2023 : L’année des confrontations, du double jeu et des illusions perdues
L’année 2023 a débuté par des manifestations monstres contre la réforme judiciaire et elle s’achève par une guerre d’usure contre le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites.
Depuis l’indépendance de l’Etat d’Israël c’est bien la première fois que nous avons vécu de nombreux événements en cascade survenus durant une seule et unique année. Au départ, les massives protestations de rue avaient divisé la société israélienne. Elles ont plongé le pays dans la grogne et la rage, dans l’incertitude, la morosité et la déprime. La résilience commençait à s’effriter, elle ébranla fortement les piliers de l’Etat démocratique et les valeurs du judaïsme.
Les partis politiques campaient sur leurs positions intransigeantes. Des ministres incompétents, des leaders d’opinion capricieux et têtus, ignoraient les conséquences de la déchirure de la société israélienne et les retombées sur nos institutions, en particulier au sein de Tsahal, l’armée du peuple.
Nous avons eu l’impression que deux peuples opposés dirigeaient les affaires de l’Etat. Les discussions furent vives, passionnelles et houleuses. Chaque parti se campait sur des déclarations partisanes, sur des préjugés et des règlements de compte anciens, mais ne se préoccupait pas sérieusement des dossiers brûlants ni de l’image d’Israël à l’étranger. Pire encore, il était insouciant des intentions réelles de l’Iran et des préparatifs de la guerre par le Hamas et le Hezbollah. Il demeurait insouciant face aux dangers, pensant naïvement que les menaces sont passagères et elles disparaîtront après le règlement du problème palestinien. Et pourtant, chacun savait qu’un règlement historique uniquement avec les Palestiniens de Mahmoud Abbas ne pourra jamais marcher car le Hamas sabotera chaque accord avec l’Etat juif.
Rappelons que huit Premiers ministres, dont Nétanyahou, étaient prêts à faire des concessions douloureuses avec les Palestiniens. Ils n’ont pas réussi à parvenir à la paix ni avec Yasser Arafat ni avec Mahmoud Abbas.
On refusait aussi de distinguer entre une lutte légitime contre le gouvernement Nétanyahou avec la solution des problèmes nationaux et existentiels. Ces jours-ci encore, alors que des soldats tombent dans des combats acharnés, les manifestants appellent à la démission du Premier ministre.
Frappant aussi de constater le double langage, la contradiction flagrante des Européens. D’une part, on souhaite vivre en pleine liberté, sans frontières, sans aucune contrainte, comme ce fut naguère durant La Belle époque. Mais d’autre part, l’afflux des migrants et la vague terroriste imposent des lois draconiennes et même l’état d’urgence. On refuse toujours de comprendre qu’il n’y pas de différence entre les branches militaires et politiques au sein des mouvements terroristes. Ce ne sont pas des mouvements de libération mais des organisations religieuses fanatiques et extrémistes tels Al-Qaïda ou Daesh. Aucune distinction, non plus, au sein du Hezbollah et du Hamas. Le premier est une milice chiite armée avec plus de 200 000 roquettes et missiles, qui sponsorise le terrorisme et sème la terreur au sein d’un gouvernement marionnette libanais. Le deuxième est une organisation terroriste palestinienne, satellite des Frères musulmans, hostile à l’Autorité palestinienne, à la Jordanie, l’Arabie saoudite, l’Egypte et Israël.
Rappelons que depuis l’effondrement de l’Empire ottoman et les Accords Sykes-Picot, le Moyen-Orient demeure un foyer de crises permanentes, de conflits à répétitions, de coups d’Etat et d’interventions étrangères. Représentant 8% de la population du monde, notre région alimente plus de 70 % du terrorisme planétaire.
Pour mieux comprendre la complexité et l’asymétrie du conflit arabo-israélien, il faut savoir qu’il ne se limite jamais à un seul pays ou un territoire, ni à un peuple ou une organisation. Il est indéfectiblement attaché au monde arabo-musulman, sunnite et chiite, représentant cinquante-cinq États face à un seul État juif. Sur le plan religieux, il concerne tous les musulmans de la planète, à savoir 1,8 milliards face à 16 millions Juifs. De ce fait, le moindre incident sur le mont du Temple risque de mettre le feu aux poudres.
Le point culminant est le 7 octobre 2023. Le Hamas a donc choisi la mosquée Al Aqsa pour justifier son attaque surprise contre les villages israéliens. Depuis, tout a basculé, la donne géopolitique s’est complétement modifiée tandis que les Israéliens réalisent les terrifiantes défaillances. Les conceptions, les idées politiques s’écroulent et tombent comme des dominos. Face aux illusions perdues comment affronter les conséquences des drames familiaux et ses effroyables traumatismes.
Le bilan est déjà très lourd. Voici les chiffres officiels à ce jour :
- 486 soldats tués dont 282 dans la seule journée du 7 octobre. (Durant la guerre des Six-Jours 785 soldats sont tombés sur les trois fronts)
- 59 policiers tués.
- 800 civils massacrés dont 364 durant le festival de musique Nova.
- 11, 596 blessés dont nombreux demeurent dans un état grave.
- 128 otages sont toujours détenus dans des conditions inhumaines.
Depuis ce terrible jour, nous combattons ensemble pour une juste cause. Cette guerre se poursuivra plusieurs mois encore jusqu’à la victoire. Pourrions-nous accomplir cette noble mission ? Sommes-nous capables de s’unir et de surmonter les querelles et les divergences idéologiques ? Résister aux pressions internationales pour enfin assurer la sécurité absolue à tous les citoyens israéliens ?
Tout dépendra de la capacité et la détermination de nos leaders et de la confiance qui pourront inspirer. Il est clair que 2024 sera l’année des bilans, des enquêtes, des réformes et des révisions gouvernementales. Elles provoqueront de nouvelles élections législatives. Dans l’espoir qu’elles modifieront considérablement l’échiquier politique.