Document : Discours du Premier ministre Netanyahou au Congrès

C’est un honneur et un grand privilège pour moi de prononcer un discours, pour la troisième fois, devant la chambre législative la plus importante de la planète, le Congrès des Etats-Unis.

Je tiens à vous remercier chaleureusement d’être venus si nombreux pour m’entendre. Je sais que mon discours a été l’objet de controverses, au centre d’une grande polémique. Je regrette profondément qu’on le perçoive comme un acte politique, ce n’était pas mon intention.

Je voudrais vous remercier, Démocrates et Républicains, pour votre soutien conjoint inébranlable à l’Etat d’Israël, et ce, au fil des années et des décennies. Je sais que, peu importe votre appartenance politique, vous êtes toujours aux côtés d’Israël. La merveilleuse alliance tissée entre les Etats-Unis et Israël a été toujours au-dessus de la politique politicienne, elle devrait être ainsi, parce que l’Amérique et Israël partagent un destin commun, celui de la Liberté et de l’Espoir.

Israël est reconnaissant pour le soutien du peuple américain et l’aide de tous les présidents américains, depuis Harry Truman jusqu’à Barack Obama. Nous apprécions tout ce que le président Obama a fait en faveur d’Israël. Certaines actions sont connues du grand public comme le renforcement de la coopération sécuritaire, le partage d’informations précieuses dans le domaine du Renseignement, et son opposition aux résolutions anti-israéliennes à l’ONU.

Toutefois, il existe d’autres activités moins connues que le Président a faites en faveur de l’Etat d’Israël : en 2010, je l’avais appelé au téléphone, au moment où éclatait un immense incendie sur le mont Carmel. Eh bien, sans hésitation, le Président a immédiatement accepté ma requête et nous a envoyé une aide d’urgence. En 2011, quand notre ambassade au Caire était en état de siège, le Président nous a apporté, à nouveau, une aide vitale lors d’un moment crucial.

Nous apprécions également son soutien pour nous avoir fourni de nouvelles batteries pour intercepter des missiles lancés par les terroristes du Hamas au cours de la dernière guerre de Gaza de l’été dernier. A chaque fois que j’ai appelé le président, il répondait toujours présent et était disponible.

Il existe aussi d’autres activités qui ne seront jamais connues du grand public car elles concernent des questions stratégiques très sensibles que seul un président américain et un Premier ministre israélien partagent. Je serai toujours reconnaissant au président Obama pour son soutien. Israël est reconnaissant aussi envers le Congrès pour son soutien et son aide militaire généreuse pour la défense de l’Etat d’Israël. Grâce au système antimissile, nous avons réussi a protégé des millions d’Israéliens contre le déluge de roquettes du Hamas.

Grâce au «Dôme du Capitole » nous avons pu construire notre « Dôme de Fer ». Merci, l’Amérique, je vous remercie chaleureusement pour tout ce que vous faites pour Israël.

Mes chers amis, je suis venu ici aujourd’hui parce que, dans mes fonctions de Premier ministre israélien, je ressens un profond engagement de partager avec vous un grave problème qui pourrait menacer l’existence même de mon pays et l’avenir de mon peuple : la détermination de l’Iran à acquérir des armes nucléaires.

Nous sommes un peuple ancien. Au fil des 4 000 longues années de notre Histoire, nos ennemis ont essayé de nous détruire, de nous faire disparaître. Demain soir, c’est la fête de Pourim, nous lisons le Livre d’Esther, l’histoire d’un méchant et puissant personnage de la Perse antique, du nom d’Haman, qui avait planifié de détruire le peuple juif il y a environ 2 500 années. Mais voilà qu’apparait une courageuse femme juive, Esther, et elle révèle le complot. Le plan est déjoué et notre peuple fut sauvé. Aujourd’hui, le peuple juif fait face à une nouvelle tentative de nous détruire de la part d’un autre dirigeant perse, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei. Il représente l’expression de la haine la plus ancienne, celle de l’antisémitisme. Il utilise le dernier cri de la technologie. Récemment, il a appelé en anglais dans sa page Twitter   « à rayer l’Etat Juif de la carte ».

