Les enjeux du plan Trump sur l’avenir d’Israël et la paix au Moyen-Orient

Freddy Eytan

Quelques heures seulement après l’ultimatum du président Trump, le Hamas indiquait qu’il est prêt à négocier la libération de tous les otages détenus à Gaza. Comme prévu, le mouvement islamiste n’a pas approuvé le plan Trump et a émis plusieurs réserves. Sans attendre des clarifications du Hamas, le président américain s’est précipité à saluer cette réponse ambigüe, en affirmant : « je crois qu’ils sont prêts pour une paix durable » (sic). Il a appelé Israël à cesser immédiatement les frappes sur Gaza et que les détails seront étudiés en cours de négociations. Il a aussi mis en garde le Hamas et qu’il n’accepterait aucun retard.

Dans ce contexte, Netanyahou est prêt à entamer des négociations sur la première phase du plan américain. Lors d’une allocution télévisée il espérait ramener tous les otages « dans les prochains jours. »

De ce fait, et malgré toutes les nombreuses interrogations et les difficultés sur le terrain, la coordination étroite avec l’administration américaine est vitale et elle présente un atout considérable. En s’engageant à négocier le plan Trump, l’Etat d’Israël sort enfin de son isolement dans l’arène internationale et obtient des gages solides des Etats-Unis.

Dans sa démarche, Trump a mis en échec la diplomatie française et inflige un sévère camouflet au président Macron qui a voulu précipiter les événements en offrant préalablement un Etat aux Palestiniens sans obtenir aucune concession notamment sur la libération immédiate de tous les otages comme l’exige le président américain avec force.

Contrairement au plan Macron, les 20 points du plan Trump ont été écrits de concert avec Israël. Le plan américain n’a pas été élaboré à l’aide de l’IA (intelligence artificielle) mais étudié minutieusement et avec habilité par des experts et des diplomates chevronnés pour isoler, dès le départ, le Hamas et obtenir l’aval du monde arabo-musulman.

Donald Trump
Le président Trump annonce aux journalistes son nouveau plan de paix

Pour l’heure, il ne s’agit qu’une ébauche, un premier jet, mais il concerne une œuvre noble pour les futures relations entre Israël et tous les pays du Moyen-Orient.

Bien entendu, ce plan n’est pas un traité de paix mais il présente les grandes lignes d’une feuille de route. Un accord-cadre qui pose des jalons solides pour permettre aux acteurs de suivre clairement la progression du plan, tout en apportant ensemble des modifications et identifier à chaque étape les priorités stratégiques, économiques et diplomatiques.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avec le président américain Donald Trump
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avec le président américain Donald Trump. (Maison Blanche)

Certes, le plan Trump est vulnérable et semé d’embûches, mais après deux années de guerre sans issu politique, il a le grand mérite de pouvoir réaliser les revendications israéliennes, celles que nous souhaitons depuis la fin de la guerre des Six Jours de 1967.

Pour la première fois dans les annales du conflit israélo-arabe un président américain brouille les cartes et propose avec audace une vision différente pour régler la question palestinienne. Tout en remettant les pendules de l’Histoire à l’heure, il prend sérieusement en considération tous les facteurs représentés par la majorité écrasante des Israéliens :

  • Les droits historiques du peuple juif sur sa terre.
  • Pas de retrait sur les lignes d’armistice de 1949.
  • Des frontières sûres et défendables.
  • Jérusalem indivisible sous souveraineté israélienne.
  • Le plateau du Golan sous souveraineté israélienne
  • Le Hamas et tous les mouvements de « résistance » contre l’Etat juif sont désormais des organisations terroristes.
  • Non à la reconnaissance de l’Etat palestinien avant des négociations sur le statut final.

Bien entendu nous sommes qu’au début et le chemin vers la paix est semé d’obstacles, mais pour pouvoir mener une vie normale dans un environnement hostile, Israël devrait donc se munir d’une infrastructure complète de défense. L’Etat juif doit pouvoir assurer sa profondeur stratégique, défendre ses points vitaux, et protéger sa population dans les zones urbaines surpeuplées situées le long de la plaine côtière et la région de Jérusalem. Seules des frontières défendables et des mesures de sécurité adéquates pourront assurer la stabilité du Proche-Orient.

Malgré les incertitudes et les inquiétudes, la nouvelle donne géostratégique au Moyen-Orient présente de nouvelles opportunités. Elle offre à Israël des chances de développer une coopération sécuritaire avec des éléments pragmatiques de la région, avec tous ceux qui combattent les extrémistes et notamment l’Iran.

Les otages détenus par le Hamas

Cependant, malgré toutes les menaces et les risques, demeurons toujours optimistes en ayant une volonté politique pragmatique, pour enfin remodeler le Moyen-Orient vers la stabilité, la normalisation et la coexistence.

