Vidéo – Débat au Conseil des relations extérieures

Débat au Conseil des relations extérieures

Le 20 juillet 2020 l’ambassadeur Dore Gold, président du JCPA-CAPE de Jérusalem a participé à un débat virtuel sur le processus de paix au Proche-Orient avec la déléguée palestinienne, Hanan Ashrawi, et l’ancien ambassadeur américain, Martin Indyk. Le débat a été animé par Farah Stockman du New York Times.

Voici des extraits de l’intervention de l’ambassadeur Dore Gold.

Durant plusieurs années j’ai servi comme ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU et plus tard comme Directeur général du ministère des Affaires étrangères, j’avais l’habitude de revoir les discours des précédents diplomates et responsables israéliens ainsi que les missives écrites au Secrétaire général de l’ONU. Dans une lettre, écrite le 10 juillet 1967, (un mois après la guerre des Six Jours) par notre ministre des Affaires étrangères, Abba Eban, il se plaignait d’un projet de résolution pakistanais qui faisait référence aux mesures prises à Jérusalem après la guerre. Il rejetait le terme « annexion » car il est incorrect et « hors de propos » et donc il est préférable de dire « l’extension de la loi et de la juridiction israéliennes » à Jérusalem-Est.

Et depuis lors, nous poursuivons une bataille de narratifs et de récits différents et manipulés lors des débats à la télévision et des conférences, aux Nations Unies et au sein des agences spécialisées comme l’UNESCO. Cette bataille entre Israéliens et Palestiniens est sur la terminologie politique et sur les faits historiques irréfutables.

Aujourd’hui, nous examinons si le terme « annexion » s’applique même aux récentes propositions israéliennes d’étendre la souveraineté israélienne à certaines parties de la Judée et de la Samarie – c’est-à-dire la Cisjordanie – dans le contexte du plan de paix américain. Vous savez, le Comité international de la Croix-Rouge – le CICR – joue un rôle important en fournissant des définitions faisant autorité. Eh bien, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) définit « l’annexion » comme « un acte unilatéral d’un État par lequel il proclame sa souveraineté sur le territoire d’un autre État ». Mais la Cisjordanie appartenait-elle vraiment à « un autre État ? (Soulignons que seuls le Royaume-Uni et le Pakistan y reconnaissaient la souveraineté jordanienne sur ce dit territoire.)

Je pense que vous devez voir ces propositions dans le contexte du plan de l’administration Trump pour un nouvel arrangement sur la Cisjordanie. La raison est très importante car tous les autres plans de paix ont échoué. Vous vous souvenez de Camp David II sous l’administration du Président Clinton ? Ce fut un échec cuisant. Souvenez-vous de John Kerry dont j’ai admiré sa persévérance et je savais qu’il faisait de son mieux pour essayer de faire avancer un plan de paix. Ça n’a pas marché non plus. A l’époque, Mahmoud Abbas était arrivé à la Maison Blanche et dit au président Obama tout de go : « Je vous recontacterai. »

Depuis nous avons vécu deux décennies sans aucun résultat tangible, voilà 20 ans que nous piétinions, nous n’avons pas bougé d’un pouce.

Je pense que des gens comme Jason Greenblatt (l’envoyé spécial du Président Trump) ont proposé de nouvelles idées. Ils ont suggéré aussi l’idée d’une « annexion » – je ne devrais pas utiliser le terme parce qu’il est mauvais et incorrect- mais l’extension de la souveraineté israélienne sur certains pans de la Cisjordanie. Mais rappelez-vous, il s’agit d’un plan américain dans lequel les deux parties gagneront et en tireront bénéfice. Nous obtenons donc 30% de la Cisjordanie et les Palestiniens 70%. Ce n’est pas sans doute pas un gain unilatéral pour Israël. Il s’agit finalement d’un compromis territorial.

Je pense que nous devons donc essayer de négocier sur cette base.

J’avais critiqué la solution pour deux États parce qu’elle ne prenait pas en compte les intérêts et préoccupations sécuritaires fondamentales comme la vallée du Jourdain. C’est la principale barrière défensive qu’Yitzhak Rabin envisageait pour qu’Israël obtienne enfin des frontières sûres et défendables. Donc, si vous nous dîtes retirez-vous de la vallée du Jourdain pour y mettre à la place des soldats de l’armée israélienne des parachutistes suédois, bien évidemment je ne serai pas du tout enthousiaste. Je pense vraiment que le plan américain pourrait établir une nouvelle réalité pour aboutir à la formule de deux Etats.

Dans ce contexte nouveau, je pense qu’Israël est maintenant prêt à faire des gestes qu’il n’avait pas faits auparavant et les Palestiniens devraient se joindre à nous. Je veux bien dire à Madame Hanan Ashrawi, quand allez-vous nous dire « oui » ? C’est votre accord que nous avons besoin maintenant pour aller de l’avant. Et vous savez, si vous n’aimez pas certaines choses dans ce plan, eh bien nous pourrions ensemble le modifier. Nous devons nous tourner vers l’avenir. Pensons à l’avenir et faisons fonctionner ce plan pour changer le cours de l’Histoire.

En 1996, à l’époque où j’étais conseiller diplomatique du gouvernement Nétanyahou, j’avais rencontré Mahmoud Abbas à plusieurs reprises. Certes, il y a très longtemps mais j’avais eu déjà le sentiment que nous pourrions peut-être faire quelque chose ensemble. Donc, si nous pouvons raviver ce sentiment de travailler ensemble pour faire fonctionner un processus de paix et obtenir un compromis, tout est possible de le faire même avant les élections présidentielles américaines. Mais il en faut deux pour danser le tango et nous sommes prêts à danser avec vous. Essayez-donc, au moins essayer avant de dire à priori niet. 

Il est triste de constater que durant toute cette période nous affirmons à chaque occasion que nous sommes prêts à essayer. Malheureusement, ce n’est pas le cas côté palestinien qui n’ose même pas faire le premier pas.

Voir l’intégralité de la vidéo-débat sur le site anglais https://jcpa.org/video/dore-gold-the-battle-of-the-narratives/