Liban-Israël – une nouvelle étape vers la normalisation ?

Freddy Eytan

L’annonce de négociations à venir sur la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël a bien surpris les observateurs. Elles débuteront le 14 octobre 2020 à Naqoura sous la médiation des États-Unis et le parrainage de l’ONU. Certes, il ne s’agit pas d’un accord de paix avec le pays du Cèdre car le Hezbollah refuse tout contact direct ou compromis avec « l’ennemi sioniste ». Cependant, et malgré tout, des signes avant-coureurs de changement apparaissent à l’horizon. Pour la première fois, des leaders libanais tel que le président chiite de l’Assemblée nationale, Nabih Berry, ne recourent plus au qualificatif « ennemi » en parlant de l’État d’Israël.

Tsahal s’est retiré de tout le territoire libanais et Israël considère que la frontière internationale est inviolable malgré le litige existant toujours concernant les fermes de Shaba dont la Syrie revendique aussi. Aujourd’hui encore, Israël est prêt à signer un traité qui mettra fin à l’état de guerre mais hélas toutes les démarches israéliennes ont demeuré vaines à ce jour. Rappelons qu’après la Première guerre du Liban en 1982 nous avons signé un accord-cadre de paix avec les Libanais. Suite à l’assassinat du président Béchir Gemayel et aux pressions syriennes ce traité fut annulé.

Depuis, le Liban refusait catégoriquement de négocier avec « l’entité sioniste ». Les nouvelles négociations, même si elles seront limitées dans le temps et dans l’espace, présentent de facto « une reconnaissance » de l’existence de l’État voisin israélien.  

Nabih Berri

Nabih Berri (Nabil Ismail | Facebook)

L’ouverture des pourparlers au moment où une vive tension règne le long de la frontière israélo-libanaise est donc un signe encourageant. Les négociations favorisent une trêve à long terme et elles maitrisent les intentions belliqueuses du Hezbollah en mettant la milice chiite et son parrain iranien au pied du mur. Isolé sur la scène internationale et devant affronter la pression des sanctions économiques paralysantes imposées par les États-Unis, l’Iran ne peut à court terme avancer ses pions et devrait attendre impatiemment les résultats des élections américaines.

Les discussions israélo-libanaises au siège de l’ONU de Naqoura soufflent un vent d’espoir et annoncent un climat pacifique. Elles arrivent juste après la signature des accords de normalisation diplomatiques avec les royaumes arabes du Golfe. Elles prouvent que seuls les Etats-Unis et non la France jouent réellement un rôle d’influence au Liban et dans notre région.

Il est clair que l’ensemble du peuple libanais souhaite vivement sortir du marasme économique et de l’emprise du Hezbollah. Les négociations avec Israel pourront conduire à des accords commerciaux notamment dans la découverte maritime de gisement de gaz, à condition bien entendu que l’Iran et sa milice chiite libanaise ne saboteront pas la voie de la normalisation. L’exemple des Emirats du Golfe prouve que des intérêts économiques réciproques peuvent conduire à des accords politiques.

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