Macron s’acharne sur l’Etat palestinien, Trump négocie avec les Iraniens, et Nétanyahou…?

Freddy Eytan

Nous saluons les bonnes intentions de la France de jouer un rôle significatif dans le règlement des crises internationales et de chercher une solution définitive pour mettre un terme aux hostilités au Moyen-Orient. Toutefois, le processus adopté par Macron et des parlementaires français est inadaptable, irréalisable après le terrible événement du 7 octobre 2023. Depuis cet horrible pogrome, tout a basculé ! La donne géopolitique a complétement changé et la majorité écrasante des Israéliens s’oppose farouchement à la création d’un Etat palestinien indépendant. Comment imaginer actuellement la création d’un nouvel Etat terroriste à la solde des Islamistes ? Les Israéliens refusent le diktat, les risques inutiles, le suicide.

L’annulation de la visite en Israël de 17 parlementaires français des partis de gauche dévoile en effet la supercherie. Nous déplorons le boycottage mais aussi le rôle du consulat général de France à Jérusalem qui depuis plusieurs années s’est transformé en une véritable « représentation diplomatique en Palestine ». Une invitation des élus doit se faire en coordination avec la Knesset. De ce fait, leurs intentions n’étaient pas de dialoguer « de renforcer la culture et la paix » mais de provoquer et semer la zizanie, de manifester violemment contre la politique israélienne.

La mégalomanie du président français semble aveugler la réalité sur le terrain et la situation explosive au Moyen-Orient. Elle est la cause d’une politique mercantile et pro-arabe qui n‘a pas variée depuis 1967.  Cette ligne de conduite en faveur du monde arabo-musulman a échoué et pourtant Macron persiste et signe.

Emmanuel Macron

Sans consulter préalablement et sérieusement le gouvernement israélien, ignorant que l’Etat d’Israël représente le seul bastion démocratique au Moyen-Orient, Macron a lancé un plan de paix qui définit clairement le statut final avant même de pouvoir négocier tous les enjeux du conflit arabo-israélien. Bien entendu, Macron aura toujours l’approbation du monde arabe, de l’ONU, et de la majorité des nations du monde, mais ce plan sera-t-il réalisable sans l’accord et la signature du gouvernement israélien ?

Le dernier entretien téléphonique entre Macron et Nétanyahou prouve le total désaccord qui existe entre la France et Israël sur cette nouvelle initiative. Cependant, la réaction intempestive et irresponsable sur twitter de Yair Nétanyahou au président français n’a pas sa place dans les rapports internationaux. Netanyahou père a eu raison de désapprouver le style vulgaire de son fils. On peut aussi comprendre la rage de répliquer et défendre son pays, mais quand on est le fils d’un Premier ministre en exercice, la responsabilité oblige à des bonnes manières.

Dans ce contexte, comment Emmanuel Macron ose imaginer la création d’un Etat palestinien sans qu’il n’existe un seul attribut juridico-politique ? Un retrait de Tsahal de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est est-elle la solution ? Qui dirigera ce nouvel Etat ? Le Hamas qui a déjà pignon sur rue à Djénine et à Hébron ? Le dirigeant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, 89 ans ? Comment ne pas condamner préalablement un chef palestinien qui continue à soutenir l’incitation à la haine et les actes terroristes en payant des salaires aux auteurs et à leurs familles ? Comment ne pas dévoiler les violations des droits de l’Homme, la torture dans les prisons palestiniennes, la corruption et le manque de transparence au sein de la gouvernance Abbas ? Macron parle de réforme au sein de l’Autorité palestinienne, a-t-il était capable d’appliquer ses réformes en France, dans son propre pays ?

Les Accords d’Oslo n’étaient-ils pas un échec cuisant ? Macron, n’a-t-il pas encore compris le sens des slogans pro-palestiniens dans les manifestations de rue, dans les campus, à Paris et en province scandant : « Palestine libre de la mer au fleuve ? ».

Benjamin Netanyahu

C’est clair, la création d’un Etat palestinien devient une solution dangereuse et une menace existentielle pour Israël. Elle encouragera les organisations islamistes de poursuivre les actes terroristes et antisémites également en Europe, particulièrement en France. Emmanuel Macron devra donc étudier profondément les conséquences géopolitiques et les retombées intercommunautaires avant d’offrir à Mahmoud Abbas un Etat indépendant sans que ce dernier fasse une seule concession, aucune réforme. Le chef palestinien préfère continuer à recevoir une aide financière européenne pour la distribuer à ses proches…Ces jours-ci, il a osé inaugurer un gigantesque centre commercial ultra-moderne à Ramallah ignorant la misère et la détresse de son propre peuple.