Vous savez probablement que l’Iran d’aujourd’hui ne permet pas le libre accès à tous les sites internet… mais passons, pour celui qui croit que l’Iran menace seulement de détruire l’Etat juif, mais pas l’ensemble du peuple juif, je vous propose d’écouter les propos d’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, satellite terroriste de l’Iran. Il disait récemment : « Si tous les Juifs du monde s’installaient en Israël, cela nous épargnerait de les pourchasser à travers les continents ». Mais le régime iranien ne concerne pas seulement les Juifs, tout comme le régime nazi à son époque. Les six millions de Juifs exterminés par les Nazis n’étaient qu’une fraction des 60 millions de personnes tuées lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

Le régime pose un grave danger non seulement pour Israël, mais pour la paix mondiale. Pour comprendre à quel point l’Iran serait dangereux le jour où il possédera des armes nucléaires, nous devrions rappeler la nature du régime des Ayatollahs. La nation iranienne représente sans doute un peuple talentueux, héritière de l’une des plus grandes civilisations du monde. Mais voilà qu’en 1979 tout bascule, des fanatiques religieux prennent le pouvoir et appliquent un régime totalitaire sombre et brutal. Très rapidement, une nouvelle constitution fanatique est rédigée, guidée par les Gardiens de la Révolution. Le but est non seulement de protéger les frontières de l’Iran, mais aussi de remplir la mission idéologique du djihad.

Le fondateur du régime, l’ayatollah Khomeiny, a exhorté ses partisans à « exporter la Révolution islamique chiite à travers le monde entier. » Je suis ici présent à Washington, et la différence est si forte. La Proclamation de l’Amérique garantit la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Celui du régime iranien appelle à la mort, à la tyrannie, et à lutter pour le djihad.

Tandis que les Etats s’écroulent et plongent dans le chaos au Moyen-Orient, l’Iran des Ayatollahs sème sur le terrain la terreur et soutient le terrorisme. Ses mercenaires sont à Gaza, au Liban et sur le plateau du Golan, aux portes d’Israël. Soutenu et encouragé par l’Iran, Assad le Syrien massacre son propre peuple. Soutenues et encouragées par les Ayatollahs, les milices chiites se déchaînent en Irak. Soutenus et encouragés par l’Iran, les Houthis prennent le pouvoir au Yémen et menacent un détroit stratégique en mer Rouge. Avec le contrôle du détroit d’Ormuz, l’Iran pourra mettre sa main sur l’approvisionnement mondial du pétrole.

La semaine dernière, non loin de ce détroit, l’Iran a effectué des manœuvres militaires, dont l’un des exercices simulait l’explosion d’une maquette géante d’un porte-avions américain. C’était la semaine dernière, alors que des pourparlers sur le nucléaire sont en cours avec les États-Unis. Malheureusement, en 36 ans de pouvoir, les attaques de l’Iran contre les Etats-Unis étaient toutes, sont toutes réelles.

Rappelons pour mémoire, les dizaines de diplomates pris en otages à l’ambassade américaine de Téhéran, la mort de centaines de Marines américains à Beyrouth et de milliers d’autres en service, hommes et femmes américaines tués et blessés en Irak et en Afghanistan. Au-delà du Moyen-Orient, l’Iran a attaqué l’Amérique et ses alliés à travers son réseau terroriste mondial. Il a fait exploser le Centre communautaire juif et notre ambassade à Buenos Aires. Il a aidé al-Qaïda dans les attentats des ambassades américaines en Afrique. Il a même tenté d’assassiner l’ambassadeur saoudien à Washington, ici même.

Au Moyen-Orient, l’Iran contrôle désormais quatre capitales arabes : Bagdad, Damas, Beyrouth et Sanaa. Si nous lui laissons le champ libre, l’agression iranienne fera tomber d’autres capitales. Ainsi, alors que beaucoup espèrent que l’Iran rejoigne le concert des nations, Téhéran s’occupe de prendre le contrôle de nouvelles nations. Nous devons unir nos efforts pour arrêter ensemble cette marche de conquête, cette domination de la terreur par l’Iran.

Il y a juste deux ans, on nous a conseillé de donner au Président Rohani et son ministre des Affaires étrangères Zarif la possibilité d’apporter un changement, d’instaurer une certaine modération en Iran. Depuis, voilà ce qui se passe quotidiennement dans ce pays : le gouvernement Rohani pend les homosexuels, persécute les Chrétiens, et emprisonne des journalistes. Plus de détenus dans les prisons sont exécutés ! Il y a deux mois, le même Zarif, le point de mire des diplomates occidentaux, s’est recueilli devant la tombe d’Imad Mughniyeh, l’architecte de la terreur, celui qui a fait couler plus de sang américain que tout autre terroriste, à l’exception d’Oussama ben Laden.

