Le couteau palestinien et les messages de haine

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Une étude du JCPA-CAPE de Jérusalem, sous la direction de Hirsh Goodman et Yossi Kuperwasser.

La dernière vague de violence palestinienne est un phénomène nouveau, une série d’attaques à l’arme blanche apparemment non-orchestrée, perpétrée par des assaillants solitaires qui ne sont pas membres d’une organisation particulière ni affiliés à un mouvement structuré.

Cette nouvelle vague de terreur est surtout caractérisée par sa sauvagerie et sa brutalité, avec le but précis d’abattre des Juifs. Cette férocité et l’utilisation délibérée du couteau transmet en réalité un grave et inquiétant message à tous les Israéliens d’aujourd’hui, mais aussi aux générations futures : il est quasiment impossible de vivre en paix dans ce pays !

Le président palestinien Abbas et tous ceux sous son autorité n’appellent pas les jeunes Palestiniens à combattre comme soldats sur le champ de bataille. Ils les aiguillonnent par différentes voies et messages à poursuivre le conflit et la guerre d’usure contre Israël, pour les dépeindre ensuite comme victimes de la terreur et de l’Occupation.

Bien qu’il s’agisse de « loups solitaires », cette étude prouve que l’Autorité palestinienne dirige ces opérations par divers moyens et notamment à travers les réseaux sociaux et la télévision publique.

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«Quelle chance, quelqu’un a pris deux têtes casher», caricature du Nouvel An 2016

Cette stratégie a été adoptée par le Fatah en 2009, et elle a été révélée dans le discours de Mahmoud Abbas à l’Assemblée générale des Nations unies le 30 septembre 2015. Abbas avait annoncé que les Palestiniens n’étaient plus liés par les Accords de paix d’Oslo.

Certes, la récente vague de violence a réussi à placer, dans une certaine mesure, la question palestinienne à l’ordre du jour des affaires internationales, mais les Palestiniens, eux, ont perdu un atout considérable et précieux, celui de la confiance des Israéliens. Cette méfiance se propage actuellement même chez ceux qui sont convaincus qu’Israël devrait renoncer aux Territoires dans le cadre d’un accord de paix.

Il est clair qu’aucune société ne peut vivre quotidiennement dans la peur et l’anarchie. Aucune société ne peut non plus tolérer un déferlement de haine sur les réseaux sociaux et les médias, en particulier le peuple juif qui a connu des années sombres.

Israël va sans doute surmonter les obstacles sécuritaires et s’adaptera à cette nouvelle situation, mais la question est de savoir si la direction palestinienne fera de même, qu’elle comprendra enfin qu’il est impératif de détruire le monstre qu’elle a créé, de cesser de faire croire au culte de la mort !

Certes, Israël pourra contrôler les dégâts, mais c’est au Fatah et à aux dirigeants de l’Autorité palestinienne de mettre fin au cycle de la violence, et d’ouvrir la voie vers la négociation et la conciliation.

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Incitation au meurtre sur les réseaux sociaux, 8 octobre 2015

Cette nouvelle vague de terreur a débuté un samedi après-midi, le 3 octobre 2015. Deux rabbins israéliens ont été poignardés à mort près de la Porte des Lions dans la Vieille Ville de Jérusalem.

Ils étaient venus prier comme chaque shabbat devant le Mur des Lamentations. Tous deux étaient facilement identifiables en tant que Juifs. Cette attaque fut très violente comme la démontre la vidéo. Plus grave encore, dans cette ruelle du souk de la Vieille Ville, les commerçants palestiniens regardaient la scène sans broncher, apathiques devant les cris d’une femme juive en détresse appelant désespérément au secours. Un moment douloureux et indélébile qui marque profondément un conflit interminable entre Arabes et Juifs.

Ce fut le début d’un nouveau cycle de violence et de haine aveugle sans précédent. En effet, comment prévoir que Shafik Halabi, un étudiant en Droit de 19 ans de l’Université al-Qods de Jérusalem, serait un jour l’auteur de cet odieux attentat ? La veille, il expliquait ses intentions sur Facebook avec la plus grande clarté: «  Je vais venger la mort d’un ami, Dhiaa al-Talahme, tué dans des affrontements avec les forces israéliennes, deux semaines auparavant. Il avait voulu manifester sa colère pour sauvegarder la mosquée al-Aqsa et les Lieux saints de l’Islam, et soutenir nos mères et nos sœurs dans leur combat contre l’Occupation. »

Eh bien oui, la troisième intifada vient de commencer ! Nous constatons qu’il s’agit bien d’une forme nouvelle de soulèvement palestinien. Elle n’utilise pas des kamikazes et des explosifs mais sème la terreur, la psychose dans tous les coins du pays, et particulièrement à Jérusalem et en Cisjordanie.

