Ballet diplomatique à Vienne et branle-bas à Jérusalem

Freddy Eytan

Le bruit des bottes autour de l’Ukraine éclipse la reprise des négociations sur le projet nucléaire iranien à Vienne. Devant la nouvelle Triple-entente (Russie-Chine-Iran), il semble que l’alliance occidentale s’achemine vers un accord intérimaire en faveur de l’Iran et au détriment d’Israël.

Certes, le gouvernement Bennet-Lapid est opposé farouchement à toute négociation avec les Ayatollahs mais il ne possède pas les moyens et les leviers pour arrêter les pourparlers en cours.

Il est bien entendu nécessaire de coordonner la marche à suivre avec l’alliance occidentale mais Israël se trouve en réalité dans un hors-jeu diplomatique. Il ne participe pas aux négociations et ne peut influer sur les clauses d’un éventuel accord.

Le dernier entretien téléphonique de Bennet avec le président Biden vient d’éclairer les positions de chacun, mais surtout la détermination des Etats-Unis de poursuivre les efforts diplomatiques et de signer enfin un accord.

Nuclear deal talks in Vienna

(Iran’s Foreign Ministry)

Lors de cet entretien, Bennet a insisté sur la liberté d’action d’Israël et a informé le président américain des préparatifs en cours afin d’éviter à l’Iran de disposer suffisamment de matières fissiles pour fabriquer un ou deux engins nucléaires. La quantité d’uranium enrichi en possession de l’Iran et sa capacité actuelle lui permet d’enrichir de l’uranium à des fins militaires. L’Iran continue aussi de développer des missiles balistiques à longue portée qui lui permettront de les doter d’ogives nucléaires et de pouvoir les lancer non seulement sur Israël mais aussi vers des cibles européennes.

Le gouvernement Bennet-Lapid semble faire totalement confiance aux Américains mais en leur permettant le champ libre, nous risquons d’obtenir un mauvais accord sans pouvoir réagir efficacement. 

Dans ce contexte, nous devrions sans délai renforcer les Accords d’Abraham et nos relations stratégiques avec les Emirats du Golfe persique.  

Ces pays arabes n’ont jamais oublié que l’Iran prétend que Bahreïn est sa 14ème province. L’Arabie Saoudite s’inquiète du soutien iranien au soulèvement des chiites dans les régions Est du pays et de l’aide militaire aux Houthis du Yémen.  

La faiblesse américaine dans la région joue contre Israël. Elle s’est accentuée par un manque d’intérêt sur toutes les affaires du Moyen-Orient.

Au moment où la révolution islamique célèbre son 43e anniversaire, soulignons que les exportations de pétrole de l’Iran ont augmenté de 40 % en 2021 et le prix du pétrole a presque doublé. Les revenus de l’Iran provenant des ventes de pétrole ont grimpé de 25 milliards de dollars. La Chine reçoit 75% des exportations de pétrole de l’Iran.

De ce fait, les Ayatollahs poursuivent leur politique belliqueuse impunément, et renouvèlent le dialogue sur le projet atomique en position de force, tout en dictant aux Occidentaux la marche à suivre.

Centrifuge machines used for enriching uranium

(Tasnim)

Avec la levée prévisible des sanctions, l’Iran augmentera son budget militaire et pourra recevoir un armement sophistiqué de la Russie ou de la Chine et exporter ce précieux arsenal à ses milices chiites.

Le dégel des avoirs bancaires sera ainsi destiné au financement du terrorisme, à la recherche tranquille du nucléaire, et au développement des missiles balistiques capables de transporter des ogives chimiques et nucléaires.

Devant l’impuissance des inspecteurs et l’indifférence de la communauté internationale, Tsahal et le Mossad ont augmenté leur vigilance et des plans opérationnels sont étudiés pour contrecarrer par tous les moyens le programme atomique des ayatollahs.

Joe Biden pense naïvement qu’un compromis avec l’Iran effacera l’échec de son prédécesseur, renforcera l’alliance atlantique et marquerait des points importants en politique étrangère.

Cependant, ses appels alarmistes devant une possible invasion russe en Ukraine prouvent plutôt désarroi et détresse face à un Poutine déterminé et audacieux. Les jours à venir mettront Biden à une rude épreuve. Chaque réaction de sa part aura des implications graves sur le dossier iranien. 

Dans ce contexte internationale explosif, le gouvernement israélien se trouve dans un dilemme bien compliqué. Pour s’en sortir, il devra agir prudemment et discrètement tout en sauvegardant ses propres intérêts.

Se préparer à tous les scénarios possibles afin de se défendre contre toute attaque, proche ou lointaine.                        

 

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