Le vieux chef palestinien joue avec le feu

Freddy Eytan

Le vieux chef palestinien est dans une colère noire. Face à un gouvernement formé pour la cinquième fois par Nétanyahou, et devant les intentions d’appliquer la loi israélienne sur certaines zones de la Cisjordanie, conformément au « plan du siècle », Mahmoud Abbas perd tout contrôle et déclare qu’il cesserait de respecter les accords signés avec Israël et notamment la coopération sécuritaire avec Tsahal et le Shin Beit.  Un aveu clair de désespoir et de désarroi.

Ce n’est pas la première fois que le chef palestinien menace d’abroger les Accords d’Oslo et dissoudre l’Autorité palestinienne. Jusqu’à ce jour, il avait bien profité des avantages économiques et sécuritaires, et surtout de l’importante assistance médicale israélienne, mais dès que le gouvernement a proclamé le déconfinement, il décide de mettre ses avertissements en exécution.   

Encouragé fortement par l’Union européenne et particulièrement par la France, soutenu par le roi Abdellah de Jordanie, et par la Cour pénale internationale, Mahmoud Abbas a choisi donc de jouer avec le feu. 

Souhaite-il vraiment une confrontation directe entre policiers palestiniens et soldats de Tsahal ? Une nouvelle Intifada ?

Pour l’heure, Abbas joue un double jeu en se présentant soi-disant comme un homme de paix devant la communauté internationale. Il préfère donc le combat par étape en se focalisant sur la voie diplomatique, le BDS et la délégitimation, mais en réalité, il n’a jamais exclu la lutte armée et le terrorisme.

Mahmoud Abbas

Mahmoud Abbas (AP Photo/Majdi Mohammed)

Rappelons qu’Abbas doit sa sécurité et la survie de l’Autorité palestinienne à Tsahal, au Shin Beit, et à la bonne volonté du gouvernement israélien.

Tout changement du statu quo et surtout de la collaboration sécuritaire profitera au Hamas et plongera la Cisjordanie dans le chaos total.

Abbas n’est pas populaire dans la rue palestinienne. Il a plongé son peuple dans la confusion, la frustration, et la détresse infinie. Le Hamas présente une menace et une alternance, à la fois. Persona non grata à Gaza, il craint le pire scénario de voir le Hamas s’installer dans ses bureaux confortables de Ramallah.

Au sein du Fatah, les couteaux sont tirés depuis longtemps et la guerre de succession risque de s’achever en véritable bain de sang.

Le bilan d’Abbas est catastrophique pour le peuple palestinien car il n’a rien obtenu de concret durant toutes ces années au pouvoir. Ses multiples voyages à l’étranger, ses nombreuses démarches devant les chancelleries et les organismes internationaux, et notamment à l’ONU, toutes ses promesses concernant la création imminente d’un État indépendant, et ses différentes Intifada ont toutes été vouées à l’échec.

Son refus systématique de reconnaître l’État Juif, de s’asseoir sans conditions préalables avec Nétanyahou ou Gantz, de renoncer grossièrement à la médiation américaine, d’approuver le plan Trump, et de s’aligner sur les positions pragmatiques des Saoudiens et des Egyptiens, l’écarte des pays modérés sunnites et le place dans le même front du refus avec les radicaux islamistes et l’Iran.

En réalité, Abbas pense comme le Hamas et persiste à croire que toute la Palestine, du fleuve à la mer, avec Jérusalem comme capitale, lui appartient. Il ne changera pas, de son vivant, de narratif et ne renoncera jamais au « retour » des réfugiés palestiniens. Sa terrible peur est d’être ciblé comme traître à la cause palestinienne.

Cependant, l’effondrement de l’Autorité palestinienne intervient dans un contexte régional explosif avec l’Iran et une crise économique planétaire. Le nouveau gouvernement israélien devra donc agir avec fermeté mais avec beaucoup de sagesse.

Appliquer sans aucune hésitation et jusqu’au bout une stratégie claire, approuvée par une majorité écrasante, en collaboration étroite avec les Américains.

Prendre donc des décisions sécuritaires et politiques pragmatiques en écartant l’escalade et éviter le pire.