 

J’aimerais bien que quelqu’un lui pose une question sur ce sujet macabre. Le régime iranien actuel est plus radical que jamais. Son cri demeure : « Mort à l’Amérique », «  le Grand Satan ». Cela ne devrait pas surprendre car l’idéologie de ce régime est profondément enracinée dans une idéologie révolutionnaire islamiste. C’est pourquoi ce régime sera toujours l’ennemi numéro Un de l’Amérique.

Ne vous trompez pas ! Le combat de l’Iran contre l’Organisation de l’Etat islamique Daesh ne fera pas de l’Iran un ami de l’Amérique. Iran et Daesh sont en concurrence pour obtenir la même couronne, celle de l’islam fanatique et radical. L’un s’appelle « République islamique » et l’autre « Etat islamique ». Les deux cherchent à imposer un Califat dans notre région, dans un premier stade, puis dans le monde entier. Ils sont simplement en désaccord sur le contrôle de leur empire. Dans cette compétition haineuse pour le pouvoir, il n’y aura de place ni pour l’Amérique ni pour Israël. Pas de place non plus pour les Chrétiens, les Juifs ou les Musulmans qui ne partagent pas la même foi islamiste, croyance obscure et médiévale, où les droits et les libertés des hommes et des femmes sont cruellement bafoués. Par conséquent, soulignons que l’ennemi de votre ennemi demeure votre ennemi !

Il existe entre eux quand même une différence : tandis que Daesh est armé d’haches et de couteaux de boucher, qu’il utilise les médias et Internet, l’Iran, lui, pourrait être armé de missiles balistiques intercontinentaux et de bombes atomiques. Nous devons toujours nous rappeler et je le signale une fois encore : le plus grave danger auquel fait face notre monde est l’association entre les islamistes et l’arsenal nucléaire.

Vaincre l’État islamique et laisser l’Iran obtenir des armes nucléaires serait en fait comme de gagner une bataille mais de perdre la guerre. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire. Mes chers amis, c’est exactement ce qui pourrait arriver si l’accord en cours de négociation était accepté par l’Iran. Cet accord n’empêcherait pas l’Iran de développer des armes nucléaires. Il garantirait au contraire à l’Iran l’obtention de ces armes, de beaucoup de ces armes ; laissez-moi vous expliquer pourquoi : alors que l’accord final n’a pas encore été signé, certains éléments de cet accord potentiel sont désormais de notoriété publique. Ce n’est plus du domaine des agences de renseignement ou du secret, il suffit de surfer sur Google.

À moins d’un changement total, on sait que tout accord aboutira à deux concessions majeures à l’Iran : la première sera de laisser l’Iran avec une vaste infrastructure nucléaire lui permettant à une échéance très courte d’obtenir la bombe ; cette échéance, c’est le temps qu’il faut pour amasser suffisamment d’uranium ou de plutonium de type militaire pour fabriquer une bombe nucléaire. Selon cet accord, pas une seule installation nucléaire ne serait détruite, des milliers de centrifugeuses utilisées pour enrichir l’uranium resteraient en service, des milliers d’autres seraient déconnectées temporairement mais pas détruites.

Si le programme nucléaire de l’Iran était donc laissé en grande partie intact, il suffirait d’un laps de temps assez court pour construire une bombe : environ un an selon l’évaluation américaine et quelques mois selon notre évaluation. Si les centrifugeuses sophistiquées, de plus en plus rapides, n’étaient pas stoppées, le laps de temps serait beaucoup plus court.

Il est vrai que certaines restrictions seraient imposées sur tout le programme nucléaire et la soumission de l’Iran à ces restrictions serait supervisée par des inspecteurs internationaux ; mais il existe un grave problème, que voici : les inspecteurs ne font que rapporter les violations en cours, ils ne peuvent les arrêter.