Désormais, Israël pourra mieux expliquer que la solution du conflit israélo-palestinien n’est pas la seule préoccupation de la région. Qu’il existe réellement des problèmes de sécurité justifiant des frontières défendables également sur le plateau du Golan et dans la vallée du Jourdain. Plus que jamais, nous pourrions également convaincre plus facilement les chancelleries européennes de la valeur stratégique de l’Etat Juif dans la défense de l’Occident lui-même notamment dans le combat contre le terrorisme islamiste. D’ailleurs, il est temps que l’Europe et en particulier la France prennent en considération non seulement les aspirations des Arabes, mais aussi l’héritage du peuple juif, ainsi que les menaces et les intérêts vitaux et sécuritaires de l’Etat d’Israël.

La question palestinienne ne pourra être réglée définitivement sans une solution globale de tous les autres conflits de la région. Le recours à la diplomatie est sans doute le meilleur outil pour éviter les guerres et mettre un terme aux conflits.

Durant les nouvelles négociations tenues au Caire sur la libération des otages, il est souhaitable de geler les pressions et les manifestations de rue à l’encontre de la délégation israélienne car elle encouragera le Hamas de mener une guerre psychologique macabre et sans fin. Indispensable également que Benjamin Netanyahou prenne ses responsabilités et empêche les rebelles extrémistes au sein de son gouvernement de saboter les pourparlers.

Ne ratons pas bêtement une occasion historique unique, celle de pouvoir négocier en position de force avec un soutien inébranlable des Etats-Unis.

Toute la nation israélienne espère vivement la libération de tous les otages même si le tribut est très élevé en relaxant des centaines de terroristes sanguinaires.

Jusqu’au jour où Israël obtiendra gain de cause, Tsahal devra maintenir sa présence dans la bande de Gaza, au Liban-sud et sur les hauteurs du mont Hermon, et obtenir des garanties solides pour pouvoir enfin vivre en sécurité absolue sans craindre un nouveau scénario cauchemardesque comme celui du 7 octobre 2023.

