Internationalisation de Gaza sous l’égide des Etats-Unis

Freddy Eytan

Au moment où le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, entame une tournée diplomatique dans la région, nous devrions non seulement assurer l’application de la trêve mais réfléchir aussi à des solutions pragmatiques. Un règlement pacifique est bien entendu un intérêt stratégique d’Israël. Toutefois, il est essentiel d’insister sur le fait qu’aucune solution du problème palestinien ne se réalisera sans la démilitarisation de la bande de Gaza.  

La communauté internationale a le devoir d’agir avec fermeté pour mettre un terme définitif à la terreur et à la barbarie du Hamas, mais parallèlement, elle devra éprouver une grande générosité à l’égard des deux millions de palestiniens vivant à Gaza dans la désolation et la misère.  

Sans issue politique dans le cadre de pourparlers entre les parties concernées, comment donc écarter un conflit armé et trouver une solution humanitaire et économique dans la bande de Gaza ? Jusqu’à quand la bande de Gaza sera un territoire voué au malheur et à la damnation ?

Depuis 1967, Israéliens et Palestiniens n’arrivent pas à trouver de solution adéquate. En 1977, le président Sadate avait rejeté l’offre de Menahem Begin et n’a pas voulu récupérer le territoire administré par l’Egypte durant plus de 20 ans.

Depuis 2007, le Hamas domine la bande de Gaza mais n’est plus capable devant une démographie galopante et incontrôlable de gérer lui seul une population plongée dans un désespoir permanent.

Antony Blinken à Tel Aviv, le 25.05.21 (Shlomi Amsalem/ministère des Affaires étrangères)

Si le Fatah de Mahmoud Abbas et avec lui tout le monde arabo-musulman ne sont pas capables de chasser le Hamas, démilitariser ce territoire et gérer les affaires, la communauté internationale devra prendre la relève et décider de la marche à suivre pour l’avenir de Gaza.

Jusqu’à ce jour, aucun pays arabe n’a osé vraiment intervenir directement dans ce bourbier. La communauté internationale et l’ONU protestent contre les raids israéliens et contre la « disproportion de la riposte », mais n’intervient pas pour désarmer les terroristes de la bande de Gaza et démilitariser ce maudit territoire.

Suite aux différents échecs diplomatiques et aux tentatives de réconciliation entre les Frères ennemis palestiniens, il est temps de changer de cap et de réfléchir à un nouveau paradigme principalement soutenu par une tierce partie, un acteur extérieur ayant un rôle d’influence direct et décisif sur le peuple palestinien.

U.S. Embassy Tel Aviv

L’incapacité persistante à résoudre la crise à Gaza constitue une bombe à retardement, non seulement pour Israël mais aussi pour tous les autres acteurs de la région. 

Comment donc améliorer la situation économique à Gaza sans renforcer les capacités militaires du Hamas ? Comment faire pour que les autorités de Gaza empêchent le détournement des ressources à des fins militaires, à la fabrication de roquettes et explosifs et au creusement de tunnels ? Comment écarter le rôle d’influence de l’Iran et ses satellites et l’acheminement d’armement dans la bande de Gaza ?

Avec l’aide de l’Union européenne, les Emirats du golfe et les Etats-Unis, seule l’Egypte est capable de relever le défi.

La première mission est de former sous l’égide des Etats-Unis une force d’intervention internationale pour chasser les chefs de la branche militaire du Hamas et démilitariser tout le territoire. Rappelons que l’Egypte partage une frontière ouverte avec la bande de Gaza. Le président égyptien Sissi est aussi un farouche opposant aux Frères musulmans. Il combat jusqu’à ce jour contre toute présence de milices islamistes dans le Sinaï.    

Après avoir assuré la sécurité à Gaza, investir dans la construction et le développement d’une série d’initiatives et de grands projets d’infrastructures pour le tourisme et l’économie dans le nord du Sinaï, en mettant l’accent sur la région d’El Arish. La situation économique dans la bande de Gaza sera également améliorée car les Gazaouis y trouveront aussi du travail dans les travaux de chantiers et dans le tourisme.

Parmi les projets :

  • Un port maritime et un aéroport international dont l’Egypte sera responsable de la sécurité des passagers et des marchandises.
  • Une centrale électrique indépendante. Jusqu’à ce jour, Israël est le principal fournisseur de fuel et d’électricité aux gazaouis.
  • Installation d’usine de dessalement d’eau pour fournir suffisamment d’eau potable.
  • Construction de nouvelles écoles et de nouveaux centres hospitaliers.

Tous les projets de développement économique et touristique seraient mis en œuvre sous la responsabilité et le contrôle du gouvernement égyptien en coordination étroite avec les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU.

Ainsi, grâce à des initiatives concrètes on pourra améliorer concrètement la vie quotidienne des Gazaouis, tout en évitant la reprise des hostilités.

La nouvelle stratégie israélienne mettra un terme définitif à cette situation intenable qui se déroule à une cinquantaine de kilomètres seulement de Tel-Aviv. Elle améliora la position israélienne au sein de la communauté internationale et profitera à notre économie.

Certes, nous sommes conscients des grandes difficultés en cours et du refus catégorique du Hamas à toute initiative pacifique et constructive.  

Toutefois, la communauté internationale avec en tête les Etats-Unis, possède les moyens militaires, diplomatiques et financiers pour pouvoir mettre un terme à la terreur et au chantage du Hamas. Pour l’heure, il n’existe pas d’autre alternative pour assurer la sécurité absolue de la population israélienne.