Les inspecteurs étaient bien informés que la Corée du Nord avait accès à la bombe mais cela ne l’a pas empêchée de poursuivre son programme. La Corée du Nord a refusé la surveillance, elle a expulsé les inspecteurs et, en quelques années, elle a obtenu sa bombe. Désormais, nous sommes avertis que dans un délai de cinq ans, la Corée du Nord pourrait posséder un arsenal d’une centaine de bombes atomiques. Comme la Corée du Nord, l’Iran a aussi défié les inspecteurs internationaux, en 2005, 2006 et 2010. Comme la Corée du Nord, l’Iran joue à cache-cache avec les inspecteurs. Il est rusé et il triche ! Il a changé les verrous et brisé les caméras…

L’Agence Internationale de l’Energie atomique de l’ONU, l’AIEA, a déclaré hier encore que l’Iran refusait toujours de dévoiler son programme nucléaire militaire. L’Iran a également été pris deux fois en flagrant délit dans des installations nucléaires secrètes, à Natanz et Qom ; des installations dont les inspecteurs ignoraient l’existence. À l’heure actuelle, l’Iran pourrait cacher des installations nucléaires que nous, les États-Unis et Israël, ignorons comme l’a bien déclaré l’ancien chef des inspecteurs de l’AIEA en 2013 : « s’il n’y avait aucune installation non déclarée aujourd’hui en Iran, ce serait bien la première fois depuis vingt ans ».

L’Iran a prouvé à maintes reprises qu’on ne pouvait lui faire confiance et c’est pourquoi une première concession majeure serait une source de préoccupation et d’inquiétude ; cela laisserait à l’Iran une vaste infrastructure nucléaire car les inspecteurs ne pourront pas réaliser un véritable travail d’inspection. Cette concession créera un danger réel, celui de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire tout en violant l’accord signé. L’Iran pourra également construire une bombe tout en signant un accord puisque toutes les restrictions sur le programme nucléaire iranien expirent automatiquement dans une dizaine d’années. Une dizaine d’années peut sembler une période longue dans la vie politique mais dans la vie d’une nation ce n’est qu’un clin d’œil, un moment éphémère dans la vie de nos enfants.

 

Nous avons tous la responsabilité d’examiner ce qui se passera lorsque les capacités nucléaires iraniennes seront pratiquement illimitées et que toutes les sanctions auront été levées ; l’Iran sera alors libre de construire une énorme capacité nucléaire qui sera en mesure de produire beaucoup, beaucoup de bombes nucléaires. Le guide suprême iranien l’a déclaré publiquement, ouvertement. Il dit que l’Iran prévoyait d’avoir 190 000 centrifugeuses et non pas 6 000 ni même 19 000, il possède donc dix fois plus de centrifugeuses d’enrichissement d’uranium. Avec cette capacité massive, l’Iran pourrait fabriquer du carburant pour son arsenal nucléaire en l’espace de quelques semaines, une fois la décision prise.

Mon ami de longue date, John Kerry, Secrétaire d’État, a confirmé la semaine dernière que l’Iran pourrait posséder légitimement cette énorme capacité de centrifugeuses juste après l’expiration de l’accord. J’aimerais que vous pensiez à cela : le grand parrain du terrorisme mondial pourrait être à une échéance de seulement quelques semaines d’obtenir suffisamment d’uranium enrichi pour un énorme arsenal d’armes nucléaires, avec une pleine légitimité internationale.

Et en passant, sachez que le programme de missiles balistiques intercontinentaux ne fait même pas partie de l’accord car jusqu’à présent l’Iran refuse de le mettre sur la table des négociations ; donc l’Iran pourrait avoir les moyens d’utiliser ces armes nucléaires vers tous les coins les plus éloignés de la planète, y compris sur l’ensemble du territoire des États-Unis.

Alors vous voyez mes amis, cet accord contient deux concessions majeures : il permet à l’Iran un vaste programme nucléaire et autorise la levée complète des restrictions dans une dizaine d’années. C’est pour cela que cet accord est si mauvais ; il ne ferme pas le chemin de l’Iran vers la bombe, il lui ouvre facilement la voie.

Alors pourquoi certains voudraient-ils signer cet accord ? Parce qu’ils espèrent des changements positifs en Iran dans les années à venir, ou bien ils croient qu’une alternative à cet accord est encore pire. Eh bien, je suis en désaccord. Je ne crois pas que le régime extrémiste de l’Iran changera après cet accord. Ce régime est au pouvoir depuis trente-six ans et son désir vorace d’agression augmente d’année en année. Cet accord ne fera que nourrir davantage l’appétit de l’Iran.

