Macron va-t-il reconnaître « l’Etat de Palestine » ?

Freddy Eytan

Macron comme tous ses prédécesseurs joue le rôle du moraliste et de donneur de leçons mais toujours tente de rassurer en évoquant à chaque fois son engagement indéfectible pour la sécurité d’Israel. Bien entendu à condition que nous écoutons ses « conseils », permettons à la France d’œuvrer pour l’apaisement des tensions au Moyen-Orient, et que nous évacuerons tous les Territoires pour aboutir enfin à la paix.

Le 9 juillet 2020 nous apprenons par un communiqué publié par l’Elysée que le Président Emanuel Macron s’était entretenu au téléphone avec Benjamin Nétanyahou. Entre leaders de pays amis ces conversations sont normales et courantes mais cette fois-ci l’Elysée précise que le Président de la République a demandé au Premier ministre israélien « de s’abstenir de prendre toute mesure d’annexion de territoires palestiniens. Il a souligné qu’une telle mesure serait contraire au droit international et compromettrait la possibilité d’une solution à deux Etats comme l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. »

L’avertissement du Président Macron est rendu public sans préciser comme de coutume la réponse de Nétanyahou. Pourtant le Premier ministre a clairement expliqué la position israélienne. Il a indiqué qu’il agit conformément au Droit international et qu’il fallait trouver une nouvelle formule de négociation puisque toutes les précédentes avec les palestiniens ont échoué. Aujourd’hui, les leaders palestiniens refusent catégoriquement de s’assoir à la table des négociations et rejettent par avance tout compromis. A quoi bon répéter le même scénario, cela ne sert à rien et entraînerait un nouvel échec. Nétanyahou a clairement dit à Macron qu’il soutient le plan du président Trump car il contient de nouvelles idées qui permettent de réels progrès et qu’Israël est prêt à négocier la paix sur cette base. 

Emanuel Macron, Mahmoud Abbas

Sur le fond, le président Macron n’a pas de bons arguments et ne peut démentir Nétanyahou sur les faits historiques et la réalité sur le terrain. Il n’a pas non plus de proposition à faire pour sortir de l’impasse, sauf de rabâcher une fois de plus la position classique française, mépriser Nétanyahou sans le convaincre et de s’aligner aveuglement sur la position palestinienne. Cette position française a échoué car à vouloir jouer à tout prix un rôle d’influence dans notre région, la France n’a pas respecté, par sa politique partiale, les règles du jeu et le vrai arbitrage.

Dès le départ, depuis le général De Gaulle, la France persiste dans sa position et se base sur une erreur historique grave en définissant la Cisjordanie et Jérusalem de « Territoires palestiniens » Aucune preuve ingénieuse ni connaissance parfaite du dossier. L’ignorance des faits et des traités internationaux et le refus de reconnaître l’attachement des Juifs à la terre de leurs ancêtres ne sont-elles pas flagrantes, si criantes ?

Nous constatons que Macron a bien hésité avant de parler à Nétanyahou. Il a réagi une longue semaine après la date butoir du 1er juillet 2020.

Sa démarche intervient à l’issue de pressions arabes, aux nombreuses protestations de députés, de pétitions de la part d’intellectuels juifs et suite à une campagne virulente dans la rue et dans la presse.

Emanuel Macron, Benjamin Nétanyahou

Dans ce contexte, il est clair que la position traditionnelle du Quai d’Orsay représentée à Jérusalem par le Consul général de France, René Troccaz, a joué un rôle déterminant dans la démarche du président Macron. Le Consul français à Jérusalem est depuis fort longtemps « l’ambassadeur de la France en Palestine. »

Pourtant, aucune décision n’a été prise officiellement par le gouvernement Nétanyahou-Gantz. L’affolement est donc inutile.

Malgré tout, une autre initiative est mise à l’ordre du jour. On apprend sans surprise, qu’une centaine de députés et sénateurs de toutes tendances se mobilisent pour que « la voix de la France se fasse entendre à un moment crucial de l’histoire du Proche-Orient ». Ils demandent à Emmanuel Macron de reconnaître sans délai l’État de Palestine.  Bien entendu, ils ignorent que cet Etat n’existe pas et n’a jamais existé…

Lors d’une conférence de presse tenue en urgence par ces députés, nous apprenons aussi que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, leur avait assuré que «la France n’accepterait pas tout, ni même une partie d’une petite colonisation ». Le message officiel est bien clair…il est même menaçant…

Plusieurs maires de France appellent aussi à « développer une solidarité avec les collectivités palestiniennes face à l’annexion israélienne et initier des parrainages avec les villages palestiniens de la vallée du Jourdain ».

Toujours sans connaître la réalité sur le terrain, ignorant le fait que quelques milliers de palestiniens vivent seulement dans cette zone, et que la majorité écrasante préfère vivre dans le cadre d’une autorité civile israélienne.

La position de certains députés écologistes et communistes est bien connue. Pour eux, il ne s’agit pas de critiquer simplement un gouvernement, une politique, ce qui est légitime en soit, mais de délégitimer tout un peuple et un Etat démocratique. Le Juif et Israël sont diabolisés à chaque occasion. Certains journaux et de nombreux sites Internet et des blogs véhiculent la haine et la désinformation. Les titres, les caricatures, les photos, les articles, les réactions et les commentaires déforment systématiquement les faits historiques et les réalités au Proche-Orient, et présentent Israël comme l’incarnation du Mal.

Le négationnisme n’est pas seulement une affaire de l’extrême-droite ou des fascistes, mais aussi et surtout des mouvements de l’extrême gauche, des révolutionnaires, pacifistes et anarchistes.

Ces mouvements discréditent totalement la nation juive et ses dimensions nationales et étatiques. Ils n’ont pas protesté contre les extrémistes du monde arabe et musulman, contre cette véritable industrie de la haine contre les Juifs israéliens propagée surtout par les Ayatollahs d’Iran. Quel rapport y-a-t-il vraiment entre cette extrême-gauche communiste laïque avec des militants religieux islamistes, sinon la haine de l’Etat juif-sioniste ?

Quant aux menaces de la part de fonctionnaires européens et surtout français, cela ne nous effraye guère. Chercher par tous les moyens de nous intimider n’aboutira à rien. Rappelons une fois encore que l’Etat juif est souverain et décidera seul sur la marche à suivre dans le cadre de ses propres intérêts sécuritaires.

En conclusion, une reconnaissance officielle de « l’Etat de Palestine » par le président Macron ne pourra nous surprendre. Nous réalisons que cette reconnaissance existe de facto depuis 1975, le jour où la France fut la première en Occident à ouvrir un bureau diplomatique de l’OLP à Paris.

Cependant, une confirmation officielle française de reconnaître unilatéralement et soi-disant « de jure » l’Etat de Palestine, confirmera et prouvera une fois encore que la France n’est plus notre alliée et sans doute pas un pays ami.