Les diplomates israéliens sont en première ligne devant le fléau du terrorisme antisémite

Freddy Eytan

L’attentat à Washington contre deux jeunes employés de l’ambassade d’Israël n’a pas été commis par un individu fanatique, un « loup solitaire ». Cette attaque meurtrière, contre un couple qui était sur le point de se marier, s’inscrit dans un climat général de haine antijuive orchestrée depuis le 7 octobre 2023 par des mouvements d’extrême gauche qui agissent pour la cause palestinienne en Amérique et en Europe. Sous l’impulsion de nombreuses organisations islamistes qui soutiennent une doctrine religieuse avec une foi aveugle, l’antisémitisme classique prend depuis la forme d’une idéologie anti-israélienne dangereuse.

Grâce à la vigilance du Mossad et un renseignement efficace sur le terrain, une vingtaine d’attentats furent déjouer depuis le déclenchement de la guerre à Gaza.

Dans ce contexte, la mission d’un envoyé israélien à l’étranger s’inscrit au-delà du défi à relever, elle comporte toujours des risques sécuritaires. Devant les menaces permanentes des terroristes, chaque diplomate s’expose à un danger éventuel et risque sa vie dans le cadre de sa mission. Au fil des ans, 18 diplomates israéliens ont été tués par des attentats terroristes.

Les consignes sont donc très strictes et imposent une extrême prudence particulièrement dans les déplacements. Bien que les ambassades et les chefs des délégations israéliennes sont protégés par les autorités locales, le Shin Beit veille sur l’ensemble de la sécurité de tous les envoyés à l’étranger.

En 1948, Israël avait des relations diplomatiques avec seulement une vingtaine de pays, aujourd’hui, 164 pays entretiennent avec l’État juif des liens bilatéraux.

Sarah Milgrim, Yaron Lischinsky

Sarah Milgrim, Yaron Lischinsky (Réseaux sociaux)

Devant le bras de fer permanent qui existe aujourd’hui entre le chef du gouvernement et le pouvoir juridique, il est inconcevable de nommer un nouveau chef du Shin Beit qui n’a pas fait ses preuves dans les services du renseignement. Surtout quand cette nomination est prise à la légère et a pour but de satisfaire des motivations personnelles et politiques. Pire encore, on a désigné un général qui exerce toujours ses fonctions quand le chef d’état-major n’est pas mis au courant. Comment concevoir un contact direct du chef du gouvernement avec un officier supérieur sans obtenir l’autorisation de son supérieur ? En l’an 2000, Ehoud Barak a eu tort d’avoir nommé le contre-amiral Ami Ayalon pour diriger le Shin Beit durant quatre ans, dans une période explosive provoquée par l’échec des Accords d’Oslo et d’une seconde Intifada avec une vague d’attentats perpétrée par le Hamas.

Ne répétons pas la même erreur.

Bien entendu, nous saluons la glorieuse carrière militaire d’un général de Tsahal, mais pour assumer une fonction si importante et si délicate et garantir notre avenir sécuritaire également à l’étranger, il est normal de nommer un fin connaisseur du renseignement et des services secrets. Une personnalité qui pourra tirer des leçons après les défaillances accablantes du 7 octobre 2023, sortir des sentiers battus et ainsi redonner confiance à ses subordonnés.

Le mur commémoratif du ministère des Affaires étrangères

Le mur commémoratif du ministère des Affaires étrangères (Yfro2016/Wikimedia/CC BY 4.0)

Soulignons que le Shin Beit est chargé de plusieurs missions qui concernent la sécurité d’Israël. Ses services doivent collecter des informations sur les actions subversives, contrecarrer les sabotages, recueillir des renseignements sur les Arabes israéliens et déjouer les activités d’espionnage pour le solde des pays arabo-musulmans dont l’Iran. Le Shin Beit est aussi responsable de la sécurité personnelle du président de l’État, du Premier ministre et de la sécurité des ambassades israéliennes à travers le monde. Contrairement aux services étrangers, il contrôle également avec Tsahal la sécurité dans des zones palestiniennes, il agit courageusement dans le secret dans des zones dangereuses et interdites, et il déjoue chaque jour des attentats terroristes.

Devant l’incitation à la haine antisémite et anti-israélienne, les diplomates israéliens sont toujours en première ligne à l’étranger et deviennent automatiquement des cibles après chaque opération militaire contre les Palestiniens. Les fonctionnaires de l’Etat combattent dans l’arène internationale dans des conditions complexes et difficiles mettant leurs opinions personnelles aux vestiaires. Ils défendent avec acharnement leur pays et tentent de convaincre leur interlocuteur et l’opinion publique.

