Education et devoir de mémoire contre les négationnistes 

Freddy Eytan

Malgré et en dépit des lois gouvernementales et parlementaires, le négationnisme se propage partout en Europe et principalement dans les campus universitaires. Un professeur de religion islamique de l’université de Gand, en Belgique, a osé contester le récit d’un ancien déporté juif du camp d’Auschwitz.

Selon ce « professeur », le survivant des camps de la mort a « une vision romancée et largement exagérée » de la Shoah. Comment une université belge honorable admet-elle la présence de ce professeur dans le corps enseignant ? N’a-t-il pas bafoué la loi belge qui sanctionne le négationnisme ? Jusqu’à quand des professeurs et des intellectuels en Europe et dans le monde musulman pourront-ils se permettre de contester des vérités historiques et salir la mémoire de millions de victimes sans être sanctionnés sévèrement ? Si un éducateur pense ainsi et nie l’existence des chambres à gaz, comment réagiront ses élèves ? Peut-on leur reprocher directement les bêtises prononcées par leur professeur ? Les gouvernements et les ministères de l’Education en Europe devraient réviser leur programme scolaire et la liste des professeurs d’histoire contemporaine.

Les parents des jeunes élèves n’ont pas vécu la Seconde Guerre mondiale et leurs grands-parents vivent le déclin de la vie. Ces jeunes ont grandi dans le monde de la télévision et de l’Internet et pour eux la Shoah est liée aux Juifs, à Israël et au conflit israélo-arabe.

Auschwitz

Auschwitz

La majorité écrasante des leaders arabo-musulmans ne se sont jamais rendus dans les anciens camps d’extermination. Ils n’ont pas franchi le porche d’entrée du camp de la mort à Auschwitz-Birkenau, où sur une grille on lit la célèbre inscription cynique : « Arbeit macht frei », le travail rend libre ! Ils n’ont pas traversé les blocs de briques rouges ; ils n’ont pas touché de leur main les murs froids de béton, les murailles de la mort et du désespoir des chambres à gaz. Ils n’ont pas vu les objets orphelins des victimes…Les tas de cheveux, les milliers de lunettes et de chaussures…

Ils n’ont pas visité un Mémorial de la Shoah, à Paris, à Bruxelles, à Berlin, à Washington ou au Japon, près d’Hiroshima. Ils n’ont pas visité non plus le musée de Yad Vashem, à Jérusalem, ou beaucoup ignorent son existence.

Marche des Vivants

Marche des Vivants (Gordon Roemhild/CC BY-SA 4.0)

Les charlatans de l’histoire contemporaine n’ont pas écouté les témoignages déchirants, les récits accablants et écrasants. Ils n’ont pas vu les documents irréfutables, les photos, les cartes, les images et les visages, les objets orphelins, les listes, les registres, les dessins d’enfants, les chiffres insaisissables et la comptabilité macabre des wagons de l’enfer et des chambres à gaz.

C’est là que chacun et chacune est conscient de son devoir de mémoire.

L’Europe qui a été, en juillet 1938, indifférente au sort des réfugiés juifs rescapés de l’Anschluss devrait prendre plus au sérieux le fléau du négationnisme. Des sanctions, des lois sévères, des punitions, une vigilance sans relâche, et surtout un programme éducatif, à tous les niveaux, pourront mettre un terme au négationnisme, à la renaissance de l’antisémitisme et aux nouvelles menaces.

 

Il faut reconnaître qu’au cours de ces dernières années, suite au programme éducatif Aladin, aux nouveaux manuels scolaires, aux accords d’Abraham et surtout à la vigilance et aux rapports annuels des institutions, associations, et ONG juives en Europe et en Amérique, nous assistons à un changement graduel et positif au sein de certains leaders religieux musulmans et chez les jeunes. Pour l’heure, il s’agit d’une minorité infime mais c’est un signe encourageant. 

C’est dans le recueillement sur le passé qu’il faut tirer des leçons politiques et préparer l’avenir.

Le pardon aux barbares, l’amnistie des bourreaux, doivent être rejetés avec mépris et sans grâce.

La vengeance, la haine perpétuelle sont aussi inutiles. Le monde tourne et change et l’espoir renaît avec les générations nouvelles et avec l’espérance.

Notre force est dans le souvenir, dans la vérité historique, mais aussi dans l’esprit d’un meilleur avenir.

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