Le monde arabe et l’Occident se livrent à un double jeu dangereux avec le Qatar

Freddy EytanLa récente frappe israélienne sur une villa de Doha où les responsables de la branche politique du Hamas s’étaient réunis n’a pas réussi à atteindre tous ses objectifs mais elle prouve la détermination de l’Etat d’Israël de poursuivre les terroristes islamistes jusqu’au bout et où ils se trouvent : à Gaza, à Doha, à Istanbul ou à Paris. Telle la chasse contre les nazis après la Seconde Guerre mondiale ou après le massacre de Munich en 1972 contre 11 athlètes israéliens. Aucun pays au monde ne peut nous donner des leçons ou arrêter notre combat contre le terrorisme islamiste. Nous suivons exactement la politique américaine et européenne après l’attaque spectaculaire du 11 septembre 2001 à New-York.

Contrairement à la majorité des Etats de la planète, nous combattons contre le terrorisme arabe depuis plus d’un siècle pour vivre en paix et en sécurité absolue. Notre lutte est donc existentielle.

Dans ce contexte, la condamnation d’Israël par le Conseil de Sécurité de l’ONU est injuste et hypocrite. Nous déplorons dans cette affaire surtout la position américaine. Une opération à 1800 kms de nos frontières nécessite une planification minutieuse et un renseignement très précis. Mais comment les Américains, nos meilleurs alliés, avertis avant cette opération osent-ils informer aussi les qataris de l’attaque israélienne ? Et pourtant, elle visait exclusivement des chefs du Hamas, ceux qui glorifiient le massacre barbare du 7 octobre 2023.

Doha n’est-il pas devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste ? Pourquoi le monde libre et l’Amérique en tête laissent faire. Certes, l’argent n’a pas d’odeur mais l’oseille qatari est sale, puant de corruption nauséabonde.

L’Assemblée générale des Nations-Unies.
L’Assemblée générale des Nations-Unies. (UN Photo)

Nous regrettons vivement que notre gouvernement et des hommes d’affaires et stratèges en communication israéliens ont joué la carte qatarie et eux aussi ont permis ce double jeu dangereux. Inimaginable de permettre au Qatar de transmettre au Hamas des centaines de millions de dollars dans le but est de poursuivre la résistance armée contre l’Etat juif.

Le Qatar est un minuscule émirat arabe qui mène depuis plusieurs décennies une politique complexe et ambiguë mais n’est pas qualifié comme ennemi et donc avec les qataris nous avons eu des relations commerciales comme avec les autres émirats du Golfe persique.  Après les Accords d’Oslo signés en 1993 nous avons même ouvert un bureau d’intérêt à Doha. Depuis, les contacts se sont poursuivis avec le Mossad dans le cadre de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas sur la libération des otages.

Ambitieux, fiers et prétentieux, les émirs du Qatar pensent pouvoir conquérir le monde, acheter des villas, des palaces et des équipes de football, grâce aux ressources naturelles, et l’argent plein les poches. Ces nouveaux riches exploitent une majorité de pauvres travailleurs étrangers, bafouant toutes les règles humanitaires et syndicales élémentaires.  Ils ne connaissent pas de limites et souvent ils franchissent des lignes rouges.

Le président Donald Trump rencontre l'émir du Qatar lors de leur rencontre bilatérale, le dimanche 21 mai 2017, à Riyad, en Arabie saoudite
Le président Donald Trump rencontre l’émir du Qatar lors de leur rencontre bilatérale, le dimanche 21 mai 2017, à Riyad, en Arabie saoudite. (Photo officielle de la Maison Blanche par Shealah Craighead)

Rusés et sans scrupule, ils proposent leur médiation pour régler les conflits en cours au Moyen-Orient et même dans la crise Ukrainienne, prêts à négocier la libération des otages, tout en hébergeant des chefs terroristes palestiniens, et en soutenant les Ayatollahs chiites à Téhéran.

De ce fait, le président Trump devra exiger du Qatar l’expulsion de tous les membres du Hamas de son territoire et éviter à tout l’escalade dans la région. On ne peut pas faire avancer la normalisation dans le cadre des Accords d’Abraham et régler la solution à Gaza tant que le Hamas a pignon sur rue à Doha et sabote toute tentative de rapprochement entre le monde arabe et Israël.