Cependant, dans ce travail ingrat, ils sont souvent désarmés car la diplomatie publique gouvernementale est presque inexistante. Comment concevoir que dans un pays en guerre la coordination entre les ministères fonctionne mal. Comment gagner la guerre de l’information et combattre la désinformation quotidienne sans un budget annexe et des fonctionnaires compétents et orfèvres dans la communication.

Le chef de la diplomatie israélienne a eu tort d’accuser directement les gouvernements européens pour avoir contribuer à l’incitation à la haine antisémite.

Certes, les actes antisémites ont sensiblement augmenté en Europe mais Emmanuel Macron, Freidrick Merz et Keir Starmer ne sont pas des antisémites et chacun à sa manière combat dans son pays le fléau et assure la sécurité de la communauté juive. Nous regrettons leur politique partiale, certaines de leurs initiatives prises souvent à la hâte, les leçons de morale et leurs menaces d’imposer des sanctions ainsi que le manque de considération aux revendications légitimes de l’Etat d’Israël, mais ils demeurent des représentants de pays amis qui défendent leurs propres intérêts. Ils ne pratiquent pas une politique antisémite que nous avons connu dans les années sombres de notre histoire comme ce fut le cas également en Union soviétique.

Pour combattre le fléau, il faut apaiser les esprits et dialoguer, choisir la diplomatie classique et non la polémique, les querelles et les accusations réciproques. Il est nécessaire de trouver une entente sur les sujets controversés et des compromis, malgré les nombreuses divergences qui concernent surtout le conflit avec les Palestiniens.

Le devoir des diplomates israéliens est de poursuivre le combat contre l’incitation à la haine, les préjugés et les préjudices. Dénoncer le lavage de cerveau international orchestré par les dirigeants palestiniens, et des éléments de la gauche radicale occidentale. Prouvez par des preuves historiques et juridiques irréfutables que le récit véhiculé dans les médias, les réseaux sociaux, et au sein les campus universitaires est complétement faux et abject.

Toutefois, il faut reconnaître que nous avons-nous aussi une part de responsabilité. Au sein du gouvernement actuel certains ministres de l’extrême droite se prononcent en faveur de la guerre, de transfert de population, refusent une aide humanitaire, et encouragent indirectement la haine de l’Arabe. Et dans l’opposition, à l‘extrême gauche, un chef de parti, ancien général de Tsahal, accuse de « tuer des enfants pour s’amuser, comme hobby » et d’autres évoquent des crimes de guerre sans réfléchir aux retombées internationales. Des déclarations choquantes et révoltantes qui sème inutilement la zizanie, déchire la société civile et isole l’Etat d’Israël.

En raison d’un système électoral compliqué, l’absence d’un parti majoritaire, la multiplication de petites formations charnières et extrêmes, et surtout du climat de tensions idéologiques et constitutionnelles, Israël ne peut être gouverné convenablement et ne pourra jamais appliquer une politique cohérente, une diplomatie claire et harmonieuse. En fait, la politique étrangère, particulièrement celle du conflit, est presque inexistante et dépend directement des caprices des partis, du leadership au pouvoir, et de la fragilité de la coalition parlementaire.

Pour expliquer et défendre convenablement notre juste cause à l’étranger, il est nécessaire de former un corps diplomatique expérimenté, professionnel et apolitique, de véritables civil servants. Rares aussi sont devenus en Israël des maîtres à penser et des philosophes. Les professeurs dans les écoles et les universités devraient enseigner à réfléchir avec créativité, et toujours avec enthousiasme.

Soulignons que le combat contre le terrorisme palestinien a débuté depuis plus d’un siècle. Notre indépendance nationale, notre sécurité absolue, et nos libertés ne sont toujours pas acquises. La lutte est pénible et de longue haleine.

Nous étions résolus dans la guerre, mais nous sommes toujours courageux et clairvoyants dans la recherche de la paix. Cette quête de la paix est une constante de la politique israélienne. Tous les gouvernements – depuis l’époque de David Ben Gourion à nos jours-ont aspiré à conclure la paix avec les pays voisins, ne ménageant aucun effort pour atteindre cet objectif. Paix entre les peuples, paix entre l’homme et son prochain, c’est l’une des valeurs les plus sacrées de la tradition juive.