L’Etat islamique : Ennemi numéro 1 du Canada et de l’Occident

Le combat de l’Occident contre l’Etat islamique (Daesh) n’est pas un simple conflit politique ou territorial qui pourrait être résolu par des négociations diplomatiques et des compromis. L’État islamique ne laisse aucun doute sur sa détermination à mener sans relâche le djihad pour répandre les lois de l’Islam et la parole d’Allah au Moyen-Orient d’abord, et ensuite en Europe et en Amérique.

L’objectif stratégique réitéré publiquement par l’État islamique est de conquérir Rome, siège du Vatican et symbole du christianisme. L’Espagne aussi est dépeinte comme un pays occupé, tout comme les autres pays de l’Europe qui devraient être libérés, tôt ou tard, par les islamistes. Pour eux, cet objectif n’est ni fantaisiste ni farfelu, c’est un véritable plan d’action.

L’État islamique appelle tous les musulmans à lancer des attaques à travers le monde, et notamment aux Etats-Unis et au Canada.

Il menace déjà les intérêts stratégiques d’Ottawa en raison de sa détermination à poursuivre une politique étrangère contre le jihad à travers le monde.

Un imam influent de Montréal a lancé un appel pour exécuter tous les infidèles au Québec. D’autres pourtant mettent en garde contre les dangers incarnés dans le radicalisme islamique pour la sécurité nationale du Canada.

13 Canadiens convertis à l’Islam ont été impliqués dans des activités terroristes, et plus de 140 Canadiens ont participé à des activités terroristes à l’étranger. Une grande partie est rentrée au Canada.

Tous les partis du Canada sont unis pour condamner l’État islamique comme ennemi de la civilisation occidentale en raison de l’application de la charia (loi islamique). Rappelons qu’elle comprend, entre autres, le massacre des infidèles et des apostats, la décapitation sur la place publique et la crucifixion. Cette loi étouffe toute opposition et bafoue les droits de l’Homme fondamentaux.

L’État islamique est justement réputé par son régime brutal et impitoyable. Il a déjà pris le contrôle de nombreux territoires en Syrie et en Irak et a méticuleusement renforcé son emprise en créant des alliances avec des clans et des pouvoirs locaux. Il a accéléré le processus d’édification de l’État en mettant l’accent sur l’éducation et en créant une nouvelle génération djihadiste.

L’État islamique se considère pleinement engagé à réaliser la prophétie de Mahomet et à ouvrir la voie à l’émergence du Mahdi, le messie musulman.

L’État islamique est déterminé à redessiner la carte du Moyen-Orient, à effacer les frontières existantes, unir le monde musulman sous son étendard et poursuivre le djihad dans lequel la civilisation occidentale est l’ennemi numéro 1.

Quatre années de guerre civile en Syrie et en Irak, avec pratiquement aucune interférence internationale, ont permis à cette branche d’Al-Qaïda de construire progressivement une entité indépendante qu’on ne peut ignorer.

L’Occident ne peut être indifférent à un phénomène qui menace la stabilité du Moyen-Orient et ses principales artères commerciales internationales.

L’option militaire ne peut mettre un terme définitif à l’Etat islamique car il s’agit bien d’une idéologie religieuse ancrée dans les esprits. En outre, le Moyen-Orient est actuellement déchiré par le clivage sunnite-chiite. Des combats acharnés se déroulent quotidiennement entre les deux courants de l’Islam, en Syrie, en Irak, au Yémen et au Liban, comme au Bahreïn, en Arabie Saoudite, et ailleurs.

Après ces combats, le “jour d’après” sera décisif pour déterminer la stratégie à long terme. Dès à présent, nous devrions aider les populations locales à acquérir de nouveaux et solides régimes respectant les droits de l’Homme. De même nous devrions empêcher l’Iran de combler le vide politique dans la région pour réaliser sa vision hégémonique et y faire flotter l’étendard du croissant chiite en renforçant sa domination militaire sur les Etats arabes du Golfe persique.

Le soi-disant « printemps arabe » a entraîné l’effondrement des régimes arabes, provoqué des guerres civiles prolongées et la montée de mouvements islamistes radicaux. Il a forcé des millions de familles à se déplacer et à quitter leur pays d’origine, en inondant les Etats voisins de réfugiés vivant dans des conditions désastreuses. Maîtriser l’État islamique est aussi important pour limiter les dégâts de cette tragédie humaine et pour prévenir d’autres chaos avec le déplacement massif de nouveaux réfugiés.

Le président américain Barack Obama et les dirigeants canadiens ont affirmé que l’État islamique, avec son interprétation rigoriste du Coran, ne représente pas la vision pacifique de l’Islam. Des dirigeants éminents de la communauté musulmane canadienne affirment même que tous ceux qui sont affiliés à l’État islamique ne devraient pas être dépeints comme des musulmans par les médias.

Il est vrai aussi qu’aucun des grands mouvements islamiques dans le monde n’a fait allégeance à l’Etat islamique. Cependant, les idées du califat, ou du djihad présenté comme outil légitime pour répandre l’Islam, sont partagées par la grande majorité des mouvements et organisations islamiques, notamment par la confrérie internationale des Frères musulmans, par Al-Qaïda et ses divers factions, par le Hamas, le Hezbollah et par le régime des Ayatollahs en Iran.

Le califat, le djihad et les enseignements de Mahomet sont intégrés et inscrits dans la foi islamique et donc nous pouvons comprendre pourquoi en Occident nombreux sont fascinés par le message de l’État islamique et souhaitent rejoindre ses rangs.

Le gouvernement canadien a déjà rejoint la coalition multinationale contre l’Etat islamique et a déposé des projets de loi renforçant les pouvoirs juridiques. Soulignons que sur les 140 Canadiens qui ont participé à des activités terroristes à l’étranger 80 sont rentrés au pays. Chacun est une menace potentielle pour la sécurité nationale du Canada.

Pour contrecarrer avec succès de futures attaques terroristes nous devrions investir davantage dans la collecte du renseignement et ceci nécessite :

– Un renforcement de la coopération et le partage d’informations avec les diverses agences étrangères du Renseignement ;

– La création d’une nouvelle base de données de tous les terroristes et des étrangers soupçonnés de terrorisme, en améliorant le processus de sélection de l’Agence des services frontaliers du Canada ;

– La supervision de toutes les organisations radicales fournissant une plate-forme idéologique aux idées similaires à celles de l’Etat islamique ;

– L’inscription de groupes extrémistes sur une liste noire ;

– La tolérance zéro contre l’incitation à la haine et à la violence.

 Jonathan D. Halevi

Cet article est basé sur une conférence de l’auteur tenue le 9 décembre 2014 devant la Commission des Affaires étrangères et du Développement international de la Chambre des communes du Parlement canadien.