Le prochain gouvernement israélien face aux pressions

De nombreux signes laissent à penser que les États-Unis et l’Europe envisagent de relancer le processus de paix juste après les élections israéliennes. Le 6 mars dernier, le correspondant diplomatique du journal Haaretz rapportait, selon des sources informées de la Maison Blanche, qu’une nouvelle initiative était à l’étude pour ramener Israéliens et Palestiniens à la table des négociations. La chargée des Affaires étrangères au sein de l’Union européenne, Federica Mogherini, a même l’intention de désigner un émissaire spécial pour encourager la reprise des pourparlers.

Rappelons que le 30 décembre 2014, le Conseil de sécurité des Nations unies avait rejeté un projet de résolution exigeant 12 mois supplémentaires pour achever les négociations. D’après cette proposition, les futures frontières entre Israël et le nouvel Etat palestinien devaient être tracées sur les lignes d’avant juin 1967 avec un « échange limité » de territoires.

Cette nouvelle résolution, si elle est adoptée, pourrait remplacer la Résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU du 22 novembre 1967. Cette fameuse Résolution n’a jamais exigé d’Israël de se retirer de tous les territoires qu’il a conquis lors de la guerre des Six-Jours, et elle a revendiqué  des « frontières sûres et reconnues».

Depuis, au fil des ans, tous les présidents américains ont précisé que la Résolution 242 ne signifiait pas expressément un retrait total des territoires. Toutes les tentatives des Palestiniens de modifier cette résolution par une autre ont échoué. Cependant, le changement récent des membres non permanents du  Conseil de sécurité risque de changer la donne en leur faveur et cela nous préoccupe profondément.

Soulignons que c’est le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a  rejeté en mars 2014 l’accord-cadre du Secrétaire d’État américain John Kerry après de longues et pénibles négociations. Depuis 2009, nous assistons malheureusement à un refus systématique des Palestiniens d’aboutir à un compromis. Abbas a voulu reprendre les négociations avortées avec l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, en exigeant de nouvelles concessions inadmissibles de la part d’Israël. Pourtant, Olmert avait, de manière très généreuse, fait des gestes sans précédent dans l’Histoire du conflit.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a refusé d’accepter chacune des propositions de son prédécesseur. Pour persuader Abbas de revenir à la table des négociations, l’administration Obama avait exigé de Netanyahou qu’il fasse des « gestes de bon voisinage », notamment un gel de 10 mois dans la construction des implantations et la libération de centaines de détenus palestiniens. En outre, les États-Unis et le Quartet s’engageaient à faire des déclarations favorables aux revendications territoriales palestiniennes.

Tous ces gestes n’ont finalement abouti à rien. Têtus, les Palestiniens ont refusé de poursuivre les négociations en cours avec Israël. Aujourd’hui, il s’avère que Mahmoud Abbas voulait en fait que l’Europe et les Etats-Unis fixent le résultat des négociations avant même de les entamer.

Le comportement d’Abbas s’explique par les fortes pressions exercées sur lui par le Hamas et ses militants du Fatah qui prônent toujours la lutte armée contre Israël et refusent tout compromis. Plus significatif encore, Abbas refuse aujourd’hui de prendre une quelconque responsabilité dans la bande de Gaza,  condition essentielle pour la reconstruction de ce territoire palestinien détruit suite à l’Opération Bordure Protectrice. Que veut-il au juste ?

En réalité, Abbas, qui fête ces jours-ci ses 79 ans, arrive en fin de carrière. Il hésite de prendre des décisions historiques qui pourraient ternir son testament politique. Il ne souhaite pas quitter la scène en traînant le boulet du renoncement au « droit sacré  du retour des réfugies palestiniens dans leur foyers ». Il semble qu’il ne changera jamais sur ce point.

Cependant, les Etats-Unis et leurs alliés européens n’en démordent pas. Ils poursuivront leur pression sur Israël pour amener Abbas à la table des négociations et de ce fait exigeront de nouvelles concessions.

Le prochain gouvernement israélien, de droite comme de gauche, devra après les élections du 17 mars, résister à toutes ces pressions. Il devra rejeter en bloc toute revendication de se retirer aux frontières d’avant juin 1967, et refuser une nouvelle résolution de l’ONU qui remplacerait la 242.