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Deux terroristes palestiniens célébrés comme des héros

Le 18 janvier 2016, le chef d’état-major de Tsahal, le général Gadi Eisenkot a déclaré lors d’une conférence à Tel-Aviv : « Nous avons enregistré au cours de ces trois derniers mois une centaine d’attaques au couteau, mais nous n’étions pas capables de fournir un seul avertissement ».

Il y a juste une décennie, alors qu’il dirigeait le commandement de la Judée et de la Samarie, le général Eisenkot disait : « notre bon service du Renseignement a permis de déjouer de nombreux attentats ».

Ce précieux atout ne joue plus en notre faveur dans le combat actuel contre le phénomène des attaques au couteau. « Maintenant », conclut le chef d’état-major, « chaque attaque se produit lorsque l’agresseur sort à la dernière minute son poignard et se dirige sauvagement vers sa cible. » « Bien entendu », précise-t-il, « cette nouvelle vague de violence préoccupe sérieusement Tsahal, qui devrait trouver des solutions adéquates».

 

Les médias, les réseaux sociaux, et le culte de la mort

Le rôle des réseaux sociaux et des médias dans l’élaboration du récit palestinien sur les incidents en cours est incontestable. Ces réseaux influencent d’une manière significative le cours des événements sur le terrain.

Nous avons déjà connu ce phénomène lors du Printemps arabe, en Tunisie, en Egypte et en Libye. Ces pays ont souffert de la corruption, du chômage, et de la répression par les forces de sécurité locales. Ces jeunes se sont révoltés sur les réseaux sociaux, devenus de plus en plus accessible avec les Smartphones. Ils ont déclenché des manifestations de masse en exigeant le départ de leurs dirigeants. Les réseaux ont non seulement permis de planifier ces manifestations de concert, mais aussi de contourner les médias nationaux. Ils pouvaient ainsi transmettre des messages et articles sans passer par les autorités. L’utilisation de ces réseaux sociaux a sans doute favorisé la vague de terrorisme palestinien qui a éclaté en septembre 2015.

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Photo sur Twitter d’un terroriste poignardant un Juif sur le Mont du Temple

Au départ, et durant tout le mois de septembre 2015, les réseaux sociaux et les médias arabes ont donné une large couverture des événements qui se produisaient quotidiennement sur le Mont du Temple. Les articles et reportages étaient illustrés de nombreuses photos et vidéos. Les chaînes de télévision arabes ont largement diffusé les affrontements quotidiens entre les forces de sécurité israéliennes et les jeunes Palestiniens à proximité et dans l’enceinte de la Mosquée Al-Aqsa.

Les images souvent truquées montraient entre autres comment la police israélienne et les gardes frontières « traitent » les femmes musulmanes. Les mesures israéliennes qui imposaient des restrictions d’âge aux visiteurs musulmans de la mosquée, tout en permettant des visites sur le Mont du Temple aux Juifs, ont été perçues par les jeunes utilisateurs des réseaux sociaux comme une tentative délibérée de modifier complètement le statu quo, comme ce fut le cas pour le Caveau des Patriarches à Hébron. Pour ces jeunes Palestiniens, Al-Aqsa était en danger, et il fallait donc la sauver par tous les moyens.

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Des femmes en niqab sont présentées comme victimes de l’Etat juif

Dans l’une des vidéos diffusées sur les réseaux, les Palestiniens étaient appelés à prendre eux-mêmes « le taureau par les cornes » et ne pas attendre des directives de tel ou tel dirigeant ou d’un cadre supérieur : « Allez vous-même sur place, c’est le jour de la confrontation, la journée de la ‘grande colère’, c’est la vôtre, allez y ! Vous serez un héros de la juste cause palestinienne ! » Cette vidéo était accompagnée d’une musique dramatique et d’images sur les affrontements en cours entre soldats de Tsahal et manifestants masqués.

Dans un autre film d’animation publié sur la page You Tube d’Al-Aqsa (la chaîne de télévision du Hamas à Gaza), un soldat de Tsahal empêche une femme musulmane d’entrer sur le Mont du Temple, mais accorde le libre passage à un Juif. Ce dernier est représenté avec des traits antisémites, tandis que la femme en colère frappe de tous ses forces le soldat avec son sac à main, et le gifle violemment.