Annexe

Le plan du président Donald Trump pour l’avenir de Gaza- 29 septembre 2025

  1. Gaza sera une zone libérée du terrorisme et ne représentera plus une menace pour ses voisins.
  2. Gaza sera reconstruite au bénéfice de ses habitants.
  3. Si les deux parties acceptent ce plan, la guerre s’achèvera immédiatement. Les forces israéliennes se retireront jusqu’à la ligne convenue pour préparer la libération des otages. Pendant ce temps, toutes les opérations militaires, y compris les bombardements aériens et d’artillerie, seront suspendues, et les lignes de combat resteront figées jusqu’à ce que les conditions soient remplies pour un retrait complet par étapes.
  4. Dans les 72 heures suivant l’acceptation publique de cet accord par Israël, tous les otages, vivants ou décédés, seront rendus.
  5. Une fois tous les otages libérés, Israël libérera 250 prisonniers condamnés à la perpétuité ainsi que 1.700 Gazaouis détenus après le 7 octobre 2023, y compris toutes les femmes et tous les enfants détenus dans ce contexte. Pour chaque otage israélien dont la dépouille sera restituée, Israël restituera les dépouilles de 15 Gazaouis décédés.
  6. Une fois tous les otages revenus, les membres du Hamas qui s’engagent à respecter une coéxistence pacifique et qui rendront leurs armes bénéficieront d’une amnistie. Les membres du Hamas qui souhaitent quitter Gaza bénéficieront d’un droit de passage protégé vers les pays de destination.
  7. Dès l’acceptation de cet accord, une aide complète sera immédiatement acheminée dans la bande de Gaza. Les quantités d’aide seront au minimum conformes à celles incluses dans l’accord du 19 janvier 2025 sur l’aide humanitaire, y compris la réhabilitation des infrastructures (eau, électricité, assainissement), la réhabilitation des hôpitaux et boulangeries, et l’arrivée des équipements nécessaires pour enlever les débris et ouvrir les routes.
  8. La distribution et l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza s’effectueront, sans ingérence des deux parties, via les Nations unies et ses agences, le Croissant-Rouge, ainsi que d’autres institutions internationales non associées à l’une ou l’autre partie. L’ouverture du passage de Rafah dans les deux directions sera soumise au même mécanisme mis en œuvre dans le cadre de l’accord du 19 janvier 2025.
  9. Gaza sera gouverné en vertu de l’autorité transitoire temporaire d’un comité palestinien technocratique et apolitique, chargé de gérer les services publics et les municipalités pour la population de Gaza. Ce comité sera composé de Palestiniens qualifiés et d’experts internationaux, sous la supervision et le contrôle d’un nouvel organe international de transition, le Comité de la paix, qui sera dirigé et présidé par le Président Donald Trump, avec d’autres membres et chefs d’État qui seront annoncés, dont l’ancien Premier ministre Tony Blair. Cet organe établira le cadre et gérera le financement de la reconstruction de Gaza jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne ait terminé son programme de réformes, comme décrit dans diverses propositions, y compris le plan de paix de Trump en 2020 et la proposition franco-saoudienne, et puisse reprendre le contrôle de Gaza de manière sûre et efficace. Cet organe s’appuiera sur les meilleures normes internationales pour créer une gouvernance moderne et efficace qui bénéficie aux habitants de Gaza et favorise les investissements.
  10. Un plan Trump de développement économique pour reconstruire et dynamiser Gaza sera créé en réunissant un panel d’experts ayant contribué à la naissance de certaines des villes modernes florissantes du Moyen-Orient. De nombreuses propositions d’investissement réfléchies et idées de projets immobiliers excitants ont été élaborées par des groupes internationaux bien intentionnés et seront examinées pour parvenir à un cadre de sécurité et de gouvernance qui attire et facilite ces investissements, qui créeront des emplois, des opportunités et un espoir pour l’avenir de Gaza.
  11. Une zone économique spéciale sera mise en place, avec des droits de douane préférentiels et un taux d’accès qui doit encore être négocié avec les pays participants.
  12. Personne ne sera forcé à quitter Gaza, et ceux qui souhaitent partir seront libres de le faire et de revenir. Nous encouragerons les gens à rester et leur offrirons l’occasion de construire un Gaza meilleur.
  13. Le Hamas et les autres factions s’engagent à ne jouer aucun rôle dans la gouvernance de Gaza, directement, indirectement ou sous quelque forme que ce soit. Toutes les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d’armes, seront détruites et ne seront pas reconstruites. Il y aura un processus de démilitarisation de Gaza sous la supervision de contrôleurs indépendants, qui inclura la mise hors service permanente des armes via un processus convenu de désarmement, soutenu par un programme de rachat et de réintégration financé internationalement, le tout vérifié par les contrôleurs indépendants. Le nouveau Gaza sera entièrement dédié à la construction d’une économie prospère et à la coexistence pacifique avec ses voisins.
  14. Une garantie sera fournie par des partenaires régionaux pour s’assurer que le Hamas, et les factions, respectent leurs obligations et que la nouvelle bande de Gaza ne constitue pas une menace pour ses voisins ou ses habitants.
  15. Les États-Unis travailleront avec des partenaires arabes et internationaux pour développer une Force internationale de stabilisation (ISF) temporaire à déployer immédiatement à Gaza. L’ISF formera et fournira un soutien à des forces de police palestiniennes approuvées à Gaza, et sera en contact étroit avec la Jordanie et l’Égypte, qui ont une vaste expérience dans ce domaine. Cette force sera la solution de sécurité interne à long terme. L’ISF travaillera avec Israël et l’Égypte pour aider à sécuriser les zones frontalières, ainsi qu’avec les forces de police palestiniennes nouvellement formées. Il est vital d’empêcher l’entrée de munitions dans Gaza et de faciliter le déploiement rapide et sécurisé des biens pour reconstruire et revitaliser Gaza. Un mécanisme de désescalade sera convenu entre les parties.
  16. Israël n’occupera ni n’annexera Gaza. A mesure que l’ISF établit le contrôle et la stabilité, l’armée israélienne se retirera sur la base de normes, d’étapes et d’échéances liées à la démilitarisation qui seront convenues entre l’armée israélienne, l’ISF, les garants et les États-Unis, dans l’objectif d’un Gaza sécurisé qui ne représente plus une menace pour Israël, l’Égypte ou ses citoyens. Concrètement, l’armée israélienne rendra progressivement le territoire de Gaza qu’elle occupe à l’ISF selon un accord à conclure avec l’autorité de transition jusqu’à son retrait complet de Gaza, à l’exception d’une présence dans un périmètre de sécurité qui restera jusqu’à ce que Gaza soit correctement sécurisé contre toute résurgence de menace terroriste.
  17. Dans le cas où le Hamas retarde ou rejette cette proposition, les éléments ci-dessus, y compris l’importante opération d’aide, seront mis en œuvre dans les zones libérées du terrorisme remises par l’armée israélienne à l’ISF.
  18. Un processus de dialogue interreligieux sera établi sur la base des valeurs de tolérance et de coexistence pacifique afin de tenter de changer les mentalités des Palestiniens et des Israéliens en mettant l’accent sur les avantages qui peuvent découler de la paix.
  19. A mesure que le redéveloppement de Gaza progresse et quand le programme de réforme de l’Autorité palestinienne est fidèlement mis en oeuvre, les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un Etat palestinien, que nous reconnaissons comme étant l’aspiration du peuple palestinien.
  20. Les États-Unis établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens pour convenir d’un horizon politique pour une coexistence pacifique et prospère.