Est-ce que l’agressivité de l’Iran serait moindre avec les sanctions levées et une économie plus forte ? Si l’Iran a déjà englouti quatre pays alors qu’il est soumis à des sanctions, combien de pays va-t-il encore dévorer lorsque les sanctions seront levées ?  Est-ce qu’il financera moins le terrorisme quand il aura assez d’argent ? Pourquoi donc le régime extrémiste de l’Iran changerait-il positivement alors qu’il pourra profiter du meilleur des deux mondes : l’agression à l’étranger et la prospérité dans son foyer ? C’est une question que tout le monde se pose dans notre région.

Les voisins d’Israël, les voisins de l’Iran, savent que les Ayatollahs vont devenir encore plus agressifs et parrainer davantage le terrorisme dès que l’économie sera libérée et que la voie sera plus libre pour construire la bombe atomique. Et beaucoup parmi ses voisins disent qu’ils vont réagir en s’empressant d’obtenir, eux aussi, leurs propres armes nucléaires. Donc cet accord ne changera pas l’Iran pour le mieux : il va seulement changer le Moyen-Orient pour le pire.

Un accord qui est censé d’empêcher la prolifération nucléaire va au contraire déclencher une course aux armements atomiques dans la partie la plus dangereuse de la planète. Cet accord ne sera pas un adieu aux armes, il sera au contraire un adieu au contrôle des armements et aux pièges nucléaires. Une région où de petites escarmouches peuvent déclencher de grandes guerres se transformera en une poudrière atomique. Si quelqu’un pense que cet accord va résoudre le problème, il doit être démenti : en avançant un peu dans cette voie nous allons être en face d’un Iran bien plus dangereux, un Moyen-Orient envahi de bombes atomiques nucléaires et un compte à rebours vers un possible cauchemar nucléaire.

Mesdames et Messieurs, je suis venu ici aujourd’hui pour vous dire que nous ne pouvons pas mettre en danger la sécurité du monde tout en espérant naïvement que l’Iran changera positivement. Nous ne pouvons pas jouer avec notre destin et avec l’avenir de nos enfants. Il faut insister pour que les restrictions sur le programme nucléaire de l’Iran ne soient pas levées tant que l’Iran continuera son agression dans la région et dans le monde.

Avant la levée des restrictions, le monde doit exiger trois choses de l’Iran. Premièrement, cesser toute belligérance contre ses voisins au Moyen-Orient. Deuxièmement, cesser de soutenir le terrorisme à travers tous les continents. Et troisièmement, cesser de menacer d’anéantir mon pays, Israël, le seul et unique État juif. Si les puissances mondiales ne sont pas prêtes à exiger de l’Iran qu’il change son comportement avant qu’un accord ne soit signé, le minimum serait qu’elles exigent de l’Iran qu’il change son attitude avant l’expiration de l’accord. Si l’Iran change son comportement alors les restrictions seront levées, si l’Iran ne change pas son comportement, les restrictions ne devraient pas être levées. Si l’Iran veut être traité comme un pays normal, alors il doit agir comme tout le monde.

Mes amis, qu’en est-il de l’argument selon lequel il n’y a pas d’alternative à cet accord, que le savoir-faire nucléaire de l’Iran ne peut plus être effacé, que son programme nucléaire est tellement avancé que le mieux que nous puissions faire est de retarder l’inévitable ? Pourtant, le savoir-faire nucléaire sans infrastructure nucléaire ne donne pas de grandes possibilités. Un pilote de course sans voiture ne peut pas conduire, un pilote sans avion ne peut pas voler. Et donc, sans des milliers de centrifugeuses, de tonnes d’uranium enrichi ou d’installations d’eau lourde, l’Iran ne pourra pas fabriquer d’arme nucléaire. Le programme nucléaire de l’Iran peut-être rétrogradé bien en-deça de la proposition actuelle.

Nous devons insister sur un meilleur accord, en maintenant la pression sur un régime très vulnérable surtout depuis l’effondrement récent du prix du pétrole. Maintenant, si les Iraniens menacent de s’éloigner de la table des négociations, comme cela se fait souvent lors de marchandage dans un bazar perse, il s’agit d’un grand bluff. Ils reviendront parce qu’ils ont besoin d’un accord beaucoup plus que vous.

