77 ans après l’Indépendance, les Israéliens recherchent leur identité, leur sécurité et la paix

Freddy Eytan

Comme chaque année nous célébrons le jour de l’Indépendance au lendemain du Jour du Souvenir pour les victimes des guerres et du terrorisme, et une semaine après les cérémonies du souvenir de la Shoah. Ces grands événements de l’histoire de notre peuple seront toujours liés et soudés dans notre mémoire collective. Ils marquent à la fois nos douleurs, nos souffrances, notre délivrance et notre espérance, exprimant ainsi les souhaits de notre hymne national, Hatikvah.

Malheureusement, le 77ième anniversaire de notre Etat est célébré, comme le précédent, dans un climat de morosité, de mécontentement et d’incertitude. L’attaque surprise du 7 octobre 2023 a brouillé toutes les cartes. La guerre d’usure contre le Hamas au Sud et contre le Hezbollah au Nord n’est pas encore achevée. Les combats se poursuivent avec intensité et 59 otages sont toujours détenus à Gaza dans des conditions inhumaines. Chassés de leurs maisons, des dizaines de milliers d’Israéliens résidents le long de la frontière, vivent dans l’angoisse et craignent de retourner chez eux. Plus d’un an et demi après, les objectifs de la guerre ne sont pas toujours achevés malgré toutes les promesses du gouvernement et de Tsahal.

Le combat légitime de l’Etat d’Israël contre les Islamistes est aussi mal interprété, très mal compris, condamné systématiquement par la communauté internationale. Pire encore, de nombreux pays, particulièrement la France de Macron, estiment que la reconnaissance d’un Etat palestinien mettrait fin aux hostilités. Une approche naïve et insensée qui ignore la réalité sur le terrain et les changements géopolitiques.

Dans ce triste contexte, la société israélienne recherche son identité spécifique. Elle est déchirée, meurtrie entre la droite et la gauche, entre laïcs et religieux, séfarades, ashkénazes, Arabes et Juifs. Hélas, les extrémistes gagnent des points et dictent lamentablement l’ordre du jour. Un changement de cap devient urgent. Nous devrions cesser la violence verbale entre le pouvoir exécutif et le judicaire, entre les élus et les militaires. La démission du Premier ministre Benjamin Nétanyahou doit suivre celle, de Ronen Bar, chef du Shin Beit.

Israel's First Prime Minister Ben-Gurion reads Israel's declaration of Inderpendence in Tel Aviv

David Ben Gourion proclamant la création de l’Etat d’Israël dans le musée de Tel-Aviv, il y a 77 ans (GPO)

Certes, les querelles entre les différentes tribus d’Israël existent bien avant notre Indépendance mais elles risquent de devenir dangereuses car une partie non négligeable de la population n’a plus confiance dans les institutions de l’Etat. Elle ne respecte plus son héritage, ses symboles et ses cérémonies.

Pourtant, l’écrasante majorité des citoyens israéliens est heureuse et préfère vivre dans son propre pays plutôt qu’à l’étranger. Les Israéliens sont toujours prêts à combattre, et s’il le faut, à mourir pour leur patrie, à condition que la cause soit juste, légitime et prise sans raisons partisanes. Toutefois, la volonté de se sacrifier pour défendre la patrie n’a plus la même ardeur, ce véritable élan patriotique plein de vitalité et d’énergie.

77 ans après notre renaissance sur la Terre d’Israël, nous constatons un nouveau flottement dans les convictions des Israéliens, particulièrement au sein de la génération pionnière et chez une partie de la jeunesse. En effet, nombreux demeurent cyniques sur notre avenir, et quittent le pays pour s’installer à l’étranger. Chez une partie du peuple une vive appréhension anime leurs esprits. Au sein d’intellectuels, comme chez des anciens généraux et leaders politiques, l’amertume et la déception l’emportent largement. Ils se présentent comme des prophètes de malheur et prédisent la fin de l’Etat sioniste tandis que certains médias exagèrent vulgairement le récit des événements et rabâchent les mêmes slogans.

C’est bien donc en ces jours historiques que nous devrions réfléchir sur notre riche passé, notre héritage, prendre conscience de la réalité et s’unir sur la marche à suivre.

Soulignons qu’en dépit de toutes les guerres, les attentats terroristes perpétrés depuis 1948 et les cris de haine. Malgré l’odieuse et antisémite propagande de nos ennemis et détracteurs, les tentatives de délégitimation, la désinformation, et les critiques cyniques des médias, nous pouvons être fiers d’avoir réussi la formidable aventure. Fiers d’avoir le privilège d’appartenir à cette génération qui a vu Israël en marche, celle qui a observé l’accomplissement de gigantesques projets dans tous les secteurs et domaines. Nous avons eu le privilège de suivre l’aventure d’un peuple hors du commun, capable de faire des miracles, de fleurir le désert, de forger une société, renouveler une langue, construire un pays fort et moderne, malgré les nombreuses difficultés et les menaces existentielles. Ce peuple est capable d’affronter tous les obstacles et s’unir. Il n’existe pas dans le monde une démocratie qui se bat quotidiennement pour son existence.

Il est donc inutile de brosser un tableau sombre. Regardons le beau visage d’Israël, la belle réalité en face. Certes, Israël n’est sans doute pas parfait et de graves problèmes intérieurs existent sur tous les plans et notamment au sein du leadership politique. Dans chaque démocratie l’alternance existe toujours et il faut savoir la gérer dans un contexte transparent et légitime. Le temps est propice.

Les terribles défaillances du 7 octobre 2023 doivent être enquêtées profondément pour tirer les leçons et éviter demain le pire. Aucun responsable politique, chef militaire ou haut-fonctionnaire ne pourra échapper à la justice. Elle sera implacable.

Devant les grands défis nous pouvons toujours compter sur le soutien des communautés juives à travers le monde. Nous sommes donc capables de dissiper les nuages de morosité et d’incertitude. Après la grisaille de l’automne et le froid hivernal vient toujours le printemps.

Célébrons ensemble notre 77ième anniversaire de notre Indépendance dans la joie et la satisfaction, dans l’espoir de pouvoir relever de nouveaux défis et de vivre des jours meilleurs. Notre passé trimillénaire et la riche expérience en Israël, nous enseignent de demeurer optimistes pour pouvoir assurer la sécurité et la paix aux générations futures. Yom Hatsmaout sameah !