30 ans après les Accords d’Oslo : le rêve et le cauchemar
Il y a trente ans, le désir ardent d’aboutir à la paix avec les Palestiniens avait aveuglé les dirigeants de l’époque. La vision romantique d’un nouveau Proche-Orient idyllique comme le souhaitait, coûte que coûte, Shimon Pérès, a réussi à bouleverser tous les esprits et la donne géopolitique. Des conseillers arrivistes cherchant la gloire rapide et la connivence de la presse ont entraîné Yitzhak Rabin, à signer les accords d’Oslo malgré ses nombreuses réticences. Rabin savait parfaitement que les accords signés à la hâte avec l’OLP seront, tôt ou tard, bafoués par Yasser Arafat et ses successeurs. Le chef d’état-major de la guerre des Six Jours a perdu la vie, assassiné brutalement, lâchement, par un fanatique juif…
La gravité des accords d’Oslo réside dans la naïveté des dirigeants de l’époque, en particulier Shimon Pérès et Bill Clinton. Abandonnant bêtement le sérieux processus de la Conférence de paix de Madrid, ils pensaient qu’avec ces nouveaux accords la page avec les Palestiniens était définitivement tournée et que le Proche-Orient avait enfin changé de visage. Pourtant, ils savaient qu’Arafat est venu de Tunis avec ses troupes et des terroristes notoires. Accueilli à Gaza et à Jéricho tel un triomphateur, il s’installa à nos portes en pensant à la conquête par étape de toute la Palestine. Manipulateur et rusé comme un vieux renard, il a lancé son Intifada meurtrière et permis au Hamas de commettre des attentats suicide. La justification d’accueillir Yasser Arafat par un président américain à la Maison Blanche, puis d’oser remettre à un chef terroriste le Prix Nobel, ont éclipsé la réalité sur le terrain et ont plongé les Israéliens dans l’insécurité, l’anxiété et le désespoir.
Depuis les années 1970, le problème palestinien a suscité une large sympathie au sein du monde arabe et dans les pays non-alignés. La crise pétrolière et les mouvements d’extrême gauche ont provoqué en Europe de nombreuses manifestations en faveur de la cause palestinienne. Même l’assassinat spectaculaire de 11 athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich en 1972 a été perçu par ces mouvements comme des actes légitimes de « résistance ».
Paris était devenue la capitale de la cause palestinienne. La France a été le premier pays occidental à reconnaître Arafat comme le seul dirigeant officiel des Palestiniens tandis qu’Israël, la majorité des pays européens, et les Etats-Unis considéraient Arafat comme chef d’une organisation terroriste.
Le 21 octobre 1974, le ministre français des Affaire étrangères, Jean Sauvagnargues, rencontre Yasser Arafat à l’ambassade de France à Beyrouth. Quelques mois plus tard, la France ouvre un bureau diplomatique de l’OLP à Paris.
La France prétendait que son soutien à la cause palestinienne lui permettait d’obtenir du pétrole des pays producteurs, et éviterait des actes terroristes sur son sol. Depuis Giscard, tous les présidents de la République se sont bien trompés et n’ont jamais réussi à servir d’intermédiaire ni à influencer les dirigeants palestiniens de changer de narratif.
La solution du problème palestinien, que la communauté internationale exige depuis 1967, est une question complexe, compliquée et unique. Elle ne peut être résolue selon des critères historiques européens.
Le débat public sur le problème palestinien en Israël est légitime car il s’agit bien de questions existentielles et essentielles pour l’avenir de l’Etat. Après la signature des Accords d’Oslo le débat a violemment dérapé et a conduit à l’odieux assassinat de Rabin. Cependant, malgré la douleur et la rage, le gouvernement a respecté les accords avec les Palestiniens, et les engagements internationaux, et a poursuivi le processus de paix, ainsi que le débat public entre la Droite et la Gauche.
Dans le contexte historique du Moyen-Orient, notre devoir est de rapporter les faits et de rafraîchir la mémoire de tous ceux qui prétendent trouver une solution magique au conflit arabo-israélien. Rappelons donc les faits :
Le gouvernement Rabin-Peres décide au début 1993 d’entamer à Oslo des contacts secrets avec des représentants de l’OLP. Le 13 septembre 1993, Israël et l’OLP signent sur la pelouse de la Maison Blanche un accord de principes : Oslo 1. Une Autorité palestinienne est installée à Ramallah sous la présidence d’Arafat. Tsahal se retire de plusieurs villes de Cisjordanie et de Gaza.
