La rencontre Trump-Netanyahou est déterminante pour l’avenir du Moyen-Orient

Devant l’instabilité régionale et face à la nouvelle menace iranienne, la rencontre du Premier ministre Nétanyahou avec le président Donald Trump est décisive pour coordonner la marche à suivre en Syrie, au Liban et dans la bande de Gaza. Le cadre paisible et agréable de la résidence de Mar-a-Lago en Floride est sans doute un lieu diplomatique idéal pour entamer des discussions franches et des échanges sincères malgré la complexité des dossiers et la difficulté de résoudre tous les problèmes en cours.
Plusieurs enjeux rendent cette rencontre cruciale et la menace iranienne est sans doute la plus grave. L’Iran reconstruit ses capacités nucléaires et surtout ses missiles balistiques. Depuis les frappes de l’aviation israélienne et les attaques américaines contre les différents sites atomiques, il a seulement six mois, les ayatollahs poursuivent avec acharnement leur projet nucléaire et améliorent considérablement leur arsenal balistique capable d’atteindre toutes les cibles stratégiques du territoire israélien.
Il semble que le président Trump ne souhaite pas une nouvelle guerre contre les ayatollahs et pour l’heure refuse de permettre à Israël d’attaquer l’Iran. Devant ce refus, Netanyahou devra présenter à Trump un dossier complet des services de renseignement, Mossad et Aman, et obtenir des Américains le feu vert dans le cas d’une menace imminente et existentielle qui représentera un véritable casus belli.
Trump est un homme pressé et souhaite conclure des accords de paix rapidement et signer à la hâte des deals économiques et commerciaux. Toutefois, il n’hésitera pas de lancer des raids si des soldats américains seront menacés ou attaqués comme il l’a fait ces jours-ci en Syrie contre des cellules terroristes de Daesh.

L’instabilité du régime syrien et le soutien de Trump à Ahmed al-Charaa, un ancien chef terroriste, devrait aussi inquiéter les Américains.
Nous déplorons leur précipitation de reconnaître ce nouveau régime et lever sans conditions préalables les robustes sanctions imposées à la Syrie. Netanyahou devra être ferme sur ce sujet et exiger de maintenir une présence de Tsahal sur le mont Hermon syrien et une protection efficace de la minorité druze dans le sud du pays.
Concernant le Sud Liban, il est fondamental de désarmer le Hezbollah notamment par une force internationale et appliquer à la lettre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, dont celle adoptée en 2006, suite à Deuxième guerre du Liban. Elle exigeait notamment d’instaurer une zone tampon entre la Ligne bleue de la frontière et le fleuve Litani. En août 2025, la résolution 2790 avait permis également le renouvèlement du mandat de la FINUL jusqu’au 31 décembre 2026.
Dans ce cadre-là, Netanyahou devra demander à Trump de permettre à Tsahal de lancer des raids ponctuels contre chaque violation du cessez-le feu par le Hezbollah et exiger avec force le démantèlement de l’arsenal militaire de la milice chiite.
L’application de la deuxième phase du dossier de Gaza est évidement la plus compliquée car le Hamas non seulement refuse de déposer ses armes mais reprend, lentement mais sûrement la main mise sur la bande de Gaza. D’autant plus que le Qatar et la Turquie continuent à le soutenir et envisagent ardemment de faire partie du Conseil de paix dont Trump est aussi son président.
Certes, Tsahal contrôle une partie importante du territoire palestinien et dans ces circonstances un retrait des troupes israéliennes est exclu tant que le Hamas refuse de déposer ses armes. De ce fait, la présence indéterminée de Tsahal dans la bande de Gaza complique également la mise en place d’une force internationale et un Conseil de paix.
Pour sortir de l’impasse et ne pas brouiller les relations avec l’administration américaine, Netanyahou devra, tout d’abord, museler ses ministres et leur apprendre à se taire que de parler à tort et à travers.
« La parole est d’argent et le silence est d’or. » Ce dicton de nos sages du Talmud est valable surtout dans les relations diplomatiques.
Le Premier ministre devra aussi faire certaines concessions à condition de ne pas mettre en danger nos intérêts sécuritaires et obtenir de Trump un engagement formel de démilitariser la bande de Gaza par tous les moyens et à tout prix avant même de reconstruire ce territoire.
Nul le doute, l’élargissement des Accords d’Abraham avec l’Arabie saoudite ou l’Indonésie sera une réconciliation capitale avec le monde arabo-musulman, mais il ne peut se faire au détriment de l’Etat juif. Nous refusons une paix illusoire.
La rencontre en Floride est donc déterminante pour l’avenir d’Israël et de toute la région, mais aussi de l’avenir politique et personnel de Benjamin Netanyahou au moment où il affronte quotidiennement de nouveaux scandales dans la gestion des affaires gouvernementales, et attend impatiemment la grâce du président Herzog.
A la veille d’une nouvelle campagne électorale qui s’annonce très agitée, Netanyahou devra mettre en priorité les intérêts sécuritaires d’Israël et non pas ses caprices personnels ou politiques.
