Mettons un terme aux disputes – unissons-nous face aux défis et menaces 

La loi sur l’État-nation a été mal comprise et il est regrettable que le gouvernement et les parlementaires n’aient pas lancé, avant son adoption, une vaste campagne d’information ou même exigé un referendum.

Les réactions hostiles et la vague de contestation démontrent un grand malaise. Nombre d’Israéliens sont confus, ne sont guère satisfaits et n’adhèrent pas à ladite loi. Le nombre impressionnant de manifestants solidaires des Druzes en témoigne.

Il est réconfortant aussi de constater que la majorité écrasante des 120 000 Druzes vivant fidèlement en Israël accepte sans équivoque le texte de la Proclamation de l’État juif du 14 mai 1948. Ce qui n’est pas le cas des Arabes et de leurs députés à la Knesset.

Pourtant, il est clair que la majorité des opposants à la loi et certains organisateurs réagissent à des motifs idéologiques, et d’autres subissent de fortes pressions et tombent dans le piège de la récupération politique.

Ce n’était pas l’intention des parlementaires. Au départ, il existait à Droite comme à Gauche, un consensus sur la nécessité de promulguer une loi fondamentale. Le but des parlementaires n’était donc pas de diviser pour mieux régner et imposer aux minorités des mesures discriminatoires. L’objectif était d’éviter la création d’un État binational et de consolider le caractère juif et démocratique par une nouvelle loi fondamentale sans pour autant atteindre aux droits des non Juifs.

Cérémonie militaire en l’honneur des frères d’armes druzes (photo Moshe Milner, GPO)

Toutefois, il est scandaleux et absurde que des chancelleries et des organisations de l’ONU interviennent dans nos affaires intérieures et osent engager des procédures judiciaires.

Pis encore, des députés arabes, tel Ahmed Tibi, se permettent de dénoncer cette loi à l’étranger, en exigeant dans les colonnes de journaux français des sanctions de la part de la France et l’Union européenne, tout en se présentant sous le titre de vice-président de la Knesset. L’hypocrisie et la manipulation sont plus que flagrantes et des mesures devraient être prises contre ce député rebelle et ses collègues. Comment dire que l’État d’Israël pratique l’Apartheid, au moment où au sien de ce parlement siègent plusieurs députés arabes et notamment dans des partis sionistes ?

Comment critiquer et condamner le manque de liberté d’expression dans un pays où chacun peut s’exprimer sans aucune censure et contrainte, surtout sur les réseaux sociaux ? Comment être aveugle devant les innombrables manifestations dans les rues de Jérusalem ou Haïfa ? Qui a empêché les Druzes d’exprimer leur colère et de faire flotter leur étendard, place Rabin à Tel-Aviv ?

De ce fait, nous constatons que le double jeu persiste. Le but de certains organisateurs est transparent et leur priorité est de faire tomber ce gouvernement, coûte que coûte, et d’anticiper ainsi des élections législatives. On sème la discorde sous prétexte d’une loi et on mélange tout pour créer la polémique et plonger les Israéliens, surtout non Juifs, dans la confusion et la déprime, et dans l’incompréhension totale du caractère spécifique et unique de l’État d’Israël. Comment dans ce contexte est-il possible de faire l’apologie de cette loi et de la justifier sans critique surtout à l’étranger ?

Cependant, nous devrions admettre que des erreurs tactiques ont été commises et qu’il y a eu un manque de sensibilité aux réactions et aux conséquences, surtout quand existe des déclarations contradictoires parmi les ministres et députés et une mauvaise campagne d’information.

Comment adopter l’égalité absolue pour tous dans un pays si complexe et quand une partie de la population conteste vulgairement le caractère juif et ne participe pas aux efforts de guerre? Toutefois, il est important d’appliquer une égalité civile pour tous et dans tous les domaines. Il ne devrait pas exister dans ce pays un citoyen de seconde zone.

Le mal est hélas fait et nous devrions trouver les moyens d’y remédier. Nous devrions éviter à tout prix une rupture totale entre Droite et Gauche, entre Israël et la diaspora, un inutile déchirement entre laïcs et religieux, entre Juifs et minorités arabes.