Mes chers amis, depuis plus d’un an on nous dit que l’absence d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord, et bien ceci est un mauvais accord, c’est un très mauvais accord et il vaut mieux s’en passer. On nous dit aussi que la seule alternative à ce mauvais accord, c’est la guerre. C’est faux ! L’alternative à ce mauvais accord serait un meilleur accord, un accord viable : un traité qui ne permette pas à l’Iran d’avoir une vaste infrastructure nucléaire en un laps de temps aussi court pour pouvoir le violer ; un meilleur accord qui maintienne les restrictions sur le programme nucléaire jusqu’à la fin de l’agression iranienne ; un meilleur accord qui n’ouvrirait pas à l’Iran un chemin facile vers la bombe ; un meilleur accord qu’Israël et ses voisins pourraient ne pas apprécier mais avec lequel nous pourrions vivre littéralement.

 

Mesdames et Messieurs, l’Histoire nous a placés au carrefour du destin, nous devons maintenant choisir entre deux voies : une voie qui mène à un mauvais accord, qui au mieux va restreindre les ambitions nucléaires de l’Iran pendant un certain temps, mais qui conduira inexorablement à un Iran nucléaire dont l’agression débridée conduira inévitablement à la guerre. La deuxième voie, aussi difficile, pourrait conduire à un bien meilleur accord qui empêcherait un Iran nucléaire, un Moyen-Orient nucléarisé avec les conséquences horribles que cela entraînerait pour toute l’Humanité.

Vous n’avez pas besoin de lire Robert Frost pour le savoir, il suffit de vivre pour savoir que le chemin difficile est généralement le moins fréquenté mais c’est ce qui fera toute la différence pour l’avenir de mon pays, pour la sécurité du Moyen-Orient et pour la paix dans le monde, la paix que nous désirons tous.

Mes chers amis, tenir tête à l’Iran n’est pas facile, tenir tête à l’obscurantisme et à un régime totalitaire et meurtrier ne l’est jamais. Parmi nous se trouve aujourd’hui le survivant de la Shoah et lauréat du prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel. Elie, votre vie et votre carrière exemplaire donnent du sens aux mots : « plus jamais ça ». Je souhaiterais être en mesure de vous promettre que les leçons de l’Histoire ont été apprises. Je ne peux qu’encourager les dirigeants du monde à ne pas répéter les erreurs du passé, à ne pas sacrifier l’avenir au présent, à ne pas ignorer l’agression dans l’espoir de gagner une paix illusoire.

Mais je peux vous promettre une chose : les jours où les Juifs étaient passifs face à des ennemis génocidaires sont révolus. Nous ne sommes plus dispersés parmi les nations, impuissants à nous défendre. Nous avons restauré notre souveraineté dans notre ancienne patrie et nos vaillants soldats qui défendent notre foyer ont un courage sans borne. Pour la première fois depuis une centaine de générations, nous, le Peuple juif, nous pouvons nous défendre.

C’est pourquoi, en tant que Premier ministre de l’Etat d’Israël, je peux vous promettre une chose : même si Israël doit être seul, Israël tiendra tête. Mais je sais qu’Israël n’est pas seul, je sais que l’Amérique se tient à nos côtés, aux côtés de l’Etat Juif ! Je sais que vous soutiendrez Israël contre vents et marées. Car vous savez parfaitement que l’Histoire d’Israël n’est pas seulement l’Histoire du peuple juif mais celle de l’esprit humain qui refuse encore et encore de succomber aux horreurs de l’Humanité.

Face à moi, juste au-dessus de la galerie qui nous surplombe dans cette enceinte, j’aperçois la gravure du portrait de Moïse. Moïse a conduit notre peuple de l’esclavage aux portes de la Terre promise. Et avant l’entrée de notre peuple en terre d’Israël, Moïse nous a transmis un message qui a forgé notre détermination depuis des milliers d’années : « soyez forts et déterminés, vous ne devez ni les craindre ni les redouter ».

Mes chers amis, qu’Israël et l’Amérique se tiennent toujours ensemble, forts et déterminés. Puissions-nous ne pas avoir peur, ni redouter les défis qui nous attendent ; puissions-nous faire face à l’avenir avec confiance, force et espoir. Que Dieu bénisse l’État d’Israël et que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique. Merci, merci beaucoup, merci à vous tous, merci à l’Amérique !

Discours du Premier ministre Netanyahou au Congrès américain, le 3 mars 2015

LE CAPE

Photos Amos Ben Gershom / GPO