Dans de nombreuses pages diffusées sur les réseaux sociaux, le couteau est présenté comme une arme très efficace. Selon certains sites, l’arme blanche pourrait provoquer, non seulement, la libération de la mosquée Al-Aqsa, mais la libération de toute la Palestine. Des dessins animés montraient un poignard sous la forme de la « Grande Palestine » orné du drapeau palestinien, avec la légende «Votre couteau est votre liberté ».Une bande dessinée a dépeint un jeune Palestinien devant le Dôme du Rocher tenant un couteau et une clé, claire allusion à la revendication palestinienne sur le « droit au retour de tous les réfugiés. »

L’une des vidéos récemment diffusée montre un cheikh salafiste de Gaza prononçant un sermon tout en brandissant un long couteau. Il appelle les jeunes Palestiniens à sortir en petits groupes, à chercher des Juifs, puis à les poignarder et même les découper en petits morceaux… Abject, incroyable, mais vrai !

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Un imam de Gaza exhorte à découper les Juifs en petits morceaux

Les jeunes femmes musulmanes jouent un rôle actif dans la lutte nationale contre Israël, similaire à celle des Palestiniens. On voit sur les réseaux sociaux comment des femmes affrontent un char israélien ou  jettent des pierres sur des soldats de Tsahal. Une autre bande dessinée montre une femme enceinte enfonçant ses doigts dans les yeux d’un soldat israélien en l’avertissant : « si vous tuez mon bébé qui est dans mon ventre, je vous arracherai les yeux et vous chasserai de notre terre ».

Toutes les factions palestiniennes encouragent la violence à travers les réseaux sociaux. Aucun mouvement palestinien ne peut rester indifférent à la vague d’attentats terroristes. Le Hamas, bien sûr, a salué ces actions comme des actes héroïques prouvant que le peuple palestinien ne pourra jamais accepter les mesures prises par Israël à la mosquée Al-Aqsa. Le mouvement a également menacé de commettre des attaques surtout contre les implantations juives.

Dans l’une des vidéos, le Hamas explique même comment agir sur le plan opérationnel, à savoir comment attaquer un soldat avec un poignard. Un dessin illustrait les points vitaux du corps humain. Nous remarquons en effet que la plupart des attaques au couteau contre des civils et des soldats israéliens sont concentrées sur le cou et la poitrine.

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Guide palestinien du parfait tueur de Juifs

Le Fatah encourage aussi à commettre des attentats à l’arme blanche. Il existe en effet entre ces « frères ennemis » une sorte de compétition pour prouver qui est « le meilleur » dans le combat contre Israël.

Tous les mouvements et notamment la direction de l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas glorifient les auteurs d’attentats. Ceux qui réalisent des attaques terroristes, et en particulier les personnes tuées, sont décrits comme des héros ayant le statut de chahid (martyr). Ainsi, ce statut spécial est couronné par de grandes funérailles, des hommages infinis et des allocations généreuses aux familles.

Les médias sociaux sont donc de nouveaux outils pour les terroristes. Ils peuvent ainsi activer leurs actes et répandre rumeurs et mensonges. Ils donnent des instructions sur la meilleure façon de tuer, qui tuer, et pourquoi tuer. Sans pour autant laisser des « empreintes digitales ».

Aucune organisation n’a revendiqué ou accepté formellement la responsabilité de ces actions, et il n’existe pas de bureau de recrutement, de laboratoires de ceintures d’explosifs ni des quantités d’armes retrouvées chez les auteurs après leurs crimes.

Les réseaux sociaux fournissent également des symboles et des légendes. L’étudiant en Droit Halabi qui a assassiné le 3 octobre 2015 deux rabbins à Jérusalem est devenu un héros sur les médias sociaux grâce à l’Autorité palestinienne, au Jihad islamique, au Hamas et même par au barreau palestinien. Un monument a été édifié en son « honneur ». Il représente son visage et une sculpture de pierre formant toute la Palestine, du Jourdain à la Méditerranée, encadrée par le drapeau palestinien. L’Autorité palestinienne et le mouvement Fatah ont parrainé une compétition sportive en souvenir d’Halabi.

Le récit de l’assassinat des deux rabbins par Halabi est sur les lèvres de tous les jeunes Palestiniens. Il a inondé les sites des réseaux sociaux palestiniens et fut illustré des photos, de dessins et de messages de haine et de vengeance. L’acte odieux d’Halabi est devenu une source d’inspiration pour de nombreux Palestiniens depuis le 3 octobre 2015.

