Le Royaume saoudien a changé de visage

Récemment, nous avons commémoré les spectaculaires attentats commis il y a juste 20 ans contre les États-Unis. Certains chercheurs et observateurs du Moyen-Orient ont été choqués d’apprendre que plusieurs auteurs des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, ainsi que leur commanditaire étaient des Saoudiens, des originaires d’un pays qui n’a jamais été associée au terrorisme international.  

Tous perplexes, ils tentaient de comprendre les raisons et les motivations de ces actes insensés et analyser la rage et la haine de ces saoudiens contre l’Amérique.

En examinant cette question, j’avais découvert, à l’époque, qu’il existait en Arabie saoudite d’importantes organisations caritatives multinationales représentant un courant extrême de l’islam datant du 18ième siècle. Il portait le nom de son fondateur :  Muhammad ibn Abdul Wahhab. 

Ces institutions caritatives transféraient des sommes fabuleuses d’argent pour financer des organisations djihadistes à travers le monde entier.  

En Israël, nous les avons suivis de très près puisque les grands bénéficiaires étaient les chefs du Hamas, un mouvement palestinien qui prônait des attentats suicides au sein de la population israélienne. Au cours de l’année 2000, le Hamas avait intensifié ses attentats dans le cadre de la deuxième Intifada.

En 2012, j’ai écrit sur ce sujet un ouvrage, Hatred’s Kingdom aux Editions Regnery. A l’appui de documents irréfutables j’analysais, la haine du royaume saoudien. Ce livre était devenu best-seller du New York Times.

Deux décennies plus tard, l’Arabie saoudite ne donne aucun centime à aucune des organisations terroristes et compris au Hamas. Aujourd’hui, les principaux pays qui financent le Hamas sont la République islamique d’Iran et le Qatar. Un tribunal à Ryad a même condamné 69 membres du Hamas à des peines de prison allant jusqu’à 22 ans. 

Riyadh

(B.alotaby/CC BY-SA 4.0)

Une évolution apparait donc sérieusement dans le royaume saoudien.

En 2001, la Ligue mondiale musulmane, dont le siège se trouve en Arabie saoudite répandait l’idéologie qui soutenait une nouvelle vague de terreur mondiale. Des réfugiés des États arabes étaient membres de la confrérie des Frères musulmans. 

Aujourd’hui, la Ligue mondiale musulmane publie la Charte de La Mecque basée sur la tolérance interreligieuse plutôt que sur le jihad. Son   secrétaire général emmena une délégation à Auschwitz. 

Nous sommes dans une situation bien différente et dans ce nouveau contexte, la thèse principale de mon livre s’avère erronée.

Depuis que Mohammed bin Salman (MBS) est le prince héritier d’importantes réformes ont changé le visage de l’Arabie saoudite. MBS a limité les pouvoirs de la police religieuse qui harcelait les citoyens saoudiens et les étrangers. Il a créé une nouvelle ville, Neom, située non loin du golfe d’Aqaba, à proximité d’Israël, de l’Egypte et de la Jordanie.

Il souhaite une nouvelle Arabie saoudite pouvant jouer un rôle de leader au Moyen-Orient et au-delà. Dans de nombreux domaines, les progrès réalisés en Arabie saoudite sont en effet remarquables. Certes, il existe des difficultés en raison surtout de la guerre au Yémen contre les Houthis pro-iraniens. L’Iran demeure omniprésente au Moyen-Orient et ses forces Houthis ont lancé des missiles et des drones sur la capitale saoudienne, Riyad. Un autre incident grave a terni l’image du royaume avec l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, dans l’enceinte du consulat saoudien en Turquie.

Face à l’hégémonie iranienne au Moyen-Orient et en Afrique et ses menaces nucléaires, nous devrions créer une nouvelle infrastructure de relations tel que l’OTAN face à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale.

Saoudiens et Israéliens partagent les mêmes préoccupations et se rapprochent. Nous devons créer un consensus pour la sécurité de nos nations. Certes, les risques existent à l’horizon, mais aussi de grandes opportunités et nous pouvons coopérer dans un esprit de franchise et d’intérêt commun. Le temps est propice et rien ne sert d’attendre car les deux peuples le souhaitent ardemment.

Au-delà de la géopolitique, rappelons que Juifs et Musulmans ont été des cousins ​​qui ont surmonté leurs différences. Au Moyen Âge, des érudits religieux juifs comme Maimonide ou des poètes, tel Yehouda Halevi écrivaient en judéo-arabe dont les lettres sont hébraïques.  

Nos religions sont enracinées dans des concepts communs, en particulier l’Unité de Dieu, Tawhid  en arabe. Notre concept a été inscrit dans le verset biblique : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un. » Nous avons protégé nos peuples des Byzantins, des Croisés et d’autres envahisseurs qui ont cherché à anéantir nos deux civilisations. Nous avons surmonté nos divergences et nous avons survécu grâce à la foi. 

Alors que nous sommes ensemble confrontés à des défis sécuritaires, nous devons léguer aux générations futures une nouvelle base de coopération et d’espoir qui maintiendra nos peuples dans une alliance de civilisations. 

Notre région a donné naissance à nos religions et nations. Elles sont toujours vivaces. Préparons donc ensemble et dans le respect mutuel un Moyen-Orient différent et prospère.