Les menaces des Ayatollahs contre l’Etat juif

wikipedia-segallSuite à l’attaque ciblée sur le plateau du Golan le 18 janvier 2015, les Ayatollahs iraniens et les chefs du Hezbollah manifestent leur colère, haussent le ton et tentent de mettre à exécution leur menace de « détruire l’Etat Juif ».

Le Guide suprême Ali Khamenei affiche ces jours-ci sur son site personnel Twitter (en persan, anglais et arabe) une photo où on le voit enlacer Jihad Moughniyeh. Ce dernier a également été tué lors de l’attaque attribuée à Israël.

Cette photographie et la légende publiée en dessous illustrent parfaitement les liens affectifs qu’avaient tissés le Guide suprême Khamenei avec la famille Moughniyeh, et surtout avec le père Imad, depuis qu’il avait été nommé chef des opérations militaires du Hezbollah jusqu’à son élimination, en février 2008, à Damas.

Ce dernier hommage personnel de Khamenei illustre également l’implication profonde de l’Iran dans le pays du Cèdre.

Les médias iraniens et les réseaux sociaux ont également souligné les liens d’amitié de Jihad Moughniyeh avec le commandant en chef des Forces al-Qods au sein des Gardiens de la Révolution. Qasem Soleimani, aurait été grièvement blessé dans un attentat commis par un kamikaze de Daesh en Irak.

L’agence de presse iranienne Tabnak a rapporté que plusieurs membres des Pasdarans, dont le commandant Allahdadi, avaient été tués sur le Golan. Selon cette agence, Allahadhi était justement en Syrie pour conseiller au régime d’Assad comment mener bataille contre les « terroristes salafistes ».

Il est à noter que cette information fut bizarrement retirée du site quelques heures seulement après sa parution.

Les informations et les articles parus juste après l’attaque sur le Golan mettent en évidence la stratégie et les méthodes de la Force al-Qods, déployée actuellement en Irak, en Syrie et au Liban. Dans un message spécial diffusé par les médias iraniens, Mohammad Ali Jafari, chef des Pasdarans, réaffirme son engagement à poursuivre la lutte contre Israël « jusqu’à sa destruction » : « Les Gardiens de la Révolution soutiendront le Hezbollah et toutes les organisations palestiniennes jusqu’au jour où le régime sioniste “oppressif, satanique, et terroriste” disparaitra de la région. Nous vengerons nos martyrs par le djihad, et les sionistes devraient se préparer à un “coup dévastateur” de la part de l’Iran. »

Le ministre iranien de la Défense, Hussein Dehqân, a joué un rôle important dans les activités des Pasdarans en Syrie et au Liban, notamment dans les attentats de 1983 contre les Marines américains et les Parachutistes français à Beyrouth.

Le 21 janvier 2015, il a déclaré : « le régime sioniste soutient en Palestine, en Syrie, en Irak et au Liban les sunnites radicaux et les terroristes islamiques dans le but de renverser le président Assad ».

Ali Larijani, président du Parlement iranien assure que la réponse du Hezbollah sera proche : « le Hezbollah libanais est capable de lancer un déluge de missiles sur tous les territoires occupés [par Israël] et sur ses installations militaires. Si le Hamas et le Jihad islamique palestinien avaient réussi à tirer des roquettes sur Israël pendant 51 jours, le Hezbollah pourrait sans difficultés lancer ses missiles sur Haïfa et Tel-Aviv. »

Selon d’autres dirigeants iraniens, l’appel du Guide suprême, Ayatollah Khamenei, à armer les Palestiniens par tous les moyens est toujours valable et la dernière attaque sur le Golan n’arrêtera pas le combat contre l’Etat Juif. Ils justifient la présence du Hezbollah sur le Golan car la milice chiite est selon eux « le garde-frontière » du monde islamique et le « fer de lance » de la cause palestinienne. Quant au ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, il s’est contenté de dire : «Nous condamnons toutes les activités du régime sioniste ainsi que toutes les actions terroristes. »

Certains médias conservateurs iraniens établissent un lien entre Israël et la coalition arabe anti-syrienne dirigée par l’Arabie Saoudite.

Dans le journal Kayhan, le porte-parole de Khamenei affirme que la connivence de Riyad avec Israël ne réussira jamais à renverser le régime d’Assad. Selon lui, la présence sur le terrain de conseillers iraniens et de combattants du Hezbollah a complètement changé la donne ; elle évite que la Syrie ne tombe entre les mains des sionistes.

Soulignons que l’Iran et le Hezbollah sont plongés dans une guerre civile interminable en Syrie, et contre Daesh en Irak. Ils ont subi de lourdes pertes avec notamment la mort d’officiers haut-gradés au sein du commandement des Gardiens de la Révolution ; parmi eux, le général Hamid Taghavi, tué en Irak il y a quelques semaines.

 

Ces pertes n’ont pas dissuadé l’Iran d’arrêter ses activités et ses ambitions hégémoniques. Depuis le déclenchement du Printemps Arabe, l’Iran a investi énormément d’efforts pour préserver le régime d’Assad et transformer le plateau du Golan syrien en un véritable tremplin dans le but de lancer des attaques contre l’Etat juif. Cette mission a été confiée précisément au jeune Moughniyeh par le guide suprême Khamenei.

Des unités du Hezbollah avaient déjà mené des opérations dans cette région et se préparaient à de nouveaux attentats. Rappelons que le chef du Hezbollah, Nasrallah, avait menacé lors de son dernier discours de « conquérir des colonies israéliennes » sur le plateau du Golan et en Galilée.

Après la dernière opération ciblée du 18 janvier 2015, l’Iran et le Hezbollah se trouvent face à un grand dilemme concernant la nature et les modalités des représailles contre Israël. Ils ne souhaitent pas provoquer d’escalade ni un nouveau front, mais ils ne peuvent pas, non plus, ne pas répondre à « l’agression israélienne ».

La décision concernant la date, le lieu, et la nature de la réponse iranienne sera prise en fonction de nombreux intérêts stratégiques. Les négociations en cours avec l’Occident sur l’avenir du projet nucléaire et la controverse interne au sein même du pouvoir iranien sur la levée des sanctions seront sérieusement prises en considération.

Dans tous les cas, seul le Guide suprême décidera du « jour et du lieu de la vengeance » contre l’Etat Juif. Et le Hezbollah exécutera à la lettre.

Michael Segall