Le mariage forcé de Nétanyahou-Gantz

Freddy Eytan

Toutes les combinaisons étaient possibles mais le temps fut un facteur déterminant pour éviter une quatrième élection législative successive. Après 485 jours de crise gouvernementale, aggravée fortement par la pandémie, la cohabitation devenait donc inévitable.

C’était aussi la volonté de la majorité du peuple. Après de longues et pénibles tractations, l’intervention d’experts chevronnés et d’avocats rusés, le texte du traité de coalition de 14 pages est enfin signé.   

Ce n’est sans doute pas un mariage d’amour ni même de raison, c’est un mariage forcé avec un étonnant et ambitieux contrat : partage du pouvoir et rotation pour diriger le gouvernement.

Une formule rare dans un pays démocratique bien qu’elle a déjà obtenu en Israël de bons résultats dans les années 1980. Elle a été partiellement pratiquée aussi en France lors de la fameuse cohabitation Mitterrand-Chirac.

Cette fois-ci, il s’agit du plus vaste et du plus puissant gouvernement depuis la création de l’Etat d’Israël. Au total, plus d’une cinquantaine de ministres et secrétaires d’Etat ! Une majorité absolue de 80 députés à la Knesset sur les 120. Sans difficulté, ils pourront se permettre de prendre des mesures draconiennes sur tous les plans.

Dans ce contexte, il est évident que les quarante députés de l’opposition ne pourront pas déposer une motion de censure, et de ce fait, la Cour suprême sera sollicitée à chaque fois pour intervenir et contrôler le parlement.  

Quant aux petits partis charnières au sein de la coalition, ils sont désormais insignifiants, beaucoup moins capricieux qu’auparavant.

Netanhyahu, Gantz

(GPO)

Cependant, on ne peut passer sous silence le nombre excessif et scandaleux des ministres au moment où l’économie est au bord du gouffre et plus d’un million de chômeurs risquent de perdre définitivement leur emploi.

Rappelons que Shimon Pérès et Itzhak Shamir ont conduit ensemble un gouvernement d’union nationale avec 24 ministres seulement.   

Les nouvelles dépenses puisées de l’argent du contribuable sont totalement superflues. Par les temps qui courent, chacun devrait renoncer tant sur le plan personnel que sur le plan économique. Des gestes généreux sont à faire.  En signe de solidarité envers leurs concitoyens, les leaders devraient être dignes et donner l’exemple, se conduire modestement, réduire considérablement le nombre des ministères et des fonctionnaires, et même renoncer symboliquement à une partie de leur salaire.

La première tâche du nouveau gouvernement consiste à trouver une stratégie pour lever les mesures de confinement, retourner le plus rapidement possible à la vie normale et amortir le choc économique.

Il est également propice de modifier le système électoral pour éviter une nouvelle crise constitutionnelle et permettre la maitrise du gouvernement sans pression et sans chantage.  Offrir au Premier ministre le choix de prendre sagement les meilleures décisions dans l’intérêt de l’Etat et du citoyen.  

Au moment où le Hezbollah et le Hamas se préparent avec le soutien de l’Iran à relancer les hostilités et les actes terroristes. A l’heure où   l’Autorité palestinienne s’apprête à lancer avec l’aide de la France, une nouvelle campagne diplomatique contre le plan du siècle américain, seul un gouvernement d’union est capable d’affronter les menaces et relever les défis.

A la veille du Yom Haatzmaout, en ce triste anniversaire de notre Indépendance, le nouveau tandem Nétanyahou-Gantz est mis à l’épreuve. Nous lui souhaitons plein succès. Sa réussite sera aussi celle de tous les citoyens de l’Etat d’Israel, Juifs et Arabes.