Dans ses nombreuses interviews, dont celle donnée au New York Times le 7 février 2011, Abbas a précisé que  « l’échange limité de territoires » implique seulement 1,9% de toute la Cisjordanie. Comment accepter sérieusement cette infime et insignifiante concession de sa part, quand on exige d’Israël de se retirer définitivement aux lignes d’armistice de 1949, et ce, dans un contexte régional explosif ?

Cet échange minuscule de terres ne garantira jamais la sécurité des blocs d’implantations. Selon la chaîne qatarie Al Jazeera lors des négociations tenues avec Olmert, les Palestiniens ont refusé qu’Ariel et Maalé Adoumim, deux villes de Cisjordanie, demeurent sous souveraineté israélienne.

Dans ce contexte, des centaines de milliers d’Israéliens devraient vivre dans un territoire dominé par les Palestiniens. Ainsi, la formule d’un retrait aux frontières d’avant juin 1967 avec des échanges de terres serait nulle et non avenue et ne pourrait servir de base pour reprendre le processus de paix et aboutir à un accord viable.

 

Plus encore, forcer Israël à accepter un retrait presque complet de tous les territoires pourrait avoir des conséquences graves sur la sécurité de l’Etat Juif. Une raison valable pour chaque gouvernement israélien de le refuser catégoriquement, surtout dans le contexte actuel face aux turbulences et aux menaces environnantes.

Le dangereux vide créé par l’effondrement de plusieurs Etats arabes, comme la Syrie et l’Irak, a favorisé la multiplication de nouvelles organisations terroristes, notamment l’Etat islamique. Dans le passé, les attentats étaient perpétrés par de petites unités mais aujourd’hui ces organisations et milices agissent telles des armées régulières avec des brigades et des bataillons. Un défi complexe et plus difficile à relever et à combattre.

En Syrie, l’État islamique et Jabhat al-Nosra utilisent des missiles antichars sophistiqués. Ils ont réussi à mettre en défaite des unités blindées syriennes, saisissant des équipements ultramodernes. Des modèles de chars T-72 battant pavillon al-Qaïda ont défilé sur YouTube conduits par des djihadistes.

A l’été 2014, des bataillons de l’État islamique ont réussi à s’emparer de quatre divisions de l’armée irakienne prenant avec eux des armes et des munitions américaines et notamment des chars flambant neuf de type Abrams. Certes, les combattants de l’État islamique n’étaient pas en mesure de manipuler ces nouvelles armes occidentales, mais ils ont démontré de l’audace et prouvé qu’ils pouvaient tenir tête à une armée régulière et bien équipée. Plus inquiétant encore, la menace en provenance du front Est demeure omniprésente avec celle des armes non-conventionnelles.

La question de l’avenir de Jérusalem est aussi une raison pour laquelle un futur gouvernement israélien devra demeurer intransigeant face aux pressions occidentales en particulier européennes. Un retrait sur les lignes d’avant juin 1967 impliquerait la division de notre propre capitale où les Lieux saints les plus sacrés des trois religions monothéistes sont installés.

Il serait absurde, à la lumière des récents développements internationaux, qu’Israël abandonne la sécurité des Lieux saints.  Soulignons que depuis la destruction des anciennes statues bouddhistes dans la vallée de Bamyan en Afghanistan par les talibans, les sites religieux de toutes les confessions sont mis au pilori par des extrémistes musulmans à travers tout le Moyen-Orient. Des églises sont bombardées ou incendiées par les djihadistes en Egypte, en Syrie et en Irak et les Chrétiens d’Orient fuient leur foyer ancestral. Chez nous, le Tombeau de Joseph fut attaqué par des émeutiers palestiniens et l’église de la Nativité à Bethléem a été envahie par des forces conjointes du Hamas et du Fatah.

Malheureusement, au sein de la communauté internationale plusieurs voix s’élèvent pour qu’Israël accepte de vieilles propositions de paix ignorant les changements chaotiques intervenus depuis le fameux Printemps arabe.

Le prochain gouvernement israélien devra manœuvrer avec sagesse et fermeté pour sauvegarder la sécurité de l’Etat Juif et résister aux fortes pressions des chancelleries.

Dore Gold