Trois jours après, le 6 octobre 2015, deux journalistes de l’agence Associated Press ont voulu connaitre les motifs du tristement célèbre étudiant palestinien et sont allés interroger sa famille et ses amis vivant à Sourda, un village situé à six kilomètres au nord-est de Ramallah. Dans leur reportage ils écrivaient ainsi en préambule:

« Une nouvelle génération palestinienne désillusionnée, emprise de colère et de rage, conduit la vague actuelle des affrontements contre les forces israéliennes. Trop jeune pour se rappeler des difficultés de la vie au cours de la dernière répression d’Israël lors du dernier grand soulèvement (Deuxième Intifada) ils ont perdu tout espoir en la création de leur propre Etat par voie de la négociation. Ils se méfient de leurs dirigeants politiques et pensent qu’Israël ne comprend que la force. »

Dans leur reportage ils ont cité plusieurs étudiants de l’université Al-Qods qui disaient : « Nous sommes tous impressionnés par ce qu’il a fait. Le lendemain de l’attaque, nous sommes descendus dans les rues et nous avons affronté les soldats israéliens. Le chemin d’Halibi est le seul moyen de libérer la Palestine. »

Le père d’Halabi, Shafiq, a reconnu devant les journalistes que son fils avait suivi de très près les événements sur l’ « esplanade des Mosquées » et qu’il était un fervent militant au sein de l’association des étudiants du Jihad Islamique palestinien à l’université Al-Qods. Il a précisé que son fils n’était pourtant pas religieux et qu’il avait été surpris par son geste violent. Il a ajouté : « Je suis fier de lui», tout en observant que « cette génération ne peut pas être contrôlée par la famille ou toute autre autorité. Nous ne pouvons dire à nos enfants quoi faire ni leur dicter leur ordre du jour ». Un étudiant ajouta aux propos du père : « Eh bien, même si le président Abbas exige d’arrêter notre soulèvement, nous répliquerons clairement que nous ne voulons pas que nos leaders nous disent ce que nous devons faire. »

L’échec du leadership palestinien

Le 13 septembre 2015, à la veille du Nouvel An juif, des émeutes ont éclaté sur le Mont du Temple entre les forces de l’ordre et des jeunes Palestiniens armés de bombes incendiaires et de pierres. Ils étaient barricadés dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa dans le but de préparer des attentats contre des fidèles juifs qui devaient prier le lendemain au Mur occidental.

Encouragés par la branche israélienne du mouvement islamique (aujourd’hui mis hors-la-loi), ils accusaient les Juifs de prendre le contrôle d’Al-Aqsa, troisième Lieu saint de l’Islam.

L’Autorité palestinienne profita de la situation explosive pour plaider sa cause. Soulignons qu’Al-Aqsa est en effet un sujet épineux qui attire l’attention de la communauté internationale et demeure surtout une préoccupation majeure au sein du monde islamique.

Rappelons que de nombreux événements avaient secoué la planète et que la question palestinienne était marginalisée. La crise en Syrie, l’accord nucléaire américano-iranien, les affrontements entre sunnites et chiites, le chaos en Irak et la création de Daesh, ainsi que les tensions OTAN-Russie sur l’Ukraine et la Crimée, et l’instabilité en Turquie, ont presque fait oublier le dossier palestinien de l’ordre du jour international, au point que le président américain Barack Obama ne l’a même pas mentionné dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2015.

Les affrontements sur le Mont du Temple présentaient donc « une bonne occasion » de raviver la cause palestinienne et de condamner Israël pour sa «  politique de violation des conventions internationales ».

Sur le plan interne, l’Autorité palestinienne contrôlée par le Fatah devait aussi se réaffirmer face à son principal adversaire, le Hamas qui, bien qu’isolé dans la bande de Gaza, demeure toujours actif et influent en Cisjordanie.

Un sondage effectué en septembre 2015 par un Institut palestinien indique que les deux tiers des Palestiniens souhaitent que Mahmoud Abbas, âgé de 80 ans, se retire du pouvoir. 57% des personnes interrogées soutiennent une Intifada armée en l’absence de négociations de paix. Ils représentaient 49 % seulement trois mois plus tôt.

Du point de vue palestinien, Mahmoud Abbas a échoué dans ses multiples tentatives de créer un Etat palestinien. Il avait rejeté l’initiative de paix américaine présentée par John Kerry pour pouvoir former un gouvernement d’union nationale. Ce fut un échec puisque les frères ennemis, le Fatah et le Hamas, n’ont pu se réconcilier jusqu’à ce jour.

