Normalisation Israël-Soudan – double coup à l’Iran et au Hamas

Yoni Ben Menachem

Jusqu’à ce jour, le Soudan était la plaque tournante de la contrebande terroriste, et une principale voie de l’Iran pour acheminer des armes au mouvement Hamas installé dans la bande de Gaza.

L’accord de normalisation entre le Soudan et Israël engage Khartoum à combattre le terrorisme sur son territoire et de ce fait représente un double coup aux activités de l’Iran et du Hamas dans ce pays gigantesque et stratégique, situé au sud de l’Egypte et ayant accès à la mer Rouge.

Le 23 octobre 2020, le Hamas a condamné l’accord de normalisation dans des termes virulents. Il a appelé le peuple soudanais « à se révolter et à combattre toutes les formes de normalisation et interdire tout contact avec l’ennemi sioniste criminel ». Selon le Hamas, cet accord signé avec l’Etat Juif n’apporterait aucun avantage, ni à la stabilité du Soudan et ni à la situation socio-économique désastreuse. Bien au contraire, cet accord aggravera la situation interne et approfondira les conflits et les clivages internes.

Depuis l’avènement du général Omar el-Béchir au pouvoir, le Soudan a soutenu le terrorisme international. Il avait accueilli Al-Qaïda et son chef Oussama ben Laden et il a apporté une aide permanente au Hamas.

Le président soudanais Omar el-Béchir accueille le chef du Hamas Ismail Haniyeh à Khartoum, 2011

Le président soudanais Omar el-Béchir accueille le chef du Hamas Ismail Haniyeh à Khartoum, 2011, ( Ikhwan Online )

Cette politique a été menée par el-Béchir durant trois décennies de 1989 à 2019. En mars 2009, el-Béchir a été inculpé par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes contre l’Humanité et crimes de guerre au Darfour. En avril 2019, il est renversé et arrêté lors d’un coup d’État.

 Voilà plus d’une décennie que les services israéliens du Renseignement avaient découvert que le Soudan servait de voie principale pour le transfert d’armes iraniennes vers la bande de Gaza.

Selon des sources étrangères (Au fil des ans, confirmées par des sources),  Tsahal a attaqué à plusieurs reprises des cibles installées au Soudan dans le cadre du combat d’Israël contre l’Iran.  

En mars 2009, le Time Magazine avait dévoilé que des avions israéliens et des drones avaient attaqué un convoi soudanais de 23 camions transportant des armes destinées à la bande de Gaza. Cette opération spectaculaire de Tsahal était à plus de 2500 kms de la frontière israélienne et elle nécessitait le ravitaillement en vol des avions de combat F-16 au-dessus de la mer Rouge. 

Le convoi qui fut complètement détruit transportait plus de 120 tonnes d’armements, dont des missiles antichars et des roquettes al-Fajr-3 capables d’atteindre 40 kms.

Capture d'écran d'une vidéo du convoi détruit au Soudan

Capture d’écran d’une vidéo du convoi détruit au Soudan. ( YouTube, Al Jazeera )

Cependant, malgré le succès de l’attaque israélienne, la contrebande d’armes s’est poursuivie.

Toujours selon des sources étrangères, en octobre 2012, quatre avions de l’armée de l’air israélienne ont attaqué l’usine iranienne d’al-Yarmouk au Soudan. Elle produisait depuis 2008 des munitions et des armes pour le Hamas.

Suite à une détérioration temporaire des relations avec l’Iran accusé de propager le chiisme au Soudan. Des armes ont été transférées depuis des navires iraniens qui accostaient régulièrement à Port Soudan. Les convois traversaient l’Égypte, le Sinai, et de là, vers la bande de Gaza. 

En mars 2014, des commandos de Tsahal ont intercepté le navire KLOS-C en mer Rouge. Le navire immatriculé au Panama, transportait 100 conteneurs d’armes et de ciment en provenance d’Iran, et devait jeter l’ancre à Port Soudan. 

Suite à la chute d’el-Béchir et la fermeture du bureau du Hamas et l’arrestation de ses membres à Khartoum, le 3 février 2020, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou rencontre à Entebbe, Ouganda, le président du Conseil souverain du Soudan, le général Abdel Fatah al-Burhan. Une page est ouverte avec Israël pour établir des relations diplomatiques.   

Des armes iraniennes destinées au Hamas et saisies par Tsahal sur le navire Klos-C intercepté en mer Rouge

Des armes iraniennes destinées au Hamas et saisies par Tsahal sur le navire Klos-C intercepté en mer Rouge. ( Bureau du porte-parole de l’armée israélienne )

Certes, des militants du Hamas sont toujours présents au Soudan et collaborent étroitement avec la confrérie des Frères musulmans et des dirigeants de l’opposition. Cependant, après que le président Trump a retiré le Soudan de la liste noire des pays parrainant le terrorisme, le régime de Khartoum se trouve dans l’obligation de lutter contre le fléau.

Le processus de normalisation des relations entre les pays arabes et Israël est un coup très dur pour le Hamas et pour ses activités militaires et terroristes. Les États du Golfe surveillent et contrôlent ses militants. En Arabie saoudite, 60 militants sont poursuivis pour trafic financier et blanchiment d’argent avec la Turquie.

Désormais, le Hamas est considéré par le Soudan et divers pays arabes comme un mouvement terroriste. Dans l’espoir que ces pays persisteront dans leur engagement à lutter contre le terrorisme chiite et sunnite, et parallèlement à promouvoir le processus de paix avec Israël.  

Voir l’intégralité de l’article sur le site anglais du JCPA-CAPE

https://jcpa.org/hamas-is-very-concerned-about-israels-normalization-with-sudan/

 

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