En dénonçant par avance la politique israélienne Macron pense-t-il vraiment pouvoir remplir le rôle d’arbitre ? Les terroristes se moquent éperdument de l’esprit cartésien ou de la diplomatie des symboles. Ils méprisent les faibles et craignent le langage de la force. Dans la jungle du Moyen- Orient, seul le plus fort gagne sur tous les plans. En réalité, le président Macron ne possède pas les moyens de sa politique.  Il prouve déconnexion de la France des réalités du Moyen-Orient et ignorance des évolutions au Levant.

Macron souhaite réunir dans quelques semaines une conférence internationale grandiose coprésidée avec le Prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed bin Salman (MBS). Lors de son dernier voyage à Ryad, il a signé avec lui un partenariat stratégique qui permet aux deux pays de multiplier la coopération dans tous les domaines notamment dans la défense. Soulignons que lors de son dernier voyage au Caire, la France de Macron, celle qui recherche la paix et la stabilité dans notre région, a signé de nouveaux contrats d’armement également avec l’Egypte.

Etre à la fois un marchand de canons et un médiateur pacifique est-il vraiment compatible avec la logique française ?

157 Etats ont voté pour la création d’un Etat palestinien malgré l’opposition ferme des Etats-Unis et la forte réticence de plusieurs pays occidentaux, membres notamment du G7, Macron pense convaincre son homologue américain de ses bonnes intentions et lie le problème palestinien à un grand deal qui permettrait la reconstruction de Gaza, la normalisation avec l’Arabie saoudite et un nouvel accord sur le nucléaire avec l’Iran.

D’ailleurs, les négociations de l’administration Trump avec les Iraniens ne surprend guère mais inquiète beaucoup les Israéliens. Elle écarte, pour l’heure, l’option militaire. Nourris longtemps dans le sérail, les ayatollahs sont rusés et de très habiles négociateurs. Ils ont prouvé, à maintes reprises, leur capacité de tricher et de dissimuler leurs sites atomiques. Leur pays est au bord du gouffre et la grogne populaire anime les rues. Ils veulent gagner du temps et apaiser les esprits. Un accord avec les Occidentaux abolira les sanctions, écartera toute tentative de révolte contre le régime islamique et surtout éviterait une attaque israélienne. Donc, les Américains doivent être vigilants et refuser de signer un accord partiel sur le dossier nucléaire. La menace iranienne est planétaire et concerne plusieurs dossiers notamment le soutien aux groupes terroristes islamistes et les nombreux missiles balistiques.  Toutefois, durant ces négociations qui se déroulent sous les auspices du sultan d’Oman, les Américains informent, tout naturellement, les Israéliens sur l’évolution des conversations, contrairement aux négociations précédentes qui ont lieu en 2015 sous l’administration Obama.

Pour régler les conflits du Moyen-Orient, Israël préfère avoir un allié solide qui a fait ses preuves dans les moments de crise. Nous espérons vivement que Donald Trump ne prendra pas au sérieux les intentions contreproductives d’Emmanuel Macron au Moyen-Orient.

Devant le branle-bas international et l’isolement d’Israël que fait donc Nétanyahou ? Pourquoi reste-t-il dans l’expectatif ? Ne passe-t-il pas rapidement à des actions diplomatiques audacieuses même au risque de perdre sa coalition. Les intérêts de l’Etat d’Israël ne prévalent-ils pas à ceux des partis politiques capricieux et charnières. Arrêtons donc ce manège, ce comportement rusé et malsain pour pouvoir, par tous les moyens, aboutir à ses fins. Le devoir du Premier ministre est de dévoiler aux Israéliens ses réelles intentions et ne pas se contenter de promesses, de discours enregistrés et des messages creux de sens. Dans ces moments douloureux et incertains que nous traversons tous, il est dans l’obligation de présenter au président américain un plan de paix cohérent et pragmatique, une véritable stratégie qui aboutirait à la fin des hostilités, à la libération de tous les otages et à un terme définitif au pouvoir du Hamas.

Les Israéliens ont ras-le-bol des guerres meurtrières et des querelles intestines. Le temps est propice pour pouvoir enfin observer à l’horizon une solution politique. Le seul souhait est de vivre en paix et en sécurité absolue dans des frontières sûres et défendables. C’est la raison d’être à la veille du Jour de l’Indépendance.