En 2005, Abbas a été élu président de l’Autorité palestinienne pour un mandat de quatre ans. Depuis, il refuse toute nouvelle élection comme l’exige la loi palestinienne, et cela fait déjà une décennie qu’il est au pouvoir, sans qu’une nouvelle échéance électorale ne se dessine à l’horizon.

Abbas a pris des mesures draconiennes contre la presse et de nombreux journalistes ont été arrêtés. A la répression et l’intimidation des correspondants s’ajoutent une bureaucratie corrompue. Des rapports prouvent la mainmise de certaines familles et hommes d’affaires proches du pouvoir sur l’administration et le Trésor. Abbas a renforcé son contrôle sur les forces de police et de sécurité, pour interdire des grèves, en dépit du fait que leur formation et leur financement soient prises en charge par la communauté internationale.

Le seul point positif réside dans les relations sécuritaires avec les forces israéliennes. Abbas les maintient scrupuleusement pour assurer son régime et surtout mieux contrôler le Hamas en Cisjordanie.

Dans ce contexte, la frustration parmi les jeunes Palestiniens est compréhensible. Ils constatent l’incapacité flagrante de leurs dirigeants à leur offrir un meilleur avenir, à pouvoir mener une vie fructueuse et ouverte, dans une société où ils pourront exprimer leurs opinions librement et sans aucune contrainte, une place au soleil où leurs enfants voudront vivre, étudier et s’amuser.

Pour l’heure, ils ne voient aucune lueur au bout du tunnel, les négociations sont dans l’impasse et aucun leader ne s’efforce de changer la situation. Le leadership demeure inamovible, corrompu, retranché sur des positions extrêmes et intransigeantes. Toutes les démarches diplomatiques faites à ce jour, toutes les résolutions insensées adoptées à l’ONU n’ont eu aucun impact sur leur vie quotidienne. Certes, ils ont observé des manifestations anti-israéliennes bruyantes dans les rues des capitales européennes et à travers le monde, et notamment un boycott de produits et d’institutions, mais en réalité rien n’a changé pour eux sur le terrain.

Au lieu de tenir des élections en 2009, comme prévu par la constitution palestinienne, le Fatah, bras droit de l’OLP dirigé par Abbas, a préféré tenir un congrès à Bethléem où un nouveau plan d’action a été adopté. Ce plan est différent de la Deuxième Intifada qui fut caractérisée par la lutte armée. La nouvelle stratégie devait utiliser la violence d’une manière différente et plus sophistiquée. Ce serait donc une guerre d’usure, qualifié de « résistance populaire ». On peut y inclure la violence de « faible intensité » sans avoir recours aux armes à feu ou aux explosifs.

Dans la même veine, ils brandissent toujours le flambeau de la résistance en cherchant à délégitimer Israël dans l’arène internationale et à promouvoir la campagne BDS. Cette nouvelle stratégie continuera au moment opportun à inciter à la haine sur les réseaux sociaux et à raviver les « violations israéliennes » sur le Mont du Temple.

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Poster du Fatah célébrant deux terroristes “martyrs”

Parallèlement, les leaders palestiniens continueront à dire à l’opinion internationale et aux diplomates (en anglais) qu’ils gardent toujours une porte ouverte aux négociations avec Israël. Soulignons que le Fatah, contrairement au Hamas ne veut pas être perçu comme opposé à la paix et souhaite obtenir la sympathie des mouvements de paix et des ONG israéliennes pour faire avancer leur cause.

Cette formule consiste à parler de paix pour renforcer la légitimité palestinienne tout en diabolisant (en arabe, cette fois) l’occupation israélienne dans les Territoires.

Cette dichotomie est bien illustrée dans deux articles publiés le 19 janvier 2016. Dans Al Qods, le plus important quotidien palestinien, nous pouvons lire en arabe que « les exécutions directes et l’usage excessif de la force par les forces israéliennes ont été les principales causes du nombre élevé des « martyrs », plus de 84 % des tués palestiniens ».

En revanche, dans une interview publiée le même jour dans le magazine américain Defense News , le chef des services du Renseignement palestinien, Majed Faraj, affirmait que ses services de sécurité « ont pu déjouer 200 attaques contre l’occupation israélienne au cours des trois derniers mois. »

Cette différence est typique et apparente chez les Palestiniens : Al Qods rapporte au public arabe des exécutions israéliennes pour pouvoir inciter à la haine, tandis que  les propos tenus dans le magazine américain sont destinés à attirer les faveurs de la communauté internationale. Les deux articles représentent parfaitement le sens et l’intention de la stratégie adoptée par le Fatah lors de son congrès de 2009.

