La France devant le danger du nucléaire iranien

Freddy Eytan

Dans une perspective historique, la France est vraiment préoccupée par la prolifération nucléaire et estime que la sécurité de l’Etat juif doit être assurée. Ces jours-ci, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a demandé à l’Union européenne de jouer les médiateurs entre l’Iran et les Etats-Unis pour sauver le fameux accord de Vienne signé le 14 juillet 2015.

La France considère que la prolifération des armes nucléaires et des armes non conventionnelles est l’une des menaces les plus graves à la sécurité et à la paix mondiales. La France est très active sur cette question et participe à tous les forums pour favoriser des résolutions strictes sur les armes biologiques et chimiques, ainsi que sur la non-prolifération de missiles balistiques dotés d’ogives nucléaires. Elle est convaincue que si l’Iran obtient l’arme nucléaire, la Turquie, l’Egypte et l’Arabie saoudite essayeront à leur tour de se procurer l’atome. La France craint également que les pays d’Afrique du Nord, avec lesquels elle entretient des liens étroits, demanderont son aide à cet égard. L’amère expérience de la France avec le réacteur nucléaire Osirak en Irak a aussi influé sur sa position. En effet, Paris a exercé de fortes pressions pour le démantèlement des armes nucléaires de la Libye de Kadhafi, et elle a aussi agi énergiquement pour le démantèlement des armes chimiques en Syrie.

Le Président Macron a tenté à plusieurs reprises de préserver l’accord de Vienne mais il est conscient de son incapacité de réussir sans les Etats-Unis. On se souviendra du cuisant échec au sommet du G7 en août 2019, à Biarritz. 

Macron, Zarif

(Iranian Press)

Récemment, Macron a déclaré que les nouvelles négociations sur le nucléaire iranien « seraient très strictes et devraient inclure l’Arabie Saoudite ». Selon le président français, « il reste très peu de temps pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et il convient de ne pas répéter l’erreur qui avait été commise dans le cadre de l’accord de Vienne qui n’avait pas associé les puissances régionales. »

Le Président Macron n’a pas mentionné précisément l’Etat d’Israël, l’ennemi numéro un de l’Iran. Contrairement au passé, le gouvernement israélien devrait donc être consulté préalablement avant toute négociation avec Téhéran. Les précieuses informations que possèdent les services du Renseignement militaire et le Mossad sont déterminantes pour pouvoir juger les réelles intentions des Ayatollahs et dévoiler à la lumière du jour, toutes leurs manipulations et dissimulations.

Cette ferme déclaration du président Macron tranche sur la position des fonctionnaires de l’Union européenne particulièrement de celle de Josep Borrell. Le haut représentant européen réaffirme son rôle de coordinateur et « travaille très dur » pour remettre le plan d’action global commun (JCPOA) sur les rails et faire assurer le plein respect des obligations ».

Connu par ses positions en faveur des Iraniens et pour la cause palestinienne, Borrell affirme : « l’un des objectifs de nos contacts avec l’administration américaine est de voir s’il est possible de lever les sanctions unilatéralement imposées par l’administration Trump et non justifiées par l’accord »

Selon lui, l’un des problèmes reconnus par l’Union européenne est le fait que l’Iran ne tire actuellement aucun des bénéfices prévus par l’accord, et une solution peut être trouvée avec le retour des Américains dans l’accord.

Rappelons que l’accord de Vienne a été signé après un an et demi de négociation. Cet accord a été endossé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée le 20 juillet 2015.

Macron, Zarif

(Twitter)

Fidèle à sa position de soutien au développement d’un programme nucléaire civil en Iran et de refus de l’acquisition par Téhéran de l’arme nucléaire, La France s’est engagée avec détermination dans les négociations. Elle a donc joué un rôle important et décisif pour que cet accord soit selon elle : « robuste, durable et vérifiable ».

En retour, la France proposait, comme ses partenaires, une levée encadrée des sanctions, conditionnée à la mise en œuvre par l’Iran de ses engagements.

Cependant, le 8 mai 2018, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’accord et ont imposé de nouvelles sanctions paralysantes.

Malgré ce retrait américain de l’accord, la France a exprimé ses profonds regrets et a affirmé avec ses partenaires que l’accord reste en place.

Pourtant, l’Iran a poursuivi son programme nucléaire et a bafoué tous les accords. Le 16 janvier 2021, la France, l’Allemagne, et du Royaume-Uni, avaient exprimé leur profonde inquiétude par l’annonce faite par l’Iran du lancement de préparatifs pour la production d’uranium métal.

Ils ont affirmé clairement que la production d’uranium métal par l’Iran n’a aucune crédibilité civile. Elle a des implications militaires potentiellement graves. En vertu de l’accord signé à Vienne (JCPOA), l’Iran s’est engagé à ne pas produire d’uranium métal et à ne pas conduire de recherche et de développement sur la métallurgie de l’uranium pour une durée de 15 ans.

Pour l’heure, contrairement aux Européens, les Américains ne sont pas pressés et jugent qu’il est trop tôt pour accepter la proposition de l’Iran que l’Union européenne serve de médiateur. L’administration de Joe Biden préfère tout d’abord consulter ses alliés et partenaires.

Paris attendra donc avant de préciser définitivement sa position. La France ne s’oppose pas à des pourparlers avec l’Iran mais pense que pour renforcer la confiance mutuelle le chemin vers un accord viable est encore bien long.

Pour Israël, le jeu des Iraniens est bien transparent. Comment faire confiance à l’Etat voyou, à ce régime fanatique des Ayatollahs, cet Etat terroriste qui exporte une révolution islamique obscure, celle du Moyen âge, les violations des droits de l’Homme, des libertés et des égalités sociales, et répéter les mêmes erreurs du passé ?

Face à cette menace existentielle, Israël devrait redoubler de vigilance et ne compter que sur lui-même. Il devra renforcer sa puissance technologique et son savoir-faire dans le domaine du Renseignement pour être le premier à alerter sur les violations des Ayatollahs.

Toute tentative de la part des Ayatollahs d’attaquer l’Etat Juif sera un casus belli et la riposte foudroyante.

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