Le 28 septembre 1995 un nouvel accord est signé à Washington : Oslo 2. En vertu de cet accord, les territoires de Judée, de Samarie et de la bande de Gaza sont partagés en trois zones :
- Zone A : sous le contrôle civil et sécuritaire de l’Autorité palestinienne.
- Zone B : contrôle civil des Palestiniens et sécuritaire d’Israël.
- Zone C : contrôle civil et sécuritaire de l’Etat d’Israël.
Soyons clairs, il ne s’agit pas d’État palestinien car il ne peut pas remplir les critères de droit international reconnus pour le statut d’État. Les Palestiniens sont divisés entre eux et parrainent, soutiennent, financent et encouragent le terrorisme.
Depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995, et jusqu’à l’élection de Benjamin Nétanyahou, les actes terroristes et les bombes humaines ont augmenté considérablement. Le gouvernement israélien décide de formuler une nouvelle politique celle de la « réciprocité ». Le 23 octobre 1998, Nétanyahou signe avec Arafat le « protocole d’Hébron », sur un redéploiement des forces israéliennes dans la ville des Patriarches. La cérémonie officielle s’est tenue à la Maison Blanche avec la participation du Président Clinton, du Président Moubarak, et du roi Hussein de Jordanie.
Suite à des divergences sur l’application du protocole d’Hébron, et la poursuite de l’incitation à la haine, les négociations avec les Palestiniens sont gelées. En mai 1999, Ehoud Barak est élu Premier ministre.
Le 4 septembre 1999, un nouvel accord est signé à Sharm el-Cheikh. Parallèlement, Israël se retire complètement et unilatéralement du territoire libanais.
Un nouveau cycle de négociations avec les Palestiniens commence le 5 juillet 2000 à Camp David, parrainé par le Président Clinton. Il sera poursuivi à Paris et à Taba. Barak offre à Arafat un compromis historique dont un retrait de plus de 90% des territoires et des arrangements administratifs à Jérusalem. Arafat rejette toutes les propositions d’Israël et déclenche une deuxième Intifada.
Le 10 août 2001, Ariel Sharon est élu Premier ministre de l’Etat d’Israël.
En juin 2002, le Quartet présente une « Feuille de route pour la paix » pour pouvoir résoudre le problème palestinien. Sharon émet 14 réserves, principalement sur des aspects sécuritaires. Le 4 juin 2003 un sommet à Aqaba, réunit Sharon et Abbas sous les auspices du Président Bush et du roi de Jordanie.
Suite à la mort d’Arafat le 11 novembre 2004 à Paris, et la nomination de Mahmoud Abbas comme président de l’Autorité palestinienne, se réunit le 8 février 2005 un nouveau sommet à Charm el-Cheikh.
Arafat et Mahmoud Abbas ont été mis à l’épreuve après la signature des Accords d’Oslo, durant la Seconde Intifada déclenchée en septembre 2000. En août 2005, Israël s’était retiré unilatéralement de la bande de Gaza et a déraciné toutes les implantations de Goush Katif et quatre autres dans le nord de la Cisjordanie. Par conséquent, le Hamas chasse l’Autorité palestinienne, prend le contrôle de la bande de Gaza et tire en permanence des roquettes sur des villages israéliens du Néguev.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Ehoud Olmert, des négociations secrètes avec les Palestiniens débutent en décembre 2006 et se poursuivent durant deux ans. En novembre 2007, un sommet est organisé à Annapolis par le Président des Etats-Unis pour relancer le processus de paix et parvenir à un accord permanent. Le Premier ministre Olmert avait proposé un important retrait de la Cisjordanie, mais les Palestiniens avaient, une fois encore, rejeté cette offre généreuse.
Le 14 juin 2009, à l’Université Bar-Ilan, le Premier ministre Nétanyahou propose pour la première fois d’établir un Etat palestinien démilitarisé aux côtés de l’Etat d’Israël.