Il est aussi révoltant de constater comment les leaders palestiniens véhiculent des calomnies et des mensonges. Soulignons un cas parmi d’autres qui s’est produit le 12 octobre 2015. Deux cousins, Ahmed Manasra, 13 ans, et Hassan, 15 ans, résidents du quartier palestinien prospère de Beit Hanina, ont poignardé dans le centre commercial de Pisgat Zeev, à l’Est de Jérusalem, un adolescent Israélien de 13 ans. Ce jour-là, le président palestinien Mahmoud Abbas  déclarait à la presse internationale : «Israël est responsable de l’exécution primaire de nos enfants ». Une heure après, nous avons aperçu le jeune Ahmed Manasra à la télévision, assis sur un lit d’hôpital israélien avec un bandeau à la tête et tout souriant. Cela n’a pas non plus empêché le Secrétaire exécutif du Comité de l’OLP, Saeb Erekat, d’envoyer le 16 octobre 2015 une plainte officielle à l’envoyé spécial de l’ONU exigeant une enquête internationale sur les « exécutions extrajudiciaires menées contre les Palestiniens au cours des dernières semaines ».

Est-ce que la direction palestinienne est capable de contrôler la situation et de maîtriser les jeunes Palestiniens auteurs des attentats ? Dans le contexte actuel on pourrait en douter car elle se retrouverait en confrontation directe avec une partie considérable de l’opinion publique palestinienne qui soutient la poursuite de la terreur.

Dans ces conditions, que devrait faire le gouvernement israélien ? Jusqu’à présent, il a pris des mesures directes contre les terroristes et leurs familles, il a renforcé la sécurité des citoyens, et a sévèrement critiqué l’Autorité palestinienne. Toutefois, il a renoncé à prendre des mesures contre elle, et a même transféré la somme d’un demi-milliard de shekels en vue d’améliorer les conditions économiques de l’Autorité palestinienne, et a augmenté le nombre de permis de travail en Israël. Bien entendu, tant que la politique israélienne d’ « une main de fer dans un gant de velours »  se poursuivra, eh bien, il serait difficile de voir la direction palestinienne changer de cap et reconsidérer sa stratégie.

Si finalement la direction palestinienne décide un jour de mettre fin à la violence et d’arrêter les attaques contre les Juifs, la décision sera toujours prise sans aucun risque, et uniquement en fonction des caprices de l’opinion palestinienne. C’est ainsi que les leaders palestiniens ont agi lors des précédents cycles de terreur.

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« Ton couteau est ta liberté », proclame le poster représentant Israël

Conclusion

Cette étude a examiné les principaux aspects de la récente vague de terreur qui a causé depuis le mois de septembre 2015 et durant ses 100 premiers jours la mort de 27 Israéliens et de 150 Palestiniens.

De toute évidence, les incidents sur le Mont du Temple ont été utilisés par les réseaux sociaux pour provoquer de nouveaux attentats et inciter à la haine. Cette incitation ne se limite pas aux affirmations selon lesquelles Israël est en train de changer le statu quo sur le Mont du Temple, elle a glorifié leurs auteurs, et les a présentés comme des « martyrs », tout en légitimant ces attentats.

Les messages sont soutenus par tous les mouvements palestiniens et notamment par la direction palestinienne, le Fatah et le Hamas. L’« agresseur » israélien est dépeint soit comme soldat ou policier, ou comme un Juif ultra-orthodoxe. L’image du Juif rappelle les campagnes antisémites, les pamphlets et caricatures racistes que nous avons connus dans les années sombres du peuple juif.

Depuis le début de novembre 2015, nous constatons une certaine accalmie sur le Mont du Temple, mais sur les réseaux sociaux le « combat pour sauver Al Aqsa des mains des Juifs » est toujours important.

Hirsh Goodman et Yossi Kuperwasser 

Voir l’intégralité de l’étude sur le site anglais du JCPA-CAPE de Jérusalem

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Pour citer cet article :

Hirsh Goodman et Yossi Kuperwasser, « Le couteau palestinien et les messages de haine», Le CAPE de Jérusalem : https://jcpa-lecape.org/le-couteau-palestinien-et-les-messages-de-haine/