamas en 2009 n’ont pas mis à terme définitif à leur reddition inconditionnelle. Le succès des opérations a réussi à retrouver la dissuasion, mais non la capitulation.

Cependant Manhattan a été attaqué à partir de l’Afghanistan et donc la planète se partage  d’ennemis potentiels ou d’alliés. L’ère de la technologie moderne a réduit l’importance des frontières, elles ne peuvent interdire la circulation de l’information, des peuples, ou des missiles. Les nations ne peuvent plus contrôler le flux des nouvelles. Les peuples sont désormais plus forts qu’auparavant tandis que les Etats le sont beaucoup moins. Cela signifie également que les “méchants” deviennent plus nombreux et plus audacieux et plus puissants.

Cela se traduit par un changement de la nature de la guerre. Les guerres sont actuellement combattues et vues en temps réel à la télévision, et donc il existe des limites dans ce nouveau monde ouvert à tous. Le côté fort devient plus faible parce que chacun peut observer ses actes, alors que le camp faible devient plus fort parce qu’il devient la victime et chacun peut voir les dommages commis. Cela ne signifie pas que le fort est mauvais et le faible est bon, mais la nature et les règles de la guerre ont changé.

Les acteurs comprennent aujourd’hui des participants non étatiques. La menace principale de certains régimes arabes est  la chaîne de télévision Al-Jazeera. D’autres acteurs importants qui ne sont pas des Etats sont le Taliban, Al Qaïda, le Djihad islamique, le Hezbollah et le Hamas.
La religion est devenue également un facteur dominant. Si on  demande à l’homme de la rue comment s’identifie-il, eh bien, dans le passé, il répondrait que sa première identité est arabe. Aujourd’hui, il vous dira probablement qu’il est avant tout musulman. Le Taliban, le Djihad islamique, Al Qaïda, le Hamas et le Hezbollah sont tous basés sur la religion. Le président Nasser d’Egypte n’a jamais dit qu’il se  battait contre les Juifs au nom de Dieu, de même les dirigeants de Syrie ou de Jordanie. Aujourd’hui, l’Iran, le Hezbollah et le Hamas affirment qu’il ne peut y avoir un Etat non musulman.

Le conflit actuel se focalise aujourd’hui entre l’Iran et les Etats-Unis sur le projet nucléaire. Si l’Iran réussit son projet les implications le seront planétaires. Premièrement,  c’est la fin du traité de non prolifération nucléaire (TNP). Certains pays, tel que l’Egypte ont affirmé qui suivront l’Iran et d’autres peuvent le faire sans le dire. Dans un monde de prolifération nucléaire, la capacité des superpuissances pour intervenir sera plus difficile et pourrait être quasiment nulle.

L’alliance entre l’occident et les Etats arabes de la région du Golfe a été basée sur l’accès au pétrole – un élément clé dans le monde économique. Dans la même veine, l’Occident/Amérique protège la défense de ces régimes contre les mouvements radicaux. Ces pays ont été concernés par la nucléarisation iranienne, qui signifierait l’hégémonie iranienne, greffée par l’exportation de sa révolution islamique. Si l’Amérique et l’Occident ne peuvent les protéger ils pourraient joindre le camp iranien. Pensez-donc  à un monde où l’Iran et ses alliés auront une influence considérable sur le prix du pétrole.

Sur une population de 1,4 milliard de musulmans, l’écrasante majorité souhaite vivre, comme tout être humain, dans un monde heureux, prospère et stable et non nécessairement dans un cadre démocratique. Pourtant dans toutes ces sociétés, des groupes minoritaires veulent déstabiliser ce mode de vie en pratiquant la religion, comme ils l’entendent. Ils mènent un combat contre les idées occidentales, telle que l’égalité de la femme, et contre les libertés fondamentales, telle que la liberté d’expression. Une victoire de l’Iran serait également leur propre victoire. Le Hezbollah pourra devenir plus arrogant si l’Iran gagne dans son combat contre l’Amérique tel que le Hamas le sera  vis-à-vis de l’OLP.

Le Hezbollah est un phénomène unique, un parti libanais qui est aussi syrien et iranien. Le dirigeant du Hezbollah Nasrallah se fait appeler l’émissaire personnel du dirigeant suprême iranien. Nasrallah est un arabe un libanais par nationalité, et un ami proche et allié militaire d’un non arabe non libanais non iranien perse nommé Ahmadinejad, luttant contre les autres arabes et libanais. Cela parce que Nasrallah et ses partisans  sont d’abord et avant tout des shiites.

Le soutien iranien et syrien au Hezbollah est composé de systèmes d’armes, de service de renseignements, de la formation et de l’idéologie qui ont pour but la déligitimation et la liquidation d’Israël. Le Hezbollah possède plus de 50,000 roquettes et missiles  pointés sur le Nord  d’Israël, c’est le plus important arsenal du monde. Le  Hamas et le djihad islamique à Gaza qui sont sunnites, ont plus de 5000 roquettes certaines proviennent d’Iran et de Syrie.

L’Iran se rapproche de son objectif en fabriquant chaque jour de nouveaux missiles et en avançant dans son projet nucléaire.

La bataille en cours entre l’Amérique et ses alliés contre l’Iran est d’une importance majeure pour nous tous. Nous n’avons pas demandé aux autres nations de se battre pour nous. Toutefois, s’il y a vraiment un intérêt mondial de stopper l’hégémonie iranienne et sa capacité nucléaire, alors ils doivent agir à ce sujet et à temps. Les Iraniens défient l’Occident, les Nations Unies et l’Organisation internationale de l’Energie atomique. L’Iran est certes une ancienne nation avec une histoire et une grande culture mais aujourd’hui elle dépend du monde extérieur et les mesures prises l’année dernière par  les Nations-Unies, la Communauté européenne et des Etats-Unis sont importantes mais pas paralysantes.

Israël n’a pas besoin des révélations  de Wikileaks pour savoir ce que certains régimes voisins pensent de l’Iran. Lors d’une rencontre avec un homme politique américain  en visite en Israël après avoir visité six ou sept pays arabes concernant la question israélo palestinienne, il a déclaré qu’à chaque réunion 10% a été consacrée à la question palestinienne et 90% sur l’Iran. Si les pays qui s’opposent à l’Iran deviennent plus faibles cela joue en faveur de l’Iran. L’Egypte était l’un des pays qui se sont dressés contre l’Iran et avec l’Occident. Nous ne souhaitons pas un renforcement de l’axe radical et l’affaiblissement du camp modéré.

Une Amérique forte est donc un intérêt israélien très clair.

Extraits d’une intervention au JCPA-CAPE du Vice-Premier ministre Dan Meridor