Il est impératif et urgent de redonner confiance et espoir surtout aux jeunes générations, notamment aux Druzes. Satisfaire le mérite de l’alliance et consolider le « pacte de sang » signé avec leurs ancêtres, bien avant la création de l’État d’Israël, et ce, malgré la présence d’une diaspora majoritaire druze vivant dans des pays voisins hostiles tels que le Liban et la Syrie.

Éduquer et expliquer les droits et les obligations civiques et surtout la signification des termes fondamentaux tels : foyer national, patriotisme et nationalisme. Ce ne sont pas des termes antidémocratiques ou racistes. Rappelons que les communistes, et les syndicalistes français disent toujours de leurs ennemis et adversaires de Droite qu’ils sont fascistes. Enfin, aussi expliquer ce que veut dire vraiment l’État de la nation juive aujourd’hui.

Il est plus facile de démolir l’édifice étatique et social, briser les espoirs, et casser le moral d’un peuple, comme le font, sans scrupule, toujours les mêmes observateurs, politiques irresponsables et cyniques journalistes.

Inexplicable est aussi la réaction d’anciens diplomates israéliens. Ne renforcent-ils pas les arguments des opposants et détracteurs, surtout à l’étranger ? Comment parler de l’hécatombe de notre démocratie et de la faillite de notre économie au moment où des éloges sont dressés pour les résultats fantastiques sur le terrain qui placent Israël dans le peloton de tête des pays stables de la planète, et où il fait bon vivre sur plusieurs plans.

Le Premier ministre Benjamin Nétanyahou avec un leader druze (Kobi Gideon, GPO)

Après 70 ans d’existence douloureuse, il est plus difficile de reconstruire, de rassembler une fois encore, et de forger une société aussi disparate qu’est la nôtre, et de lui redonner espoir et confiance.

Contrairement à l’avis de certains fanatiques et extrémistes, soulignons que cette loi fondamentale n’est pas opportuniste, ni adaptée à un gouvernement spécifique. Son but est de prévoir un solide et bel avenir.

Cessons donc de semer la division et la zizanie et de faire naître la discorde et des disputes inutiles. Unissons-nous pour pouvoir relever les défis et affronter les menaces. Soulignons, une fois encore, que nous sommes toujours en état de guerre et nos ennemis se réjouissent toujours quand Israël est en crise identitaire et plongé dans la division.

Freddy Eytan


Texte de la proclamation de l’Etat d’Israël, 14 mai 1948

ERETZ-ISRAEL est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il réalisa son indépendance, créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle et fit don de la Bible au monde entier.

Contraint à l’exil, le peuple juif demeura fidèle au pays d’Israël à travers toutes les dispersions, priant sans cesse pour y revenir, toujours avec l’espoir d’y restaurer sa liberté nationale.

Motivés par cet attachement historique, les juifs s’efforcèrent, au cours des siècles, de retourner au pays de leurs ancêtres pour y reconstituer leur Etat. Tout au long des dernières décennies, ils s’y rendirent en masse : pionniers, maapilim et défenseurs. Ils y défrichèrent le désert, firent renaître leur langue, bâtirent cités et villages et établirent une communauté en pleine croissance, ayant sa propre vie économique et culturelle. Ils n’aspiraient qu’à la paix encore qu’ils aient toujours été prêts à se défendre. Ils apportèrent les bienfaits du progrès à tous les habitants du pays. Ils nourrirent toujours l’espoir de réaliser leur indépendance nationale.

En 1897, inspiré par la vision de l’Etat juif qu’avait eue Théodore Herzl, le premier congrès sioniste proclama le droit du peuple juif à la renaissance nationale dans son propre pays. Ce droit fut reconnu par la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 et réaffirmé par le mandat de la Société des nations qui accordait une reconnaissance internationale formelle des liens du peuple juif avec la terre d’Israël, ainsi que de son droit d’y reconstituer son foyer national.

La Shoah qui anéantit des millions de juifs en Europe, démontra à nouveau l’urgence de remédier à l’absence d’une patrie juive par le rétablissement de l’Etat juif dans le pays d’Israël, qui ouvrirait ses portes à tous les juifs et conférerait au peuple juif l’égalité des droits au sein de la famille des nations.