En septembre 2010, l’administration Obama décide de relancer le processus de paix sous la médiation de la Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Israël a accepté de geler durant 10 mois la construction d’implantations en Cisjordanie.
Lors du second mandat du président Obama et durant 4 ans supplémentaires, le Secrétaire d’Etat, John Kerry tente lui aussi de faire avancer le processus de paix, mais sans succès.
Le 15 janvier 2017 se réunit à Paris une Conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient, mais sans la participation d’Israël et les Palestiniens.
Suite à l’élection du Président Donald Trump des émissaires américains tentent de relancer le processus de paix et d’aboutir à un accord de paix régional. Le Président américain s’est rendu début juin 2017 en Arabie saoudite, en Israël et à Bethléem. Lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas, il exige de cesser les activités terroristes et les paiements de salaires aux familles des « martyrs. » Abbas refuse, signe et persiste en encourageant indirectement l’incitation à la haine et les actes terroristes.
Trente après la signature des Accords d’Oslo, l’Autorité palestinienne demeure corrompue et fonctionne sans aucune réforme démocratique. Elle n’est plus capable de maitriser les organisations dissidentes ni lutter contre les terroristes. La coordination sécuritaire piétine et malgré les bonnes intentions israéliennes d’aider l’Autorité palestinienne, seule Tsahal combat contre les réseaux de la terreur à Djénine et à Naplouse.
Dans ce contexte sans issue, le fait que les Palestiniens se présentent de manière manipulatrice comme un État et adhèrent aux organisations et traités internationaux constitue un abus de la bonne foi de la communauté internationale, ainsi qu’une violation grave des accords d’Oslo qui ont été négociés.
La fixation des Palestiniens avec les « frontières de 1967 » n’a aucune base légale. De telles frontières n’ont jamais existé. Aucun des accords entre Israël et les Palestiniens ne fait référence aux accords d’armistice de 1949. La détermination des frontières est une question de négociation sur le statut final convenu. Revendiquer la création d’un État sur une résolution non contraignante de 2012 de l’Assemblée générale de l’ONU est bien entendu un acte manipulateur et trompeur. L’Assemblée générale n’est pas habilitée à créer des États et peut seulement encourager la négociation entre les parties. Tant que le statut permanent n’a pas encore été convenu, il ne peut donc y avoir aucun État palestinien.
Les Accords d’Oslo sont donc une sorte de parenthèse énigmatique entre la paix et la guerre, entre le rêve et le cauchemar. Les signataires préféraient l’illusion à la réalité sur le terrain tandis que les opposants dévoilaient la supercherie d’Arafat.
En conclusion, notons que depuis la guerre des Six Jours, chaque processus de paix impliquait des considérations de politique intérieure et une approbation de toutes parties de la coalition. Enfin, soulignons que les Accords de paix avec l’Egypte et la Jordanie ont été approuvés à la Knesset par une majorité écrasante tandis que les Accords d’Oslo par une majorité d’une seule voix, c’est-à-dire par seulement 61 membres de la Knesset sur les 120.
Dans la situation actuelle, il est évident que la création d’un État palestinien fragilisé ne pourrait être viable. Il deviendrait, très rapidement, un État terroriste et le théâtre de violences qui menaceront Israël et ses proches voisins, l’Egypte et la Jordanie. Compte tenu de tous ces risques et menaces, il est plus sage de mettre l’accent sur la stabilité de la région et d’envisager avec les Etats-Unis et l’Europe une solution régionale avec les Etats voisins et avec l’Arabie saoudite en particulier.
Voir le texte intégral des Accords signés avec Yasser Arafat sur la pelouse de la Maison Blanche – 13 septembre 1993 (PJ)
Voir sur le site en hébreu du JCPA-CAPE un dossier complet sur les Accords d’Oslo hier et aujourd’hui. https://jcpa.org.il/tag/30-%d7%a9%d7%a0%d7%94-%d7%9c%d7%94%d7%a1%d7%9b%d7%9e%d7%99-%d7%90%d7%95%d7%a1%d7%9c%d7%95/
Voir en PDF le document Top secret en hébreu du compte rendu intégral de la réunion du cabinet ministériel du 30 août 1993 approuvant le texte des Accords d’Oslo.