Iran: La voie syrienne demeure ouverte dans la lutte contre Israël

wikipedia-segallLa vague de protestation en Syrie a mis à l’épreuve l’alliance stratégique entre l’Iran- Hezbollah et le régime de Bechar el Assad. La Syrie demeure dans le “camp de la résistance” et constitue un tremplin   logistique pour le Hezbollah, le Hamas, et le Jihad islamique palestinien. L’Iran perçoit sans équivoque son soutien à la Syrie et démontre sa capacité de rester fidèle à ses alliés en dépit de la tourmente régionale.

L’Iran estime en fin de compte  que le réveil du “parapluie islamique” supplantera les régimes pro-occidentaux de la région. Cela pourra compenser la perte possible de la Syrie mais reconsolidera le “camp de la résistance”  sur la base de l’islam et la haine idéologique contre Israël et des Etats-Unis.

Selon Ali Akbar Velayati, conseiller du chef suprême Ali Khamenei aux Affaires internationales, le camp de la résistance incorpora le nouveau gouvernement irakien. Et donc, si Assad tomberait un jour, l’Iran s’assurera que sa frontière commune avec l’Irak  lui permettra d’exploiter l’instabilité en Syrie et opérer à l’intérieur et à l’extérieur de son territoire.

Certes, la chute du régime Assad compliquera l’aide iranienne au Hezbollah en “temps réel”, à savoir, lors d’un nouveau conflit armé avec Israël, mais en même temps, de nouvelles opportunités lui seront  offertes suite aux victoires électorales des forces islamiques en Egypte, en Tunisie, et au Maroc.

Aussi longtemps que ça dure, la crise en Syrie démontre bien les déchirements interarabes face à l’Arabie Saoudite et les Etats du Golfe et ils approfondissent les rivalités historiques persanes-arabes, sunnites-shiites et persanes-turques (ottomanes).

La communauté internationale, la Ligue arabe ainsi que la Turquie tentent d’imposer un changement radical qui entraînerait la chute d’Assad et le soutien d’un processus démocratique en Syrie. Cependant, la Chine et la Russie tentent de contrebalancer les efforts occidentaux et arabes en imposant un veto au Conseil de sécurité.

Le printemps arabe ou comme l’Iran le surnomme “le réveil islamique” est favorable aux intentions hégémoniques de l’Iran. Téhéran a réussi  à défier l’Occident en progressant son programme nucléaire alors que les Etats-Unis parachèvent leur retrait d’Irak et d’Afghanistan, abandonnent  leur allié Moubarak et ne prouvent selon les Iraniens que “faiblesse militaire et économique.”

Ainsi, l’Iran procède prudemment en gardant ses  principales cartes dans la région (Syrie, Hezbollah et organisations palestiniennes) et en fournissant à Bechar el Assad un soutien économique, militaire et diplomatique.  L’Iran poursuit cette voie mais il est bien conscient qu’Assad pourra tomber un jour et mettrait en danger ses relations futures avec le nouveau régime. Cette fidélité lui a déjà coûté très cher sous la forme des tensions croissantes avec la Turquie. D’ailleurs, les Iraniens la considèrent comme régime “islamiste occidental” à l’instar des Etats arabes modérés telle que l’Arabie saoudite.

L’escalade dans les relations entre l’Iran et la Turquie ne concerne pas seulement le dossier syrien. Elle découle également de la décision d’Ankara d’installer sur son sol un système de défense antimissile de l’OTAN.

La crise syrienne pose à l’Iran un défi difficile  qui  se produit au moment ou la pression internationale monte d’un cran avec  les sanctions imposées sur ses exportations de pétrole et sur sa banque centrale (CBI)

En conclusion, l’Iran essayera par tous les moyens à consolider le “camp de la résistance” en conformité avec l’évolution des conditions géostratégiques de la région. Dans une première étape, il s’emploiera à accroître son influence en incluant à la fois des motifs religieux de l’Islam avec une haine idéologique et politique contre Israël et les Etats Unis. Parallèlement et sur le terrain, l’Iran continuera son combat contre Israël par des actions terroristes perpétrées par le Hezbollah, le Hamas et le djihad islamique palestinien et poursuivra son programme nucléaire dans le cadre  d’un concept de dissuasion conjugué avec la doctrine de la “résistance”.

Voir l’intégralité de l’article et les notes dans le site du JCPA-CAPE en anglais.