Les leçons suite à l’attentat contre l’ambassadeur américain à Benghazi

wikipedia-dore-gold3Suite à l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye, J. Christopher Stevens, et trois de ses compatriotes le 11 septembre dernier, un débat politique houleux s’est engagé aux Etats Unis et  a même pris corps lors du débat télévisé entre le Président Obama et le gouverneur-candidat Mit Romney. Les évènements à Benghazi ont eu des implications extrêmement importantes et dépassent les aspects de  politique intérieure. En effet, l’attaque préméditée contre le consulat américain a mis en évidence  de nombreux développements imprévus et surprenants en Libye, conséquence directe de la chute de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi.

Le 2 septembre dernier, une longue semaine avant l’attaque contre le consulat américain, le “Washington Post” a reporté que la Maison Blanche a tenu une série de réunions secrètes au sujet de la Libye. Ces consultations étaient le résultat d’une préoccupation majeure concernant la montée en puissance de l’organisation  Al Qaïda au Maghreb islamique (AQIM) et suite à l’occupation de la zone nord du Mali, transformée en refuge sûr pour les terroristes et servant de tremplin pour leurs  activités, une sorte de réplique à l’Afghanistan. Depuis cette zone, l’AQIM à répandu son influence à travers tous les pays du Sahara et ses armes provenaient en majorité de Libye. Cet arsenal massif a bien évidemment encouragé et stimulé les filiales d’Al Qaïda au Maroc et dans la péninsule du Sinaï.

Des sources israéliennes ont souligne que certaines  armes libyennes, et notamment des roquettes antiaériennes ont été acheminées aussi vers la bande de Gaza et ont même été utilisés il y a seulement quelques jours.

Le journaliste américain Eli Lake a dévoilé que selon un document officiel américain rédigé récemment, la direction d’Al Qaïda au Pakistan avait expédié des commandants supérieurs en Afrique du Nord pour contribuer à l’établissement d’une nouvelle infrastructure de l’organisation au Maghreb. De ce fait, nous apprenons pour exemple que deux palestiniens Salafistes ont été éliminés par l’armée israélienne le 13 octobre dernier. Ils faisaient partie d’un effort d’Al Qaïda de réorganiser et renforcer le réseau de l’organisation dans la bande de Gaza. L’un de ces Palestiniens tués était lié à des réseaux égyptiens et jordaniens et avait combattu dans les rangs d’Al Qaïda en Irak. Ces réseaux ont été renforcés afin d’opérer en particulier dans le Sinaï.

Bien qu’une poignée de combattants d’AQIM ait été impliqués dans l’attentat contre le consulat américain de Benghazi,  les agences américaines du Renseignement ont intercepté des communications entretenues entre les combattants d’Ansar al-Sharia (groupe  appartenant à Al Qaïda) et les QG d’Al Qaïda au Maghreb.

Rappelons qu’au début de la révolution libyenne, le drapeau noir d’Al Qaïda a flotté au dessus du palais de Justice de Benghazi. Après l’attaque contre le consulat américain le drapeau d’Al Qaïda a une  nouvelle fois flotté aux quatre vents. Les extrémistes libyens à l’Est du pays n’ont pas été surpris.

Lorsqu’en 2007, l’armée américaine a mené une enquête pour connaître l’origine des combattants étrangers en Irak, elle a conclu que les Libyens étaient parmi le plus grand contingent juste après les Saoudiens. La grande majorité des volontaires libyens en Irak sont arrivés des villes de l’Est de la Libye: Derna et Benghazi. Actuellement les militants islamistes en Libye se trouvent dans les champs de bataille en Syrie, dans les rangs de l’opposition contre le régime d’Assad.

En conclusion, plusieurs indices témoignent que des combattants liés à Al Qaïda se renforcent dans plusieurs parties du Moyen-Orient et non pas qu’en Libye.

Ces groupes débutent comme milices locales dans la bande de Gaza, en Libye et dans les régions étendues du Sahara, et entrent au fur à mesure en contact avec les réseaux du Djihad international, qui leur fournissent des armes et une formation.

Par conséquent et dans ce contexte, il est clair que l’attaque contre le consulat américain à Benghazi n’est pas un incident local mais un phénomène inquiétant et grave reflétant des enjeux régionaux.

 

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