Qu’allaient-ils faire dans cette galère ?

 

wikipedia-logo1Ainsi donc la France a réuni une conférence pour la paix au Proche Orient. Il est toujours bien de se préoccuper de la paix ; on regrette que Paris ne l’ait pas fait pour les conflits effroyablement meurtriers de Libye, du Soudan, d’Irak, de Syrie…

Mais enfin, un peu est mieux que rien et on comprend qu’avec le terrorisme, la crise, les manifestations, les grèves et les inondations, on ne puisse pas s’occuper de tout.

La France emplie de sa mission civilisatrice décrite par Victor Hugo et reprise par Jules Ferry [1], reste figée dans son attitude colonialiste : il fut annoncé que l’objectif était d’imposer une solution aux belligérants non conviés ; le principal concerné, Israël, s’est opposé à cette initiative. A moins, qu’il se soit agi de montrer que Paris puisse jouer à la grande puissance diplomatique. Même dans les négociations des Accords Sykes-Picot, si décriés, l’avis des Arabes avait été pris en compte [2]

Le Quai d’Orsay d’où est partie cette initiative du temps de Fabius, étant la seule administration française qui n’ait pas connu d’épuration à la Libération, on comprend mieux l’obsession anti-israélienne qui y règne. Il s’agit de faire pression sur Israël qui ne cesse d’appeler à la paix depuis sa renaissance.

La France se déclare neutre dans le conflit mais ne cesse de soutenir une Autorité Palestinienne, au nom de ses grandes valeurs : la démocratie avec un président à la dixième année de son mandat de quatre ans, la laïcité avec un conseil des ministres qui commence par la prière, les persécutions contre les athées (cf. Waleed Husseini), la défense des minorités avec la disparition progressive des chrétiens de Bethléem et les persécutions de ceux de Gaza, l’enseignement de la haine dans les écoles et dans les médias officiels de ladite Autorité, la répression de l’homosexualité, les crimes d’honneur… et l’apartheid : Abbas a déclaré « qu’aucune présence juive ne sera toléré dans le futur Etat Palestinien ». La France participe largement au financement de tout cela ; ce faisant, d’ailleurs, elle abandonne les déshérités de la région à leurs exploiteurs et attise la vindicte des irrédentistes.

En France, on ne cesse de parler des « territoires » d’au-delà de la ligne d’armistice de 1949, officiellement abandonnés par la Jordanie [3]. Il serait intéressant de savoir ce qu’il se passerait si Israël ouvrait à Tel-Aviv des bureaux des mouvements indépendantistes canaques, antillais, guyanais si chers à Christiane Taubira, comoriens, etc. La paille et l’apôtre !

La France se déclare impartiale dans ce conflit mais a voté le plus souvent possible, dans les instances internationales, des résolutions anti-israéliennes. Notre président et notre premier ministre ont regretté officiellement leur dernier vote à l’UNESCO ; Manuel Valls a même déclaré, en Israël, qu’un tel vote de déni ne se reproduira pas mais, l’encre de la signature n’est pas encore sèche que la France vote une nouvelle résolution onusienne inique auprès de l’OMS… Quelle crédibilité ! Que la France prenne en charge les familles d’Abbas et du patron du Hamas à Gaza qui sont, de notoriété publique, régulièrement soignées en Israël.

La conférence annoncée à grand renfort d’annonces et de démarches diplomatiques a eu lieu, le rêve ancien de Fabius s’est réalisé, la montagne a accouché d’une fourmi : au terme de cinq heures, aucune autre conclusion qu’un attachement à une solution à deux Etats et une promesse de se revoir pour les vingt-neuf délégués… les petits fours devaient être bons.

Richard Rossin

Richard Rossin est ancien vice-président de l’Académie Européenne de Géopolitique

[1] Discours de 1885.

[2] Signées le 16 mai 1916 ; cf. les négociations Hussein/Mac Mahon et la lettre du 24 novembre 1915.

[3] Juillet 1988. La Jordanie les avait annexés en 1950 après les avoir conquis militairement.


Pour citer cet article :

Richard Rossin, « Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? », Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/quallaient-ils-faire-dans-cette-galere/


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