Nucléaire iranien – seule l’option militaire est dissuasive

Freddy Eytan

Comme prévu, les négociations sur le nucléaire iranien se retrouvent dans une impasse mais pourraient reprendre dans les jours qui viennent à Vienne si les Iraniens vraiment le souhaitent. C’est bien à Téhéran, au sein du sacro-saint islamiste chiite que la marche à suivre est dictée aux Occidentaux.

Le but des Ayatollahs est de fabriquer par tous les moyens une première bombe atomique. Cette décision stratégique a été prise depuis deux décennies et pour les Iraniens elle se réalisera tôt ou tard. Ils ont déjà obtenu toutes les capacités fissiles malgré les inspections et les sanctions.

La détermination des occidentaux d’empêcher l’Iran de poursuivre son projet nucléaire à des fins militaires s’est bien affaiblie et aujourd’hui seul Israël se prépare au pire pour réagir.  

Le chef du Mossad a affirmé que « l’Iran n’aura jamais d’armes nucléaires, ni dans les années à venir, ni jamais ». C’est sans doute rassurant, mais cette promesse ne pourra se réaliser tant qu’il n’existera pas de consensus au sein du gouvernement et à l’état-major de Tsahal. Le Mossad possède le meilleur renseignement et les capacités préventives mais seule l’armée pourra exécuter les opérations militaires. Cependant, pour des raisons purement politiques la presse et certains anciens généraux affirment que Tsahal n’a actuellement aucun plan opérationnel pour stopper le programme nucléaire iranien.

VIenna Talks

(Capture d’écran / PressTV)

Bien entendu, cette affirmation ne possède aucun fondement tangible. Elle est propagée pour poursuivre les efforts diplomatiques et favoriser la position pacifique de l’administration Biden, mais en réalité elle renforce la politique intransigeante et belliqueuse de l’Iran.

Absurde de constater que des observateurs et analystes français « spécialistes » de l’Iran accusent Israël en l’accusant des pressions exercées sur les Occidentaux. Pour eux, l’Iran œuvre sincèrement pour un accord, tandis les Israéliens contribuent à le saboter.         

En fait, les pays européens sont bien responsables du chantage iranien à Vienne et de la situation actuelle sur le terrain. Pourquoi ont-ils refusé de se ranger du côté des Américains, lorsque le président Trump avait décidé en 2018 de sortir de l’accord sur le nucléaire ? L’Union européenne, et en particulier la France de Macron, ont préféré chercher à sauvegarder un mauvais accord. Pourtant, ils savaient parfaitement que l’Iran est un Etat voyou, dirigé par des Ayatollahs abjects et rusés. Ils étaient conscients que les inspections n’étaient pas été suffisamment rigoureuses dès le départ et que l’accord n’était valable que pour une certaine durée.

Le président Macron suggère aujourd’hui « qu’il serait bon qu’Israël rejoigne les discussions de Vienne… » Une suggestion bien tardive qui ne sera pas admise actuellement par les Iraniens.    

En soutenant le traité, et en cherchant par la ruse à contourner les sanctions, Macron n’avait-il pas envoyé dès le départ, un signal de capitulation à Téhéran et un camouflet à son allié américain.

Aujourd’hui, les Européens ne peuvent plus reculer devant le chantage flagrant, ils se trouvent honteusement au pied du mur.

L’administration Biden est plongée dans le désarroi mais souhaite aboutir à un accord, même intérimaire.

Président Emmanuel Macron

(Twitter/@EmmanuelMacron)

La délégation américaine était venue à Vienne mais les Iraniens refusent qu’elle soit présente avec les autres délégations.

On remarquera en effet que le drapeau américain est absent. Que cherche l’Amérique ? Pourquoi ce jeu enfantin de cache-cache ? L’hypocrisie n’est-elle pas transparente ? Comment la puissante Amérique laisse faire en permettant à ce régime abject et dangereux de la menacer et de dicter la marche à suivre ?

Cette valse-hésitation est perçue comme faiblesse, forte crainte des Occidentaux. Les négociateurs iraniens prouvent donc qu’ils sont orfèvres dans la négociation. Ils maitrisent parfaitement le dialogue, dictent l’ordre du jour à Vienne et montrent avec fierté et vanité qu’ils sont capables d’affronter tous les Grands de ce monde.    

Les Nations-Unies sont impuissants, l’Europe cherche le compromis pour des raisons mercantiles, la Russie fait la sourde oreille tandis que la Chine soutient la position iranienne. Elle a signé un accord stratégique en échange de la livraison de pétrole et d’investissements dans le pays.  

Plus grave encore, Téhéran refuse systématiquement d’ouvrir ses installations à des inspections étrangères. Dans le passé, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’avait pu accéder au Centre de recherche technologique situé à Lavizan. Les puissances occidentales soupçonnaient l’Iran de mener des travaux fissiles à des fins militaires mais les Iraniens avaient rasé six bâtiments à Lavizan en ne laissant aucune trace incriminante. Ils ont aussi pavé de nouveaux carreaux dans l’enceinte de l’installation électrique de Kalaya, avant l’arrivée des inspecteurs afin de dissimuler la présence de matières radioactives. 

En d’autres termes, l’Iran était prédisposé à tricher par tous les moyens. Alors pourquoi lui faire confiance en signant un nouvel accord ?

Depuis l’avènement des Islamistes en 1979 à ce jour tous les pronostics apaisants des observateurs occidentaux n’ont pas été réalisés, le régime islamiste demeure inébranlable car les Pasdarans détiennent le trousseau des clefs du pouvoir.

L’administration Biden a déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne lèverait les sanctions qu’en échange de changements concrets dans la conduite belliqueuse de l’Iran. Pourtant sur le terrain, l’embargo sur les armes est expiré, les sanctions sont contournées par la ruse, des sites nucléaires dissimulés. L’inspection de la Commission internationale de l’Energie atomique n’est plus efficace.

Soulignons qu’il existe trois dimensions pour tout programme nucléaire à des fins militaires : l’uranium enrichi, les missiles balistiques et les ogives nucléaires. Le nombre des sites atomiques, les centaines de centrifugeuses, la quantité d’uranium enrichi en sa possession et sa capacité actuelle d’enrichissement permet à l’Iran d’enrichir, sans difficultés majeures, de l’uranium à des fins militaires dans un court laps de temps.

L’Iran continue également de développer des missiles balistiques à longue portée qui lui permettront de les doter d’ogives nucléaires et de pouvoir les lancer non seulement sur Israël mais aussi vers des cibles européennes.

Jusqu’à ce jour, le président Biden hésite de brandir l’option militaire.  Pis encore, malgré des vagues déclarations et les promesses sur ce sujet, les Etats-Unis, comme d’ailleurs les autres pays signataires de l’accord, n’ont malheureusement pas étudié sérieusement un plan B.

Comment-vont-ils réagir en cas d’échec des pourparlers de Vienne ? L’expérience du passé devrait fortement inquiéter Israël mais aussi l’Arabie saoudite et les Emirats du Golfe.     

Devant ce triste constat, et du fait qu’Israël n’est pas partie dans aucun accord avec les Iraniens, Tsahal et le Mossad se préparent sérieusement à des opérations diverses contre le projet nucléaire.  

Parallèlement aux démarches diplomatiques, seule l’option militaire est capable de dissuader le régime islamiste d’abandonner son projet atomique ou du moins le retarder de plusieurs années.