Absence d’audace diplomatique pour arrêter l’Iran
Le 21 février 2021, l’Iran et l’AIEA ont annoncé un accord « temporaire » pour maintenir une surveillance des activités nucléaires, bien que réduite. Ce délai devra permettre que les pourparlers diplomatiques s’engagent entre les signataires de l’Accord de Vienne afin de tenter de sortir de l’impasse. Cet « accord bilatéral technique » d’une durée de trois mois prévoit de « maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification », a assuré, Rafael Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique après des « consultations intenses » à Téhéran.
« L’accès sera réduit, ne nous voilons pas la face, mais nous serons en mesure de maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification », a assuré le directeur de l’AIEA. « Cela sauve la situation dans l’immédiat. »
La déclaration de Rafael Grossi intervient in extremis avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi mandatée par le parlement iranien dans le but de soutenir la surveillance du programme nucléaire iranien.
De ce fait, il n’y aurait plus sur le terrain « d’inspections instantanées » des Occidentaux sur les installations iraniennes.
Il était inutile de se féliciter sur ce dernier compromis car les Iraniens ont poursuivi leur programme nucléaire malgré et en dépit de cette « nouvelle entente ». Le Guide suprême, Ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que les niveaux d’enrichissement d’uranium ne seraient plus limités à 20%. « Nous pouvons même augmenter l’enrichissement à 60%. » déclare-il fièrement.
Soulignons que l’Accord signé à Vienne le 14 juillet 2015 (JCPOA), avait limité l’enrichissement à 3,67% seulement. Pur fabriquer un engin fissile, l’enrichissement devrait être à 90%.
La vérification des accords de Vienne a été extrêmement négligée. En novembre 2020, les niveaux d’enrichissement de l’Iran ont atteint 12 fois plus le montant autorisé, selon l’AIEA. C’est donc clair, Téhéran est actuellement maintenant sur la voie de se rapprocher plus que jamais d’une première bombe atomique.
L’accord sur le nucléaire iranien présentait d’autres erreurs et bévues graves qui devaient être corrigés. Prenons pour exemple, l’absence des missiles balistiques dans l’accord. Lorsque les Occidentaux avaient signé un accord avec Saddam Hussein à la fin de la Première guerre du Golfe de 1991, ils ne se sont pas limités au démantèlement des infrastructures et du matériel biologiques, chimiques et nucléaires que possédaient les Irakiens. Cet accord comprenait également tous les missiles balistiques au-delà d’une portée de 150 kilomètres. Malheureusement, dans l’accord avec l’Iran les missiles balistiques et de destruction massive ont été ignorés et hélas rien n’indique maintenant que cela va être remédié.
Une autre bévue dans l’accord du JCPOA suivait l’hypothèse que si l’Iran respectait ses conditions, eh bien, le comportement iranien deviendrait plus modéré. Cela a été projeté par les chancelleries occidentales comme conséquence possible de l’assouplissement des sanctions sur l’économie iranienne. Mais voilà qu’en revenant à l’accord de 2015, rien n’a changé dans le comportement de l’Iran ni non plus ses intentions belliqueuses et hégémoniques dans la région.
Les Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) ont continué d’employer ,de plus belle, des milices chiites. Un rapport publié récemment par l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, sur le site de l’Institute for Global Change affirme clairement que : « Le nombre de nouvelles milices fondées et structurées par les Pasdarans a augmenté considérablement. »
Depuis juillet 2015, au lendemain de la signature de l’accord de Vienne, l’expansionnisme iranien s’est répandu dans plusieurs domaines et régions. Le soutien à la guérilla des Houthis au Yémen a offert aux Ayatollahs une présence stratégique le long du détroit de Bab al-Mandeb qui relie la mer Rouge à l’océan Indien. Ayant pignon sur rue en Algérie, l’Iran collabore également avec le Polisario au Sahara occidental, à l’autre extrémité du golfe Persique.
Pourquoi l’Occident laisse faire et ne répond pas énergiquement à toutes ces interventions iraniennes ? Comment ne pas non plus réagir aux dernières frappes de roquettes iraniennes contre une installation américaine au Kurdistan irakien et contre un aéroport civil en Arabie saoudite ?
Certes, le 26 février 2021, les États-Unis ont effectué des frappes aériennes contre des infrastructures irakiennes à la frontière syro-irakienne, mais sans une politique américaine cohérente et une stratégie de riposte ponctuelle, les Iraniens ne seront pas vraiment dissuader par ces raids américains.
À l’heure actuelle, Washington est toujours déterminé à reprendre les pourparlers nucléaires avec Téhéran.
En conclusion, il est clair qu’en absence d’une diplomatie énergique et sans une forte réaction aux provocations iraniennes, les Ayatollahs intensifieront leurs actions à travers tout le Moyen-Orient.