Les survivants de la Shoah en Europe, ainsi que des juifs d’autres pays, revendiquant leur droit à une vie de dignité, de liberté et de travail dans la patrie de leurs ancêtres, et sans se laisser effrayer par les obstacles et la difficulté, cherchèrent sans relâche à rentrer au pays d’Israël.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le peuple juif dans le pays d’Israël contribua pleinement à la lutte menée par les nations éprises de liberté contre le fléau nazi. Les sacrifices de ses soldats et l’effort de guerre de ses travailleurs le qualifiaient pour prendre place à rang d’égalité parmi les peuples qui fondèrent l’Organisation des Nations unies.

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies adopta une résolution prévoyant la création d’un Etat juif indépendant dans le pays d’Israël et invita les habitants du pays à prendre les mesures nécessaires pour appliquer ce plan. La reconnaissance par les Nations unies du droit du peuple juif à établir son Etat indépendant ne saurait être révoquée.

C’est de plus, le droit naturel du peuple juif d’être une nation comme les autres nations et de devenir maître de son destin dans son propre Etat souverain.

EN CONSEQUENCE, NOUS, MEMBRES DU CONSEIL NATIONAL REPRESENTANT LE PEUPLE JUIF DU PAYS D’ISRAEL ET LE MOUVEMENT SIONISTE MONDIAL, REUNIS AUJOURD’HUI, JOUR DE L’EXPIRATION DU MANDAT BRITANNIQUE, EN ASSEMBLEE SOLENNELLE, ET EN VERTU DES DROITS NATURELS ET HISTORIQUES DU PEUPLE JUIF, AINSI QUE DE LA RESOLUTION DE L’ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES, PROCLAMONS LA FONDATION DE L’ETAT JUIF DANS LE PAYS D’ISRAEL, QUI PORTERA LE NOM D’ETAT D’ISRAEL.

NOUS DECLARONS qu’à compter de la fin du mandat, à minuit, dans la nuit du 14 au 15 mai 1948, et jusqu’à ce que des organismes constitutionnels régulièrement élus entrent en fonction, conformément à une Constitution qui devra être adoptée par une Assemblée constituante d’ici le 1er octobre 1948, le présent Conseil agira en tant qu’Assemblée provisoire de l’Etat et que son propre organe exécutif, l’administration nationale, constituera le gouvernement provisoire de l’Etat d’Israël.

L’ETAT D’ISRAEL sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des Lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la Charte des Nations unies.

L’ETAT D’ISRAEL est prêt à coopérer avec les organismes et représentants des Nations unies pour l’application de la résolution adoptée par l’Assemblée le 29 novembre 1947 et à prendre toutes les mesures pour réaliser l’union économique de toutes les parties du pays.

NOUS FAISONS APPEL aux Nations unies afin qu’elles aident le peuple juif à édifier son Etat et qu’elles admettent Israël dans la famille des nations.

Aux prises avec une brutale agression, NOUS INVITONS cependant les habitants arabes du pays à préserver les voies de la paix et à jouer leur rôle dans le développement de l’Etat sur la base d’une citoyenneté égale et complète et d’une juste représentation dans tous les organismes et les institutions de l’Etat, qu’ils soient provisoires ou permanents.

NOUS TENDONS la main de l’amitié, de la paix et du bon voisinage à tous les Etats qui nous entourent et à leurs peuples. Nous les invitons à coopérer avec la nation juive indépendante pour le bien commun de tous. L’Etat d’Israël est prêt à contribuer au progrès de l’ensemble du Moyen Orient.

NOUS LANÇONS UN APPEL au peuple juif de par le monde à se rallier à nous dans la tâche d’immigration et de mise en valeur, et à nous assister dans le grand combat que nous livrons pour réaliser le rêve poursuivi de génération en génération : la rédemption d’Israël.

CONFIANTS EN L’ETERNEL TOUT-PUISSANT, NOUS SIGNONS CETTE DECLARATION SUR LE SOL DE LA PATRIE, DANS LA VILLE DE TEL AVIV, EN CETTE SEANCE DE L’ASSEMBLEE PROVISOIRE DE L’ETAT, TENUE LA VEILLE DU CHABBATH, 5 IYAR 5708, QUATORZE MAI MIL NEUF CENT QUARANTE-HUIT.

 


Pour citer cet article :

Freddy Eytan, « Mettons un terme aux disputes – unissons-nous face aux défis et menaces », Le CAPE de Jérusalem, publié le 5 août 2018 : https://jcpa-lecape.org/mettons-un-terme-aux-disputes-unissons-nous-face-aux-defis-et-menaces/

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