Allemagne-Israël : une relation douloureuse, spéciale et unique
Ce n’est pas la première fois qu’un chancelier allemand effectue un voyage en Israël mais chaque visite nous plonge dans la mélancolie et le souvenir d’un passé sombre et douloureux. Face à la banalisation quotidienne de la Shoah et à la multiplication des actes antisémites, nous ne pourrons jamais oublier le génocide ! Comment pourrait-on gommer la barbarie nazie de notre mémoire individuelle et collective ? Le syndrome de la Shoah continue de nous hanter car les menaces proches et lointaines sont ici, et en Diaspora, omniprésentes.
Cependant, qui aurait imaginé dans les années 1930 une rencontre officielle et amicale entre Allemands et Juifs à Jérusalem ? Entre plusieurs ministres venus spécialement de Berlin pour discuter avec leurs homologues israéliens de l’avenir des relations économiques, culturelles, scientifiques et militaires entre les deux pays amis ?
Voilà déjà plus de 60 ans que nous avons tourné la page avec la nouvelle Allemagne. En 1952, suite à de pénibles tractations – et malgré les protestations et manifestations, la grande douleur et l’amertume des survivants de la terrible Shoah – nous avons signé un accord de réparation, puis 13 ans plus tard nous avons établi des relations diplomatiques complètes et solides.
Aujourd’hui, les relations Allemagne-Israël sont au beau fixe. L’Allemagne est notre partenaire commercial le plus important de la planète juste après les Etats-Unis, et loin devant la France. Les importations israéliennes représentent un total de presque 2,5 milliards de dollars. Alors que la France avait imposé un embargo sur les armes, la République Fédérale d’Allemagne nous a fourni du matériel militaire, notamment des sous-marins. Nous entretenons avec les Allemands de nombreuses relations scientifiques et universitaires ; contrairement à d’autres pays européens, dont la France, le boycott et la délégitimation ne font pas recette à Berlin ! Les campus sont chaleureusement ouverts aux professeurs, aux chercheurs ainsi qu’aux étudiants israéliens. Plus de 7 000 jeunes allemands visitent chaque année l’Etat juif.
Dans ce contexte, la visite de la chancelière Angela Merkel avec son impressionnante délégation ministérielle est plus que jamais importante pour pouvoir renforcer et consolider nos relations dans tous les domaines et sur tous les plans. Certes, il existe entre nous des divergences sur le processus de paix et sur l’avenir des implantations, mais elles reflètent la position commune de l’ensemble de l’Union européenne. Il est bien naturel que la chancelière soutienne et encourage les inlassables efforts de l’infatigable John Kerry.
Enfin, preuve supplémentaire de la spécificité de nos relations : Madame Merkel a choisi de visiter exclusivement Israël. Elle a refusé de suivre les autres chefs d’Etat occidentaux, notamment François Hollande, en ne se rendant pas comme de coutume chez les Palestiniens…
Freddy Eytan