Voter utile sur les faits et selon sa conscience

Freddy Eytan

Dans quelques jours nous irons aux bureaux de vote pour élire une nouvelle coalition. Le gouvernement sortant a profondément déçu, incapable d’achever un mandat à terme et gérer les affaires du pays à l’unisson. Tous les espoirs fondés se sont rapidement estompés dans la rancœur, effacés par un déchainement de haine personnelle, inutile.

Devant la multiplication des partis et l’absence d’idéologie et de stratégie, les Israéliens iront pour la quatrième fois aux urnes dans l’indifférence et la lassitude, et surtout avec un certain dégoût de la politique et des démagogues. Cette nouvelle campagne électorale est peu honorable. Les leaders politiques n’ont pas joué fair-play. Ils nous ont offert un spectacle médiocre en préférant les messages creux, les coups-bas et vulgaires et des promesses vides de sens, populistes et irréalisables.

Dans cette campagne, comme d’ailleurs dans les précédentes, aucune distinction nette existe entre l’important et l’insignifiant, l’essentiel et la futilité, le faux et le vrai. L’électeur demeure très embarrassé et dans la plus complète perplexité.

La société israélienne est plus que jamais déchirée avec un fort nombre d’indécis et d’absentéistes qui grandit à chaque échéance. En l’absence de réforme, il est clair que ce quatrième round électoral ne pourra non plus changer l’échiquier politique et il est fort possible que nous irons une fois encore aux urnes.

Soldier casting a ballot

(Milner Moshe / GPO)

Cette situation est anormale et ne peut plus durer. Seule une grande réforme pourra changer le système électoral et garantir une stabilité gouvernementale à long terme.

Cette élection devient donc cruciale pour l’avenir des Israéliens. Elle est bien différente des précédentes car pour la première fois existe au sein du grand parti au pouvoir des contestataires, des frondeurs du Likoud au sein d’un nouveau parti de droite. Paradoxalement, un nombre non négligeable des électeurs au sein de la minorité arabe pourra voter bizarrement pour Nétanyahou. Cependant, aucune chance de voir un représentant d’un parti arabe antisioniste au sein du prochain gouvernement. Aucune alliance est possible, sauf peut-être « un filet de sécurité » parlementaire pour des raisons tactiques et pour obtenir des budgets supplémentaires à une population arabe en détresse négligée depuis des décennies par ses leaders.

Ballot slips

(GPO)

Plusieurs petits partis risquent aussi de ne pouvoir franchir le seuil d’éligibilité. Les résultats des élections dépendront d’eux et du nombre des abstentions.

Si la majorité écrasante des électeurs du Likoud et des partis ultraorthodoxes ne souhaitent pas changer Nétanyahou et iront probablement avec lui jusqu’au bout ; à gauche et au centre, la situation est complexe, incertaine et bien floue. Toutes les tentatives de former un bloc homogène, harmonieux et uni contre Netanyahou n’ont pas réussi à ce jour.

Selon les derniers sondages, qui malheureusement ne sont pas toujours fiables, il pourrait avoir un léger avantage au bloc pro-Nétanyahou pour former une prochaine coalition viable, mais tout pronostic reste hasardeux.

Dans le brouillard et devant un vote très personnalisé, le camp de Droite ou de Gauche n’a plus de sens. Le choix est donc entre le bilan politique de Nétanyahou et ses faits accomplis, et les capacités de ses challengers d’assumer les fonctions de Premier ministre devant les grands défis à relever. Ils sont nombreux et concernent les affaires socio-économiques et médicales, les menaces de nos ennemis, proches et lointaines, et l’avenir des relations internationales dans un contexte compliqué avec une nouvelle administration américaine.

En conclusion, chacun et chacune devrait bien réfléchir avant d’aller aux urnes pour enfin voter utile sur tous les plans.