Le combat inlassable des familles des otages et la récupération politique

Freddy Eytan

Le président Donald Trump est un homme pressé. Il souhaite vivement régler tous les conflits de la planète mais toujours en position de force. A la veille de l’offensive de Tsahal sur la ville de Gaza, il propose un nouvel accord pour la libération de tous les otages en échange de centaines de terroristes du Hamas détenus dans les prisons israéliennes. Le gouvernement Netanyahou examine sérieusement cette proposition mais demeure sceptique sur les véritables intentions du Hamas. Bien entendu, il n’est pas question de céder sur les intérêts sécuritaires et accepter un deal à tout prix.

D’autant plus que le Hamas poursuit ses actes terroristes et assassine des citoyens israéliens à Jérusalem, capitale de l’État juif.

C’est clair, l’organisation islamiste cherche à éviter par tous les moyens l’offensive israélienne et veut gagner du temps pour se réorganiser.

Incroyable mais vrai, depuis le 7 octobre 2023, une bande d’assassins islamiste détient dans les tréfonds de Gaza des otages innocents et dicte ses conditions à l’Amérique, la plus forte puissance du monde. Certes, un combat contre une guérilla est complexe et très pénible, mais comment ne pas être stupéfait du manque du renseignement sur les otages avec tous les systèmes de communications sophistiqués que les services israéliens et étrangers possèdent.

Les familles des otages représentent toutes les composantes de la société israélienne. Leur seul but était d’exercer des pressions sur le gouvernement pour qu’il œuvre, par tous les moyens, à rapatrier leurs proches, détenus dans des conditions inhumaines. Hélas, ces familles admirables et courageuses sont tombées dans les pièges de la récupération politique de gauche comme de droite.

Trump Warns Hamas
(Capture d’écran WION/YouTube)

Apparemment une protestation politique est tout à fait légitime dans un pays démocratique surtout quand la gouvernance fonctionne mal et n’a pas de projets précis et adéquats sur la marche à suivre. Malheureusement, les défaillances concernent non seulement le pouvoir politique mais surtout les chefs militaires et les services du renseignement.

Il s’agit bien de la plus grande faiblesse et incapacité de Tsahal depuis 1949. Elles sont plus graves encore que les erreurs commises avant la guerre de Kippour de 1973.

Une commission d’enquête nationale est donc nécessaire pour dévoiler au grand jour les véritables responsables, les lacunes et surtout tirer toutes les leçons pour pouvoir enfin assurer la sécurité absolue des Israéliens.

Toutefois, l’heure n’est pas aux règlements de compte. Dans un pays en guerre, quand chaque jour des soldats tombent, les manifestations de rue sont contreproductives et inadmissibles. Elles apportent de l’eau aux moulins à nos ennemis. Elles justifient de plus belle la guerre psychologique et la diffusion des images de propagande mensongères et insupportables. Elles sèment la peur et la zizanie, affaiblie la résilience de la société israélienne et plonge le pays dans la déprime.

Au départ, les proches des familles des otages manifestaient leur frustration et leur profonde douleur, mais très vite la protestation fraternelle s’est transformée en contestation purement politique orchestrée par des stratèges en communication, en connivence étroite avec des dirigeants de l’opposition et certains médias.

Ainsi, nous assistons chaque jour à des manifestations monstres et violentes dans les rues de Jérusalem et Tel-Aviv accompagnées de slogans creux.

Une véritable obsession qui accapare les esprits et mobilise tous les médias. Bien entendu, la presse a le devoir de rapporter les événements mais elle doit aussi respecter les règles et toujours rapporter des informations crédibles et à leur juste proportion. Certains journalistes se comportent souvent comme des inquisiteurs, ils informent, critiquent, jugent, et condamnent à la fois.

Depuis le 7 octobre quatre chaines de télévision diffusent en permanence des reportages et des débats. Des avocats, blogueurs et intellectuels, des conseillers et stratèges en communication, des militants de droite comme de gauche banalisent le métier du journaliste et diffusent souvent de la propagande ou de fausses nouvelles. Ils transforment le débat en un dialogue de sourds, en une cacophonie désagréable.

Les reportages et les articles sont repris par la presse étrangère et font toujours les manchettes. Nos ennemis et nos détracteurs se réjouissent et se frottent les mains, le Hamas crie victoire.  Tandis que la France de Macron joue la va tout et plaide une reconnaissance d’un Etat palestinien terroriste.

C’est ainsi que nous perdons la bataille diplomatique et la guerre médiatique en Europe et en Amérique. Le terrible massacre du 7 octobre a été rapidement oublié. Nous sommes devenus les agresseurs et mis au ban de la société des nations.

Comment expliquer notre juste cause, notre combat légitime et existentiel contre le fléau du terrorisme islamiste quand nous-mêmes nous refusons l’union et la solidarité ?

Malheureusement, les manifestations n’ont pas réussi à modifier la position du gouvernement de poursuivre la guerre et n’ont pas non plus contribué à libérer tous les otages.

La libération des otages est primordiale. Toute la nation israélienne souhaite ardemment leur retour dans leurs foyers. C’est une mission noble et sacrée ancrée dans les valeurs du judaïsme depuis la nuit des temps.

Toutefois, comment expliquer que dans la plupart des manifestations de rue on ignore la responsabilité directe du Hamas ? Aucun appel pour isoler le Hamas dans le monde arabe, au sein de la population palestinienne, et aucune revendication n’est entendue pour l’écarter du pouvoir.

Aucun slogan, aucun discours des participants ne présente clairement l’organisation islamiste comme celle qui devra rendre des comptes pour ses actes barbares et qu’elle est responsable de la situation actuelle.

Il est aussi nécessaire de souligner le caractère démocratique de notre Etat et séparer la politique du gouvernement avec la juste cause de vivre en sécurité et en paix avec nos voisins arabes.

Devant ce triste bilan, nous devrions changer de stratégie par une campagne d’information efficace et agir sur le terrain comme s’il s’agissait d’une opération militaire.

Avec des fonds considérables, créer un office gouvernemental de la diplomatie publique et des comités de vigilance. Planifier un plan d’action tous azimuts avec des experts dans la communication, des relations publiques, de la presse, et des réseaux sociaux, en collaboration étroite avec toutes les ambassades d’Israël, les communautés juives et les associations d’amitié à travers le monde.

Pour pouvoir gagner toutes les batailles, relever les défis et assurer notre défense dans le pays et en diaspora, nous devrions mettre momentanément nos querelles politiques aux vestiaires.

La victoire sera acquise que dans la solidarité et l’union.