Le Qatar abrite la base américaine la plus importante du Proche-Orient et vient de signer avec le président Trump un accord d’investissement faramineux mais cela n’est pas un prétexte surtout quand les émirs soutiennent financièrement des universités en Amérique et propagent un agenda à leur guise et des réseaux pro-palestiniens et antisémites.

Au surlendemain de l’attaque contre les chefs du Hamas à Doha, le président Trump a offert un dîner somptueux au Premier ministre du Qatar, Mohamed ben Al-Thani,  au moment même que l’Assemblée générale de l’ONU adoptait, par une écrasante majorité et au grand dam des Etats-Unis, la fameuse « Déclaration de New York » qui soutient un futur Etat palestinien.

Ce document de 8 pages précise que le « Hamas doit cesser son autorité sur la bande de Gaza ». Une déclaration non-contraignante et absurde qui ne mentionne pas la population palestinienne de Cisjordanie, celle qui s’oppose farouchement à l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et soutient le Hamas, filière de la confrérie des Frères musulmans dont le Qatar est membre actif.

En 1996, l’Emir du Qatar avait lancé Al-Jazeera, une chaine de télévision avec des studios ultramodernes, et un agenda politique clair dicté par la confrérie des Frères musulmans. Les reportages diffusés, en arabe et en direct, ne sont pas toujours contrôlés et sont souvent tronqués. Nous l’avons constaté particulièrement durant la Deuxième Intifada en septembre 2000, pendant la Deuxième guerre d’Irak menée par les Etats-Unis en 2003, lors du Printemps arabe déclenché en Tunisie en 2011, puis en Egypte, en Syrie et en Libye et surtout depuis le 7 octobre 2023 avec la connivence des « journalistes et photographes » du Hamas.

Al-Jazeera a été un acteur clé dans le façonnement de l’opinion publique, comme un porte-parole des Frères musulmans et contre les régimes arabes. Le but précis est de semer la zizanie, créer des scandales, des troubles dans le monde arabe et surtout haïr Israël. Ils sont responsables de la chute de Moubarak, Ben Ali et Kadhafi et de la montée en puissance des mouvements islamistes fanatiques, en connivence avec l’Iran chiite. L’Arabie saoudite, l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie et les Emirats ont souvent fermé les studios d’Al Jazeera et ont coupé en 2017 leurs relations diplomatiques.

Cette chaine d’information est atypique et ne peut être qualifiée selon les critères des télévisions internationales. Elle diffuse en plusieurs langues mais ne respecte pas toujours la déontologie et l’éthique journalistiques. Et pourtant, Le minuscule émirat du Golfe et sa chaîne de propagande, Al Jazeera, est jusqu’à ce jour intouchable et le point de mire de l’Occident.

Lors des jeux pour la Coupe du monde de football à Doha, novembre-décembre 2022, le minuscule émirat a tenté d’améliorer son image avec de l’argent comptant…

Aujourd’hui, le Qatar joue la victime et réunit à Doha un sommet arabo-musulman des chefs arabes avec la participation de l’Iran chiite et la Turquie sunnite. Le but est de créer un front commun, sanctionner Israël et l’isoler dans l’arène internationale. Une véritable récompense au Hamas et un encouragement à de nouveaux attentats contre l’Etat juif.

Le président Trump est-il conscient de ce tournant dangereux au Moyen-Orient, lui qui refuse la création d’un Etat palestinien et souhaite une normalisation avec l’Arabie saoudite dans le cadre des Accords d’Abraham ?

Dans ce contexte, la visite du Secrétaire d’Etat, Marco Rubio, à Jérusalem est importante pour clarifier la position américaine et consolider l’alliance stratégique entre les deux pays.

De ce fait, nous devrions refuser la médiation qatarie pour la libération des otages et préférer l’Egypte, le voisin le plus proche d’Israël et des palestiniens de la bande de Gaza.

Enfin, il était temps que l’Occident, l’Amérique en premier chef, jugent les émirs à leur juste mesure d’influence, en les remettant à leur véritable place dans la région.


Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États